L’Université Quisqueya lance un « Observatoire des industries Culturelles et Créatives – Haïti »
5 min readLe 31 mars 2022, dans l’auditorium de son Centre de Conservation des Biens Culturels (CCC), et en présence de nombreux partenaires et de personnalités de la vie nationale, l’Université Quisqueya a lancé officiellement l’Observatoire des Industries Culturelles et Créatives (OICC). Elle entend « prendre le secteur culturel et artistique comme sujet d’intérêt, comme objet d’information et favoriser la recherche dans ce secteur ».
Consciente du manque d’encadrement technique, financier et scientifique dans le secteur culturel haïtien, l’Université Quisqueya, après avoir créé son « Centre de Conservation des Biens Culturels », a pris l’initiative de mettre sur pied l’Observatoire des Industries Culturelles et Créatives (OICC) en Haïti. À ses côtés, se sont engagés des partenaires tels que la Délégation de l’Union Européenne en Haïti, l’ONG brésilienne « VIVA RIO » et Chantiers du Sud.
Des personnalités comme le directeur de la Bibliothèque Nationale d’Haïti, Dangélo Néard, la Ministre du Tourisme, Luz Kurta Cassandra François, la Ministre de la Culture et de la Communication, Émmelie Prophète Milcé, le chef de cabinet du Recteur de l’Université Quisqueya, Cliford Jasmin, ont pris part à la cérémonie de lancement le 31 mars 2022 à l’Université Quisqueya. Mme Milcé a annoncé que son ministère va coopérer, ainsi que d’autres entités de l’appareil d’État, tandis que le groupe musical « Yzrael Band » a assuré une animation culturelle sans égale lors de cette activité.
Des artistes haïtiens, des écrivains, des monuments, des créations et coutumes culturelles réussissent à se faire connaître dans le monde, alors qu’ici dans le pays, les encadrements se font rares. À en croire le Recteur de l’Université Quisqueya, dans son discours lu par son chef de cabinet Cliford Jasmin, le pays ne sème pas, mais récolte quand même, sans efforts, le fruit des travaux des producteurs haïtiens de biens culturels.
Observer pour comprendre et agir efficacement
Au-delà du pouvoir que procure la force, le monde est aujourd’hui largement influencé par le « soft power ». La culture, les idéaux, ainsi que l’image projetée vers l’extérieur constituent une force, permettant aux grandes nations de s’élever, de s’assumer et de s’affirmer à la face du monde. Pour l’Université Quisqueya d’Haïti, cette initiative a pour objectif de faire des industries culturelles et créatives un « soft power » qui permettra au pays de se faire sa place sur la scène mondiale.
Le Recteur Jacky LUMARQUE voit dans la culture haïtienne « un domaine qui, s’il est considéré à sa juste valeur, pourrait peser de tout son poids dans l’économie nationale et porter notre rayonnement au-delà de nos frontières ». « Si l’on veut d’ailleurs parler de « soft power » dans le cas d’Haïti, la culture demeure un passage obligé, un choix stratégique à faire », selon lui.
L’ambition de l’OICC est de parvenir à un niveau de prise en charge des industries culturelles et créatives où le pays pourra prendre part au marché juteux de ce qu’il convient d’appeler l’économie orange. Parlant de ce projet, Cliford JASMIN, en charge de l’OICC, affirme qu’il s’agit ici pour l’Université de « prendre le secteur culturel et artistique comme sujet d’intérêt, comme objet d’information et de favoriser la recherche dans le secteur ».
L’OICC entend travailler en suivant trois étapes. D’abord, il s’agira d’observer en menant « des enquêtes et en collectant des données sur le secteur culturel ». Ensuite comprendre les faits culturels observés de manière scientifique : « Produire des analyses sur le secteur culturel afin de le doter de son propre tableau de bord ». Puis, viendra finalement le moment d’agir en accompagnant « les prises de décisions et les actions dans le secteur culturel à partir des données fiables, utiles pour les investissements publics et privés ».
La Ministre de la Culture entend miser sur la création de contenus
Prenant part à cette activité, la Ministre chargée du portefeuille de la Culture a plaidé en faveur d’un encadrement des créations culturelles dans le pays, ce qui serait, selon elle, une importante source de revenus pour le pays. Créer du contenu et le vendre au monde, la Ministre Milcé y voit à la fois une marche conduisant vers une revalorisation et un encadrement des industries culturelles et créatives, mais plus important encore, une opportunité pour les créateurs de biens culturels de jouir des fruits de leurs travaux, en particulier en ce qui a trait au droit d’auteur.
« … Créer une émission pour la télévision, un contenu, et faire en sorte que ce contenu soit exploité, que ce contenu crée des emplois ». C’est à travers ces termes que la Ministre de la Culture et de la Communication a illustré sa vision pour les industries culturelles et créatives. Selon elle, les questionnements se portent autour de la production des contenus, « pour que les Haïtiens puissent se voir à la télévision, pour qu’il y ait des contenus qui parlent de nous-mêmes, des contenus qui puissent créer des emplois pour lesquels les auteurs et autrices pourront avoir des droits qui rapportent de l’argent et aussi créer une chaîne économique, et permettre à cette économie d’émerger effectivement ».
Selon la Ministre, la création des contenus est vitale, et l’Observatoire des Industries Culturelles et Créatives devra se questionner sur « comment indiquer le chemin de vertu à ceux et celles qui ont des intentions ou qui sont déjà dans cette dynamique de création de contenus tellement vitale ». Dans cette optique, elle appelle l’OICC à œuvrer pour la culture comme vecteur de développement.
La Ministre de la Culture a bien salué cette initiative. « Cet observatoire est une excellente idée. Nous allons suivre, nous allons être partenaires, nous allons être parties prenantes et nous allons aussi, à travers le Bureau Haïtien du Droit d’Auteur, continuer à dire que les droits d’auteurs et le Ministère du Commerce aussi évidemment, sont essentiels pour l’équilibre de la création, pour pouvoir maintenir la créativité, mais aussi pour la communauté toute entière », promet la Ministre de la Culture.
Clovesky André-Gerald Pierre
Cloveskypierre1@gmail.com