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Les enfants face à l’escalade des violences en Haïti : Entre traumatisme et désespoir

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La crise violente qui appauvrit de jour en jour le pays continue d’hypothéquer le bien-être et l’avenir des enfants. Selon des professionnels en santé mentale, les scènes de violence récurrentes ont de graves répercussions sur la psyché des enfants.

Les enfants sont témoins au quotidien des actes de cruauté perpétrés par les bandits. Des individus armés kidnappent, violent, tuent les gens sous leurs yeux. Face à ce chaos, les enfants sont devenus plus vulnérables. « Les enfants exposés à des scènes de violence peuvent subir des conséquences graves sur leur santé mentale et leur rendement académique », révèle à Le Quotidien News Leonne Milfleur, psychologue, défenseure des droits de l’enfant.

Accès à l’éducation menacé

Si le pain de l’instruction est un droit fondamental qui assure l’avenir des enfants, en Haïti, les gangs armés veulent à tout prix les priver de ce droit. En effet, les écoles fonctionnent par intermittence à cause de l’insécurité grandissante qui paralyse presque tous les secteurs d’activité. L’année scolaire 2023-2024 est censée être gâchée, car la majorité des écoles ne fonctionnent pas depuis plus de deux mois dans plusieurs zones de l’aire métropolitaine de Port-au-Prince surtout.

En 2022, un rapport de l’UNICEF a fait état de 500 000 enfants qui ont perdu l’accès à l’éducation en raison de la violence des gangs. De plus, d’après les données recueillies par la Protection de l’Enfance et des Violences Basées sur le Genre, 2 701 cas de violences sexuelles ont été signalés entre janvier et novembre 2023, dont 1 895 impliquaient des enfants. Au moins 167 garçons et filles ont été tués ou blessés par balles. Selon l’UNICEF, en 2024, deux enfants sur trois ont besoin d’une aide humanitaire en Haïti. Ces chiffres montrent combien les enfants sont victimes de cette crise généralisée.

Selon la psychologue, les traumatismes liés à la violence « peuvent entraîner des difficultés scolaires et susciter des réactions au stress délétères. Les enfants peuvent avoir du mal à se concentrer, à gérer leurs émotions et à maintenir leur rendement académique ».

Entre traumatisme et désespoir

Les enfants exposés ou victimes de violences, qu’elles soient physiques, psychologiques ou sexuelles, peuvent développer des traumatismes. « Ces expériences traumatisantes peuvent avoir un impact à long terme sur leur santé mentale et physique, ainsi que sur leur développement, leur vie affective, leur scolarité et leur insertion sociale et professionnelle. D’autant plus que ces traumatismes peuvent entraîner des problèmes émotionnels et comportementaux, notamment de l’anxiété, de la dépression et d’autres problèmes de santé mentale. Les enfants peuvent également adopter des comportements à risque tels que la consommation de drogues, d’alcool et des comportements sexuels à risques », explique-t-elle.

Mme Milfleur reconnaît que le déni, la loi du silence et la méconnaissance de l’impact à long terme de ces violences font que les enfants restent souvent abandonnés, sans protection, sans soins, ni accès à la justice. Cela peut entraîner une vulnérabilité accrue et des inégalités. En ce sens, il est crucial de sensibiliser les professionnels de santé, les enseignants et les parents à ces problématiques et de mettre en place des mesures de prévention et de prise en charge pour protéger la santé mentale des enfants exposés ou victimes de violences.

Les médias en ligne ont des effets néfastes sur le bien-être des enfants

Les médias en ligne sont des outils de communication essentiels pour se former et s’informer en temps réel. Cependant, le manque d’éthique de certains médias peut contribuer à l’intensification des traumatismes subis par les enfants. Selon les psychologues, les médias ont une influence considérable sur la santé mentale des enfants. « En effet, l’exposition constante à des images idéalisées et à la comparaison avec les autres peut contribuer à l’anxiété, à la dépression et à la baisse de l’estime de soi. Les enfants sont souvent exposés à des images choquantes, violentes ou effrayantes sur les médias sociaux. Ces images peuvent réactiver des souvenirs d’événements traumatiques antérieurs et augmenter la détresse émotionnelle des jeunes », affirme la jeune formatrice en santé mentale.

Il faut dire que « les médias diffusent rapidement des informations sur des événements tragiques tels que le kidnapping, les actes de violence commis par les gangs. Les enfants peuvent être exposés à ces nouvelles de manière répétée, ce qui peut renforcer leur traumatisme initial », fait-elle savoir, soulignant qu’il est essentiel que les parents et les éducateurs surveillent attentivement l’utilisation des médias sociaux par les enfants et les aident à développer des compétences pour gérer ces plateformes de manière saine et sécurisée.

Assister les enfants pendant les crises : une étape cruciale pour le développement de leur potentiel

Aider les enfants à surmonter les moments de crise est fondamental pour leur bien-être émotionnel et leur développement. Car pendant les périodes de turbulences, les endroits publics, les coups de feu, les barricades dans les rues, sont des environnements stimulants qui sont effrayants pouvant provoquer des crises chez l’enfant. Mme Milfleur affirme que « les crises et les colères sont des décharges émotionnelles importantes chez les enfants. Dès l’âge de 2-3 ans, ils commencent à exprimer leur besoin d’indépendance et d’autonomie. Le cortex préfrontal, qui régule les émotions et la maîtrise de soi, se développe rapidement à cet âge ».

Face à cette situation, la psychologue conseille aux parents d’accompagner les petits dans ces moments difficiles. « Les parents doivent comprendre les décharges émotionnelles de leurs enfants et leur expliquer la réalité. Essayez de comprendre leurs émotions et proposez des alternatives pour les apaiser. Écoutez-les et décodez ce qui se passe pour eux. Il est très important de changer d’atmosphère en proposant des activités différentes comme les jeux traditionnels ou ordinaires. Il faut apprendre à leur enseigner des moyens de se calmer en leur apprenant des techniques comme compter jusqu’à dix, lire un livre, parler à un ami, entre autres ». Toutefois, il faut se rappeler que chaque enfant est unique, et il est important d’adapter ces conseils en fonction de sa personnalité et de ses besoins spécifiques.

Marie-Alla Clerville

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