Les États-Unis désapprouvent les vols charters vers le Nicaragua et menacent de sanctionner les organisateurs
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Les États-Unis continuent d’être un EL Dorado pour une multitude de migrants dans la région. À Cuba et en Haïti, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont déjà profité des vols charters vers Managua, capitale du Nicaragua, dans l’espoir, pour la plupart, de rejoindre les États-Unis d’Amérique. Une manœuvre découragée par les autorités américaines qui annoncent de possibles sanctions pour les organisateurs.
Depuis le mois d’août, ce ne sont pas moins de 31 000 Haïtiens qui ont déjà atterri au Nicaragua, profitant de cette ouverture. Face à la crise dans le pays, et surtout en raison de l’insécurité à Port-au-Prince et dans diverses villes de province, tous les moyens semblent être bons pour quitter le pays. Déjà le lundi 30 octobre dernier, c’est l’Office National de l’Aviation Civile (OFNAC) qui a été obligé de suspendre temporairement toutes les opérations de vols charters d’Haïti vers Managua. Cette suspension, sans préavis, a été un choc pour des milliers de Haïtiens qui avaient déjà déboursé plus de 3 000 dollars américains pour le voyage.
Selon Laurent Joseph Dumas, Directeur Général de l’OFNAC, cette mesure n’était que temporaire, et elle visait simplement une meilleure organisation des vols. « Il y a de grandes préoccupations au niveau de la sécurité, du confort, de la logistique, etc. Il y a un grand désordre qui se fait actuellement. Le secteur aéronautique et le désordre ne font pas bon ménage », avait-il alors déclaré.
Les États-Unis se disent inquiets
Si les États-Unis avaient lancé le Humanitarian Parole, « Pwogram Biden », c’était pour que, disaient-ils, les migrants cessent d’y arriver illégalement. Cependant, des dizaines de milliers de citoyens s’impatientent, et ont recours à ces vols charters. Brian Nichols, Secrétaire d’État adjoint pour l’hémisphère occidental des États-Unis, se dit préoccupé par cette situation. « Nous sommes préoccupés par les informations faisant état d’une augmentation spectaculaire des vols charters vers le Nicaragua qui facilitent l’émigration irrégulière de Cuba et d’ailleurs vers les États-Unis. Personne ne devrait bénéficier du désespoir des migrants vulnérables, ni passeurs, ni entreprises privées, ni agents publics, ni gouvernements », a-t-il fait savoir sur X (anciennement Twitter).
Les États-Unis prévoient déjà un régime de sanctions à l’encontre des organisateurs de ces voyages. « Nous explorons toute la gamme des conséquences possibles pour ceux qui facilitent cette forme de migration irrégulière. Nous continuons d’exhorter à utiliser des itinéraires sûrs et légaux », a déclaré Brian Nichols sur X.
De son côté, Eric Stromayer, Chargé d’Affaires des États-Unis, dans une vidéo publiée sur Youtube, a lui aussi déconseillé aux Haïtiens d’emprunter cette voie. « J’invite les Haïtiens à réfléchir lorsqu’ils tentent d’utiliser cette voie si dangereuse », a-t-il déclaré. Selon le diplomate américain, les États-Unis d’Amérique ne vont pas ouvrir la voie aux Haïtiens qui empruntent cette route. « Nous expulserons toutes les personnes arrêtées qui chercheraient à entrer illégalement aux États-Unis par voie terrestre et elles n’auront plus le droit d’entrer aux États-Unis par des moyens légaux », a-t-il expliqué.
Tandis que la situation se complique de ce côté, les bénéficiaires du « Humanitarian Parole » continuent d’entrer aux États-Unis. Pas moins de 240 000 personnes en ont déjà profité au 31 octobre 2023, dont 85 258 Haïtiens.
Clovesky André-Gérald PIERRE