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L’Université Quisqueya et l’Université Panthéon Sorbonne se penchent sur la crise en Haïti

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Lors d’une conférence ayant eu lieu le 4 mars 2023 à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, plusieurs professeurs, parmi eux le Professeur Jacky LUMARQUE, Recteur de l’Université Quisqueya à Port-au-Prince, ont décrypté, entre autres,  la crise haïtienne et les grands défis mondiaux.

Sous le thème « Divorce géographique violent entre l’Homme et sa planète tellurique : Médiation et Mitigation High Tech », cette conférence a regroupé les professeurs Jacques NESI, Bénédique PAUL, Berg P. HYACINTHE, Paul ARCELIN, Jean-Marie THÉODAT, mais aussi des invité spéciaux, les professeurs Jacky LUMARQUE et Yacine AMIRAT.

D’emblée, pour le professeur Paul ARCELIN, il a été question de rappeler l’état inquiétant dans lequel vit le pays depuis bientôt quatre ans, avec une crise de sécurité qui ne cesse de s’aggraver. « Actuellement, 60% de la capitale de notre pays, Port-au-Prince, ce sont les gangs qui la dirigent…Le chef de la police de la République d’Haïti est obligé de vivre dans une chambre d’hôtel à Port-au-Prince parce qu’il a peur », a expliqué le professeur Paul ARCELIN, ancien Ambassadeur d’Haïti en République Dominicaine.

Également, la corruption qui sévit dans le pays a été un thème abordé, en particulier la dilapidation des fonds PetroCaribe. Pour l’ancien diplomate, ses expériences dans la politique haïtienne lui ont appris que la corruption est partout dans l’administration publique. « Depuis cinquante ans, je vis dans la corruption. J’ai vécu dans la corruption. J’ai vu évoluer ces dirigeants, ils ne pensent qu’à une seule chose : voler, voler, voler », a déclaré le professeur ARCELIN.

De son côté, le Professeur et politologue Jacques NESI, intervenant sous le thème « Coopération internationale et luttes contre la corruption : les soupçons d’un traitement partisan marqué par la logique de puissance », n’a pas cessé de rappeler l’impunité dont jouissent les agents de la corruption en Haïti, sous le regard complice de la communauté internationale lorsque la situation n’est pas en leur défaveur. « On peut soupçonner les puissants quant au traitement partisan qu’ils font de la lutte contre la corruption », a-t-il soutenu.

Gouvernance dans le chaos, le Recteur Jacky LUMARQUE en parle

Intervenant via une plateforme en ligne, le professeur Jacky LUMARQUE de l’Université Quisqueya a témoigné de ses expériences en Haïti ces dernières années où la situation devient de plus en plus chaotique. Pour le professeur de mathématiques, l’état dans lequel évolue le pays est chaotique. « Haïti, aujourd’hui, est sous l’emprise d’une sorte d’état d’agitation sociale dans lequel règne le désordre, la confusion, la violence. Un état surtout imprédictible pouvant déboucher sur n’importe quoi avec la perte de contrôle des pouvoirs publics sur les événements, l’incapacité de prévenir, d’empêcher et de sanctionner les écarts et les démesures ».

« Quand des bandits prennent possession d’un commissariat de police pour y mettre le feu ; quand ces bandits ravissent des écoliers dans la cour même de l’école ; quand ils kidnappent un entrepreneur dans son bureau, un ancien ministre dans son jardin ; quand ils chassent plus de trois ministres de leurs résidences, les obligeant à prendre logement dans un hôtel ou chez un proche ; quand les bandits prennent le contrôle de la plus grande partie du territoire de Port-au-Prince ; quand ils organisent en même temps le péage des véhicules et la taxation des entreprises et des habitants sous leurs juridictions tout en continuant à voler, violer, piller et massacrer des citoyens paisibles en toute impunité, alors là vraiment, j’ai tendance à capituler pour reconnaître que nous sommes en plein chaos », a-t-il affirmé lors de cette conférence.

Selon M. LUMARQUE, cette situation n’est pas nouvelle, le pays fonctionne de façon anormale, même en dehors d’une crise. « Hors de toute crise, il nous est donné de faire le constat suivant dans le cas d’Haïti : les institutions sont faibles, dans le public comme dans le privé ; le cadre légal et règlementaire du pays est déficient, inadapté et obsolète dans un grand nombre de temps ; les autorités sont incapables de faire appliquer les lois existantes et de garantir le respect des contrats ou des décisions de justice, c’est pourquoi l’impunité est devenue une composante presque intrinsèque du fonctionnement de notre système judiciaire ; les marchés ne fonctionnent pas de manière efficace puisque certaines entreprises peuvent mobiliser les appareils d’État à leur profit exclusif, contre leurs compétiteurs ; le secteur public n’est pas géré de façon responsable et efficace et le cadre de décisions publiques n’est ni prédictible, ni transparent, ce qui augmente l’incertitude des investisseurs… », a-t-il fait savoir.

Clovesky André-Gérald PIERRE

cloveskypierre1@gmail.com

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