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Martissant: l’expression d’un pays sans autorité

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Depuis le début de la semaine, la troisième circonscription de Port-au-Prince se transforme en enfer. Deux gangs d’une même fédération se disputent des territoires de Martissant. Les images sont accablantes.

Petit-Bois et Grand-Ravines reprennent la cadence. Le kidnapping est mis en veilleuse pour se régler des comptes. Le bilan comme d’ailleurs: morts civiles, blessures par balles et population délogée.

La place de Fontamara, nouveau refuge des fuyards. Ils ont dû quitter leurs domiciles in extremis et les mains. Ce qui compte pour eux c’est de rester  en vie. Pour le reste, ils en auront le temps d’en penser.

Le nouveau décor de la place publique en dit long. Une fois sur place chacun droit frayer un petit espace pour se reposer. Ils y créent des tentes de fortunes, pour la plupart, en draps entrecroisés afin de tromper le soleil de plomb le jour et faire face à la pluie la nuit.

Jusqu’au vendredi 4 juin 2021, les gens continuent d’arriver sur cette place. Toute catégorie incluse. Ils ont sauvé leur vie des exactions des seigneurs de la mort sans savoir de quoi vont-ils se nourrir, s’habiller et prendre soin de leurs enfants. Leur asile n’est pas pour demain si l’on se réfère aux habitants de Bel’Air et de La Saline. Si l’on considère aussi l’indifférence des autorités, s’ils en existent encore dans ce pays.

De deuxième avenue Bolosse à Martissant 23, seuls ceux qui ont choisi de mourir ou traverser qui ont osé faire le circuit à pied. Sur le tronçon, le passager doit faire face à deux bandes qui parfois le terrorisent, le bastonne, l’utilise comme bouclier entre autres. Ces groupes de plusieurs dizaines de civils armés d’armes lourdes et automatiques, étaient remarqués, le mercredi 2 juin au niveau de la 5ème avenue et Martissant 19.

Du côté du pouvoir, le silence règne. La zone est abandonnée à la merci des gangs armés  qui font la parade le long de l’artère principale. Face à cette situation inhumaine qui s’installe dans cette zone, la militante des droits de l’homme, Marie Yolène Gilles, appelle la population à la solidarité.

Notons dans la foulée que des cellules du gang « g9 an fanmi alye » ont laissé un lourd bilan derrières elles au Bel’ Air, à La Saline, à Cité Soleil et finalement à Martissant.

Olry Dubois

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