Marie Roselore Aubourg, une femme qui s’engage au sein de la communauté Grande-Anselaise !
4 min readDepuis environ une trentaine d’années, Marie Roselore Aubourg s’engage dans diverses luttes pour le bien-être de la communauté de la Grande-Anse. Journaliste, politologue, entrepreneure, militante politique et féministe, elle use de ses aptitudes et de ses compétences pour se mettre au service de sa collectivité.
Née le 15 août 1970, à Anse d’Ainault, une commune de la Grande-Anse, Marie Roselore Aubourg est journaliste, politologue et féministe. Joviale, pleine d’énergie et de dynamisme, elle est toujours à l’écoute des autres et toujours prête à tout partager avec son entourage. Elle a grandi pendant les huit premières années de sa vie avec sa mère, puis de 8 à 18 ans avec son père et sa belle-mère, son enfance étant ponctuée à la fois de bons et de mauvais moments. Les évènements fâcheux qui lui sont arrivés ont forgé sa personnalité et l’ont motivée à se battre afin de réussir sa vie.
À l’âge de 7 ans, l’entrepreneure raconte avoir vécu un noir épisode dans sa vie. « Après une forte pluie, je suis allée faire une commission pour ma mère, la curiosité m’a amenée jusqu’à une rivière en crue. J’y ai mis un pied avec l’idée de la traverser sans penser aux dangers qui me guettaient. C’est à ce moment-là que les eaux m’ont emportée et en un clin d’œil je me suis trouvée dans la mer. J’aurais dû y perdre la vie ce jour-là, mais un homme inconnu m’a sauvé. Cette expérience m’a énormément marquée. Mon heure n’était pas arrivée et en grandissant j’ai compris que Dieu m’a gardée en vie pour une mission bien spécifique », a confié Marie Roselore au Journal.
Leader déjà sur les bancs de l’école adventiste de Toussaint Louverture, où elle effectua ses études primaires, Marie Roselore participait à toutes les activités socio-culturelles et était toujours sur le devant de la scène. Poursuivant ses études secondaires au Collège Saint-Raymond, la jeune femme qui se dit être très laborieuse s’est ensuite rendue à Port-au-Prince pour boucler son cycle d’études classiques au CFC. Ensuite, elle s’est intéressée à plusieurs disciplines qui, malgré leur différences, ont un but commun : « Servir la communauté haïtienne ». En effet, elle a entrepris des études en journalisme, en sciences politiques et est actuellement en 3e année de sciences juridiques.
En dehors de tout cela, elle a continué à suivre des formations, notamment en communication politique, en management responsable à l’Université Laval et elle fait actuellement une maîtrise en administration publique à El Shaddai International Christian University. L’actuelle Directrice du Ministère du Commerce et de l’Industrie croit profondément à un changement possible du système politique haïtien et à l’équité de genre. « Je suis convaincue de pouvoir contribuer à l’amélioration de la vie de la population, en particulier des femmes et à la mise en place d’un État de droit et à l’avènement de la justice sociale en Haïti », soutient fermement la politologue et la féministe engagée.
Toujours soucieuse du bien-être des gens, la quinquagénaire s’est engagée auprès de la communauté Grande-Anselaise par le biais de son organisation MOFEDGA, Mouvement des Femmes pour le Développement de la Grande-Anse qui existe depuis maintenant 20 ans. MOFEDGA s’engage auprès des femmes et des enfants en menant plusieurs actions sociales en vue de prévenir et de répondre aux violences basées sur le genre, en favorisant l’autonomie sociale et économique des femmes. Au lendemain du séisme du 14 août 2021, avec le support de ses proches et collaborateurs, elle a pu apporter son aide à la communauté Grande-Anselaise en difficulté.
Ses engagements politiques et sociaux occupent la première place dans sa vie. Finaliste du concours « Konbit pou Chanjman », organisé par la Digicel en 2018, elle a instauré à Anse-Ainault un espace équipé pour la conservation des poissons frais et séchés, grâce à la prime obtenue. Cette initiative a été profitable à plus d’une trentaine de femmes. Toujours dans un but communautaire, Marie Roselore a implanté une station radio à Jérémie afin de former et de sensibiliser le plus possible la communauté sur les thématiques liées au genre.
Durant sa carrière en milieu politique, il n’y a pas eu que des évènements heureux. Les stéréotypes et les stigmatisations liés au genre ont souvent constitué un obstacle pour les femmes évoluant dans ce milieu. « Une des expériences qui m’a beaucoup marquée, c’est en 2016, lors d’une campagne électorale, un groupe de gens constitué majoritairement de femmes, criait très fort : ‘’Nou pap vote fanm paske nou pa konn manje lajan fanm se lajan gason nou konn manje’’. Cette déclaration m’a fortement marquée en tant que femme luttant pour la cause des femmes », confie avec indignation Marie Roselore.
Tous ces obstacles, souligne-t-elle, lui servent de motivation. Entretemps, la quinquagénaire continue de travailler avec la même fougue. Animée de la même passion, Marie Roselore Aubourg continue à lutter pour le respect des droits des femmes, pour l’inclusion de tous dans la société et pour l’intégration des femmes haïtiennes dans les espaces décisionnels, surtout dans la sphère politique.
Leyla Bath-Schéba Pierre Louis
pleyla78@gmail.com