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Mariusca Alphonse chante pour survivre

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Le milieu musical haïtien, aussi controversé qu’il puisse paraître, regorge d’artistes qui veulent s’imposer avec justesse. Avec Mariusca Alphonse, aussi mignonne que tenace, la mélodie est à son comble. Elle dénonce et revendique tout en berçant les cœurs. Avec un objectif peu commun, elle suit les traces de celles qui lui ont ouvert la voie de la musique en y ajoutant son grain de sel.

Née le 4 octobre 1996 à l’hôpital Essaïe Jeanty, Port-au-Prince, Mariusca Alphonse a grandi à la rue Tiremasse au Bel-Air. Orpheline dès son plus jeune âge, elle a vu mourir ses parents alors qu’elle ne comprenait rien à la vie. En 2008, son papa rendit l’âme dans un accident de voiture et en 2009, sa mère hypertendue, décéda à la suite d’un « strock ». À 13 ans, elle fut repêchée par une tante, Marie Eunide Alphonse, une agronome qui la prit en charge auprès de laquelle elle grandit entourée d’amour.

Elle fit ses études à l’école Notre Dame du Perpétuel Secours et au Lycée Alexandre Pétion. Ayant réussi son baccalauréat, elle poursuivit des études en droit, en philosophie et sciences politiques à l’Université d’État d’Haïti (UEH). Cependant, la musique reste et demeure sa plus belle aventure.

« C’est mon père qui m’apprit à chanter. Il m’emmenait à des répétitions de chorales à la Cathédrale et à Notre Dame du Perpétuel Secours. Tout ce qui concerne mon talent vient de mes parents, c’est un héritage qu’ils m’ont laissé», témoigne Mariusca.

 Étant donné sa passion pour la lecture, son cousin Wendy Marcelin lui fit découvrir la FOKAL  (Fondasyon Konesans Ak Libète) alors qu’elle était en 3e. C’est devenu son lieu de repos pour faire face au stress quotidien et participer aux différents débats entamés par les etudiants qui fréquentent l’espace. De là, elle a commencé à  rechercher des textes pour ses différentes compositions qui mettent à nu le calvaire des étudiants.

« Nous ne sommes pas des victimes de la vie. Je ne suis pas victime. Je suis une combattante, une femme forte qui se relève à chaque fois. Je suis destinée à atteindre mes rêves et je me ferai par la musique », déclare la chanteuse avec vigueur.

Le parcours artistique de Mariusca est truffé d’embûches. Impossible de trouver un accord avec les ténors du milieu, elle se trouve à produire seule ses sons et elle écrit elle-même ses textes. Toutefois, elle ne se laisse pas abattre. Les difficultés rencontrées lui servent de témoignages pour renforcer ses textes. N’ayant pas une maison de production ni de staff management qui pourraient tout gérer, elle se produit sur scène avec son talent et sa confiance en elle. Son ami et manager Dieulin Ostavien, qui l’a aidée à intégrer l’univers de la musique l’aide autant qu’il peut malgré son voyage d’études en master de Géographie et Développement. Ils  proposent leurs services dans des activités au sein de l’UEH et de là, elle construit une carrière qui répond aux principes du bien-être pour tous. D’où sa participation au festival Cricastro qui œuvre pour les mêmes causes.

« Avec mon maestro Josué Joseph qui vit au Chili, je m’améliore au fur et à mesure. Il me pousse et m’encourage en m’envoyant des notes vocales à travailler afin de perfectionner ma voix »,  raconte l’artiste.

Entre ses différents talents de chanteuse, d’étudiante, de poétesse, et d’entrepreneure, Mariusca a choisi le chapeau de combattante et de guerrière pour construire  « la fanm djougan » qu’elle se dit être. Mariusca a vu ses demandes accordées après une première prestation réussie à la Faculté d’Ethnologie dans l’activité organisée sur Jean Price Mars et sur les victimes du tremblement de terre du 14 août 2021. Ses comptes sociaux ont été débordés, on la réclamait partout.

Son originalité et sa manière se s’imposer en acoustique avec les styles RnB, le compas et la racine l’ont propulsé sur le devant de la scène. La cour de l’ENARTS, de l’IERAH et le « Jaden Samba » ont su vibrer sous les timbres vocaux de la jeune chanteuse. Elle a même fait de la télé dans les studios de Télé Pacific où elle a bercé les participants de l’émission « Samedi Show ». Rayonnante de joie, l’artiste aux multiples facettes se dit satisfaite de son parcours.

« Sans staff management, je n’avais que ma voix, les étudiants et les internautes pour me supporter. J’ai beaucoup de considération pour ceux et celles qui m’ont accompagnée et qui veulent que Mariusca Alphonse se retrouve  au sommet. C’est à eux, indique-t-elle, que je dois dire merci d’avoir cru en mon talent et mes capacités, peu importe les difficultés, ils savent que je peux percer ».

L’orpheline croit que toute personne aspirant à un désir ou un rêve peut tenir jusqu’au bout. Elle s’est battue corps et âme pour se faire un nom et elle promet de réussir. Avec un album en cours de préparation, elle espère offrir le meilleur d’elle-même. « Lorsque tu n’as personne, tu dois travailler au jour le jour, tu dois t’entourer de gens qui croient en ton talent, en tes valeurs et qui respectent  tous tes principes. Petit à petit, l’oiseau fait son nid », prône la chanteuse à celui et celle qui s’intéresse au monde musical.

Geneviève Fleury

genevievef359@gmail.com

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