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Le trafic d’organes en Haïti : une réalité troublante que les autorités peinent à maîtriser

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De plus en plus, le trafic d’organes commence à attirer l’attention des citoyens et même des autorités. Bien que ce sujet reste encore peu documenté, des témoignages alarmants et des incidents récents révèlent une sinistre réalité qui s’installe progressivement au cœur de la crise haïtienne. Malgré l’indignation grandissante de la population, la Police Nationale d’Haïti (PNH) semble étrangement silencieuse face à ces nouveaux abus perpétrés par les bandes armées, accentuant le sentiment d’impuissance et de désespoir.

Les gangs en Haïti ne sont pas une nouveauté, mais leur emprise sur le pays s’est considérablement renforcée au fil des décennies. De simples groupes criminels dispersés, ils sont devenus des acteurs puissants contrôlant des pans entiers de la capitale, Port-au-Prince, ainsi que des zones périphériques comme Cité Soleil et Canaan. Leur influence économique et territoriale croissante, appuyée par des réseaux politiques et des secteurs privés corrompus, leur a permis de diversifier leurs activités illicites.

Au-delà des enlèvements et du racket, les gangs ont récemment ajouté à leur répertoire des crimes beaucoup plus sombres, dont le trafic d’organes. Ce commerce macabre, qui semble émerger dans les zones les plus touchées par l’instabilité, est un nouveau signe de la sophistication de ces organisations criminelles.

Témoignages troublants : des cadavres mutilés

Les premières preuves de ce trafic ont été rapportées par des habitants de Cité Soleil et Canaan, où des corps mutilés, privés de leurs organes vitaux, ont été retrouvés dans les rues. Les témoins évoquent des victimes enlevées et dont les restes ont été abandonnés après ce qui semble être une extraction d’organes. Ce phénomène, bien que localisé, soulève des questions profondes sur l’implication de certains hôpitaux et cliniques clandestines dans ce commerce. Des sources médicales ont affirmé sous couvert d’anonymat que certaines de ces installations, contrôlées par les gangs, sont non seulement utilisées pour soigner les membres des bandes armées, mais aussi pour prélever des organes sur des personnes kidnappées.

Face à ces révélations macabres, la population haïtienne s’interroge sur le rôle des autorités, notamment de la Police Nationale d’Haïti, qui semble adopter une posture de non-intervention. Le silence de la PNH face à ce crime en expansion pourrait s’expliquer par la corruption qui gangrène ses rangs. Des liens entre des membres des forces de l’ordre et certains gangs ont souvent été évoqués dans divers rapports, alimentant la méfiance envers l’appareil sécuritaire haïtien.

Au sommet de l’Avenir  au siège des Nations Unies le 23 septembre, le conseiller-présidentiel, Leslie Voltaire, a fait état de ce trafic que les autorités peinent à maîtriser. « Haïti, dit-il, est confronté à une crise multiforme qui menace les fondements mêmes de l’État. La crise sécuritaire alimentée par un trafic d’organes, de drogues, d’armes et de munitions greffés sur une crise humanitaire appellent une  solution urgente des autorités haïtiennes avec l’aide de la communauté internationale ».

Un crime organisé transnational

Ce trafic d’organes en Haïti s’inscrit dans un schéma plus large de criminalité transnationale. Selon des analystes internationaux, des gangs haïtiens sont potentiellement en réseau avec d’autres organisations criminelles dans la région, facilitant ainsi l’exportation d’organes vers des marchés internationaux où la demande est forte. Cette connexion avec des réseaux transfrontaliers pourrait expliquer la sophistication croissante de ces pratiques, notamment dans l’enlèvement et la dissimulation des corps.

L’inaction apparente des autorités haïtiennes face à ce phénomène n’est pas seulement un signe de la faiblesse de l’État, mais reflète également la profondeur de la crise socio-politique actuelle. Les habitants des zones les plus touchées continuent de vivre dans la peur, pris en étau entre des gangs toujours plus violents et un gouvernement incapable de rétablir l’ordre.

Des organisations locales et internationales ont appelé à une action urgente pour stopper cette escalade. Des mesures telles que le renforcement des contrôles aux frontières et la surveillance des hôpitaux suspectés ont été suggérées, mais jusqu’à présent, peu de progrès tangibles ont été réalisés.

L’urgence d’une réponse

Alors que de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer le trafic d’organes en Haïti, la réponse des autorités demeure insuffisante. Ce silence complice risque de renforcer l’impunité dont jouissent les gangs, qui étendent progressivement leur contrôle sur tous les aspects de la vie quotidienne haïtienne. Si des actions concrètes ne sont pas prises rapidement, la situation pourrait s’aggraver, plongeant le pays dans une nouvelle phase de terreur et de désespoir.

Hector Marcoslev

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