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Les cas d’enlèvement explosent pour le premier trimestre de l’année  2023, le CARDH fait le point !

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Les cas d’enlèvement ne cessent d’augmenter dans le pays. 389 enlèvements ont été recensés pour le premier trimestre de 2023, soit une augmentation d’un peu plus de 173% par rapport à celui de 2021 et de 72 % par rapport à celui de 2022 au cours desquels 142 et 225 enlèvements ont été respectivement recensés, a fait savoir un bulletin rendu public par le Centre d’Analyse et de Recherche en Droits de l’Homme ( CARDH) le 4 avril 2023.

L’insécurité est aujourd’hui l’un des fléaux empêchant le bon fonctionnement de la société. Elle empêche également la circulation des personnes et des biens à travers le pays. L’État perd de manière progressive le contrôle de certains territoires. Et pour le premier trimestre de l’année 2023, le pays fait face à une augmentation importante des cas d’enlèvement.  

Selon le Centre d’Analyse et de Recherche en Droits de l’Homme (CARDH),  « trois-cent-quatre-vingt-neuf (389) enlèvements ont été recensés pour le premier trimestre de 2023, soit une augmentation d’un peu plus de 173% par rapport à celui de 2021 et de 72 % par rapport à celui de 2022 au cours desquels 142 et 225 enlèvements ont été respectivement recensés ». Parmi les individus kidnappés, il y a « vingt-neuf (29) ressortissants étrangers (trois pays) contre 40 pour celui de 2022 (neuf pays), une diminution de 27% ».

L’augmentation des cas d’enlèvement : quels en sont les raisons ?

Pour expliquer la remontée des cas d’enlèvement, le CARDH prend en compte plusieurs facteurs. D’abord  « le besoin de compenser une perte financière énorme en raison des sanctions bilatérales et celles multilatérales en perspective (Nations Unies) visant des personnalités, tant au niveau du secteur privé qu’au niveau de la classe politique, qui soutiennent directement ou indirectement les gangs ». Le CARDH précise par exemple qu’« une seule entreprise pourrait régulièrement verser entre 30 à 50 mille dollars américains par mois à un chef de gang, en dehors des biens et services qu’il bénéficie ainsi que le payroll mensuel destiné à chaque groupe armé du G9 et du GPEP ».

Cette industrie criminelle « florissante », explique le CARDH, rapporte des millions de dollars américains, dont une partie va au marché d’armes et de munitions et au circuit du blanchiment d’argent, perdrait donc une importante source qui pourrait la paralyser.

À en croire le CARDH, cette réalité a des conséquences sur le terrain. « Cette réalité va donc imposer de nouvelles alliances au-delà de la rivalité existante entre certains groupes armés et du fait que d’autres chefs souhaitent une plus grande influence et avoir plus de territoires », ajoute-t-il en soulignant par ailleurs que « le CARDH n’affirme pas que toutes les personnes déjà sanctionnées finançaient les gangs ».

 L’autre facteur sur lequel le CARDH a mis l’accent concerne « le contexte électoral ». Selon cette organisation, « les sanctions économiques adoptées à l’encontre de certains secteurs qui, traditionnellement, financent une importante partie des activités électorales pourraient être considérées comme un angle d’analyse de l’augmentation du nombre de kidnappings, si l’on tient compte du rôle de l’argent illicite/ sale dans les élections en Haïti ».  Conséquemment, dit le CARDH, il y aurait un besoin de combler ce manque en précisant qu’il n’affirme pas  que tous les candidats/politiques utilisent l’argent sale.  

Pour le CARDH, la lutte au sein du haut commandement de la Police Nationale d’Haïti est aussi un facteur. « […] Des directeurs ont vu leur plan et stratégies « sabotés » ; des postes seraient « convoités » ; certains haut-gradés auraient des affiliations politiques et travailleraient pour d’autres secteurs, absence de cohésion et de confiance », explique le document. « Le rapport du service départemental de renseignements relatif à l’assassinat des sept (7) policiers le 25 janvier 2023 à Liancourt affirme que ce drame a été commandité par des hauts gradés de l’institution. Ce rapport ferait foi jusqu’à ce que celui de l’inspection générale (IGPNH), commandé par la direction générale (DGPNH), trouve le contraire », poursuit-il.

De nouvelles zones intégrant le « marché » est  le quatrième et le dernier facteur mis exergue par le CARDH pour expliquer l’augmentation des cas d’enlèvement dans le pays. De « nouvelles alliances sont créées pour étendre l «’industrie » du kidnapping en créant de nouveaux axes, soit pour faciliter les enlèvements ou pour avoir de nouvelles zones de séquestration», affirme le CARDH. Il précise que le « Haut » Bel-Air, dirigé par l’évadé de prison Sanon Kempès, devient une zone de transit où environ une vingtaine d’enlèvements ont eu lieu pour le premier trimestre de 2023.

Dépolitisation de la sécurité de la population

Le CARDH plaide pour la dépolitisation de la sécurité de la population. « Face à la cruauté des gangs, leur stratégie de renforcement et d’encerclement, leur tendance vers l’autonomisation, la sécurité doit être détachée du binôme pouvoir (logique de renforcement pour certains) et opposition politique sous une forme ou une autre qui s’y oppose (politique traditionnelle axée sur le sang, la violence, la misère…), dans ce contexte de lutte immédiate pour la prise du pouvoir ou en perspective des prochaines élections ».

Par ailleurs, entre ces deux extrêmes, le CARDH suggère qu’il faut une véritable force sociale capable de construire un discours équilibré, non politique, afin d’aider la communauté internationale à sortir  de ses promesses, conférences, etc.Sinon les gangs contrôleront toute la capitale avec toutes les conséquences que cela implique (politiques, sociales, économiques…). Et cela, craint le CARDH, pourrait donner lieu à une guerre civile sous le regard d’une « élite » politique, économique et intellectuelle entièrement irresponsable et une coopération internationale passive.

Jackson Junior RINVIL           

rjacksonjunior@yahoo.fr

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