Makendy Saint-Juste participera au Championnat du monde du Jeu de Dames avec le support de l’Université Quisqueya
4 min readInvité à prendre part au Championnat du monde du Jeu de Dames qui aura lieu en Estonie du 27 juin au 15 juillet 2021, Makendy Saint-Juste n’a pas pu compter sur le support de la Fédération Haïtienne du Jeu de Dames ni sur celui d’autres autorités concernées. C’est finalement c’est l’Université Quisqueya et son Recteur Jacky Lumarque qui supporteront le joueur. Pourtant, le parcours du jeune homme en fait quelqu’un de très prometteur.
Lorsqu’il a reçu l’invitation pour ce Championnat du monde, Makendy Saint-Juste déclare avoir contacté plusieurs médias qui n’ont manifesté aucun intérêt pour la question. Cette indifférence a été observée aussi du côté des autorités et la requête du joueur n’a connu aucun suivi. L’ancien Premier Ministre, Joseph Jouthe, a été l’un des rares qui auraient répondu à l’appel du jeune homme ; il lui aurait promis de l’aider à médiatiser la nouvelle. Aussi, remarquant la situation dans laquelle il se trouvait, la Fédération Dominicaine du Jeu de Dames n’a pas hésité à proposer son aide à Makendy Saint-Juste, mais c’est finalement l’Université Quisqueya qui prendra les frais à sa charge.
« Ils connaissent ma valeur, ce que je peux donner. D’ailleurs, en participant au Championnat du monde, je ne fais pas que représenter Haïti, l’Amérique est aussi en lice», déclare-t-il en expliquant le support proposé par la Fédération Dominicaine. Il explique aussi que le Recteur de l’Université Quisqueya, Jacky Lumarque, n’était pas encore au courant de l’histoire. « Il a été très déçu lorsque je lui ai expliqué », confesse-t-il. En effet, selon lui, le Recteur a jugé qu’il n’était pas possible que le représentant d’Haïti soit pris en charge par la Fédération Dominicaine et a regretté de ne pas avoir été mis au courant bien avant.
Selon Makendy Saint-Juste, l’Université Quisqueya est son principal sponsor ; le seul autre est un ami, Archange Giscard Destiné, qu’il désire remercier pour son support psychologique et économique. « Je me sens rassuré maintenant que je sais que le Recteur et l’équipe de l’Université me supportent », déclare-t-il.
Fort de cette assurance, il promet le titre au pays. « Nous les amènerons à nous respecter et à connaître notre valeur », s’échauffe-t-il. Il déclare être toujours motivé à représenter le pays, malgré les difficultés auxquelles il a été confronté. Selon lui, le support accordé par l’UniQ lui prouve qu’il y a encore des gens de valeur et de cœur dans le pays.
Un parcours brillant
Makendy Saint-Juste ne comprend pas pourquoi il se heurte à tant d’indifférence du côté haïtien, il a fait ses premiers pas dans le jeu de dame en Haïti. Originaire du Cap-Haïtien, le joueur est né le 4 février 1994 et a grandi à La Fossette. C’est là qu’il a commencé à jouer aux dames. Il se rappelle ses débuts : « J’ai commencé avec des amis, on jouait avec des capsules de bouteilles de Cola ». Plus tard, il commencera à affronter d’autres jeunes de la ville du Cap-Haïtien. Le fait qu’ils gagnaient souvent fouettait son orgueil et, selon lui, c’est cela qui l’a aidé à avancer.
Le premier coup d’éclat de Makendy Saint-Juste remonte à ses 17 ans, lorsqu’il remporte le championnat national du jeu de dames. À partir de ce moment, son histoire avec le jeu deviendra plus sérieuse. Il a été sacré champion de l’US Open en 2015, lorsqu’il s’est installé aux États-Unis. En 2020, il a remporté un autre championnat organisé en ligne face à plus de 165 participants. « Il y avait diverses nations : des Hollandais, des Russes. Des gens champions du monde à 4 reprises, 2 reprises, des GMI. Ils sont tous passés sous le rouleau compresseur », partage-t-il avec une pointe d’humour.
C’est à partir de ce moment-là que le monde international du jeu de dames découvre son talent. Les États-Unis l’ont alors contacté pour les représenter. Il confesse avoir accepté dans un premier temps au regard de la situation du pays. Toutefois, certains amis et le Recteur Jacky Lumarque lui ont conseillé de représenter plutôt le pays. « Tu as un cadeau de la vie, tu es un génie et une fierté pour le pays. Le chemin sera certes, plus difficile, mais fais don de cette fierté au pays au lieu de l’accorder aux États-Unis, m’ont-ils dit », déclare Makendy Saint-Juste. Un choix qu’il affirme ne pas regretter malgré tout.
Ketsia Sara Despeignes