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Mauvaises conditions de travail des ouvriers en Haïti : La POHDH s’alarme

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La Plateforme des Organisations Haïtiennes des Droits Humains (POHDH) a dressé à la fin du mois d’octobre 2023, un rapport sombre sur la situation de travail des ouvriers en Haïti. Elle appelle au respect des droits des ouvriers et ouvrières dans les usines de la sous-traitance dans la zone métropolitaine de la capitale.

Pendant que Haïti plonge dans une crise qui semble sans issue à court terme, les conditions de vie des ouvriers et ouvrières continuent de se détériorer. En effet, les ouvriers  de la sous-traitance sont les plus maltraités. Avec un salaire minimum de 685 gourdes (4.30 dollars) par jour, ils  sont incapables de répondre à leurs besoins et à ceux de leur famille. Malgré plusieurs vagues de mobilisations organisées par ces derniers de 2019-2023 pour exiger une révision de leur salaire et de meilleures conditions de vie, il semble que l’État ne se préoccupe pas de cette situation. En février 2022, le Gouvernement n’a ajouté que 185 gourdes sur le salaire des ouvriers. Alors qu’on assiste à une hausse importante des prix des produits de première nécessité.

« Les ouvrières et ouvriers travaillent dans un environnement pollué par les nuisances sonores et les mauvaises odeurs des canaux proches de certains espaces de travail, qui mettent en péril leur vie. Les toilettes et urinoirs sont généralement en très mauvais état. Très peu d’usines mettent de l’eau purifiée par osmose à disposition pour leurs employé-e-s, le contrôle de qualité n’est effectué que sur l’eau »,  déplore la POHDH en précisant que, dans l’une des usines, un rat mort a été découvert dans le réservoir contenant de l’eau destinée à la consommation.

Selon la POHDH, l’environnement de travail expose beaucoup plus les femmes; elles sont souvent victimes d’harcèlement. Au niveau administratif, les processus de recrutement, de promotion et les règlements des conflits constituent des prétextes pour que les superviseurs ou autres cadres formulent des propositions indécentes ou commentaires déplacés sur les femmes. Les refus conduisent parfois au licenciement, aux réductions des heures de travail ou à des sanctions disciplinaires.

« Les usines, qui disposent d’un service médical pour éviter l’altération de la santé des ouvrières et ouvriers, pour maintenir l’hygiène sur les lieux de travail et procurer des premiers soins en cas d’urgence, fonctionnent de manière très inefficace. Il y en a d’autres qui n’en disposent pas. Les femmes sont sujettes à des risques élevés d’infections, parce qu’elles sont contraintes d’utiliser des toilettes dans de très mauvaises conditions ou encore d’utiliser des morceaux de tissus, en guise de serviettes hygiéniques, qui ne sont pas disponibles en quantité suffisante», indique la POHDH en rappelant que les conditions, dans lesquelles travaillent les ouvrières dans les usines de la sous-traitance, constituent une atteinte à leur dignité et une violation grave de leurs droits fondamentaux.

La POHDH fait appel à l’article 7 du Pacte International relatif aux Droits économiques, sociaux et culturels (PIDESE) qui reconnaît, «le droit qu’a toute personne de jouir de conditions de travail justes et favorables, qui assurent une rémunération, qui procurent une existence décente pour eux et leur famille, la sécurité et l’hygiène du travail, le repos, les loisirs, la limitation raisonnable de la durée du travail et les congés payés périodiques, ainsi que la rémunération des jours de congés ». Ainsi, la POHDH recommande aux autorités compétentes, aux patrons de réformer certains règlements internes des usines afin d’améliorer les conditions de vie des ouvriers et ouvrières dans les usines.

Marie-Alla CLERVILLE

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