L’Université Quisqueya jette un regard sur les richesses de la mer qui sont les nôtres
4 min readÀ l’occasion du 80ème anniversaire de la naissance de l’illustre agronome Jean André Victor, l’Université Quisqueya a organisé une conférence-débat autour de la mer comme source de richesses. L’occasion a été d’explorer ce vaste trésor dont le pays pourrait profiter davantage.
Engagé dans la cause de l’environnement , Jean André Victor a voué une bonne partie de sa vie à cultiver sa proximité avec la nature, comme s’est plu à le présenter le Recteur de l’Université, Jacky Lumarque. « Jean André Victor incarne le profil du militant écologiste », a-t-il déclaré. Aussi, à mesure que le Recteur retraçait son parcours, on comprenait mieux pourquoi une telle conférence était organisée à l’occasion de son anniversaire. En effet, après des études à la Faculté de Droit et des Sciences Économiques (FDSE) et à la Faculté d’Agronomie et de Médecine Vétérinaire (FAMV), l’actuel octogénaire ne s’est pas arrêté en chemin: il a entrepris une maîtrise en sciences de l’environnement à l’université de Costa-Rica, puis un doctorat en Droit de l’environnement, en France.
Dès sa thèse de doctorat, l’agronome faisait déjà montre de son intérêt pour la mer. Sa thèse porte en effet sur la protection de la biodiversité dans la mer des Caraïbes. C’est ce profil qu’il présente, qui fait qu’il anime, à l’occasion de son anniversaire, une conférence-débat autour du thème : « La mer, source de richesses inexploitées ».
Si le parcours de Jean André Victor est scintillant, le Recteur de l’Université, lui aussi, semble concerné par le problème de l’environnement. En effet, en plus de l’admiration dont il fait montre en retraçant, le chemin parcouru par l’octogénaire, il évoque avec une aisance manifeste l’idée d’exploiter les ressources maritimes du pays. En effet, il ne s’est pas contenté d’introduire Jean André Victor, il a aussi exploré à plusieurs niveaux cette richesse que nous offre la mer, que nous négligeons.
« On parle d’exploiter la terre, chez nous, environ 27000 Km2, or, nous avons cette ressource abondante qu’est la mer. Et nous n’en parlons jamais », regrette-t-il. Il continue en expliquant que l’économie bleue est cette économie dont la finalité est d’exploiter les ressources de la mer, dans la perspective de créer des richesses. « En ce qui nous concerne, en Haïti, nous pouvons observer qu’il y a un grand décalage entre les potentialités qu’offrent les ressources maritimes, et ce que nous faisons comme investissement publique, ce que nous manifestons comme intérêt, pour tirer parti de ces ressources », indique Jacky Lumarque.
La plaidoirie du Recteur ne s’arrête pas là, il continue en parlant de notre littoral, qu’il décrit comme étant un corridor de côtes d’environ 1700 km. Jacky Lumarque insiste: « Ces 1700 km de côtes placent Haïti au 57ème rang mondial, devant la République Dominicaine ». Il évoque aussi le courant Nord Équatorial, qui conduit dans les eaux marines haïtiennes plusieurs espèces de poissons pélagiques et il cite : les thons, les sardines, les harengs… « Ce sont des espèces grégaires. Ils viennent en bancs. Aussi, une prise de ces espèces est une aubaine et cela explique que des bateaux étrangers s’installent dans nos eaux territoriales et procèdent à la pêche industrielle, sans autorisation de l’État », explique-t-il.
Tout en insistant sur le fait que les richesses du pays ne s’arrêtent pas à la terre, le Recteur de l’UniQ réclame une action énergique dans le secteur de la pêche. « Il y a d’abord l’augmentation des capacités logistiques des pêcheurs. Ce ne sont pas des bateaux artisanaux, ne pouvant pas se déplacer en haute mer, qui permettront de profiter de ces bancs de poissons pélagiques qui débarquent chez nous de façon migratoire », regrette-t-il. Il réclame aussi des moyens de conservation et de distribution, outre des formations dans les métiers de la mer.
Tout cet engagement n’est, visiblement, pas feint, puisque l’UniQ serait présent depuis des années dans le secteur aux côtés des pêcheurs. L’Université aurait, selon le Recteur, aidé une association de pêcheurs à organiser 3 festivals de la pêche. En ces occasions, des conférences et des activités sont organisées pour la promotion de la formation.
Ketsia Sara Despeignes