MSF alerte sur la sécurité de son personnel soignant et des patients pris en charge dans ses structures
4 min readLes actions des bandes armées ne cessent d’avoir des répercussions négatives sur presque toutes les institutions œuvrant pour le bien-être de la population. Médecins Sans Frontières (MSF) informe dans un communiqué de presse paru ce 24 février 2023 que ses activités rencontrent de graves difficultés suite à une série d’incidents sécuritaires à Port-au-Prince.
Les bandes armées règnent en maître et seigneur en Haïti aujourd’hui. Elles s’en prennent à tous les secteurs d’activités soit en posant des actions, soit en proférant des menaces. « Les récents incidents sur les équipes et activités de Médecins Sans Frontières (MSF) à Port-au-Prince, ainsi que les graves menaces circulant à son encontre sur les réseaux sociaux, impactent fortement la sécurité de son personnel soignant et des patients pris en charge dans ses structures, et mettent en difficulté sa capacité à délivrer des soins en Haïti », alerte l’organisation Médecins Sans Frontières rappelant que,dans la nuit du 23 février, des hommes armés cagoulés ont tenté de faire irruption dans l’enceinte de l’hôpital de Médecins sans Frontières situé à Tabarre.
Mahaman Bachard Iro, coordinateur de la mission de Médecins sans Frontières en Haïti, cité dans ce communiqué, a expliqué que « des personnes non identifiées ont pointé leurs armes sur le personnel et donné des coups de crosse sur la porte avant d’essayer d’escalader le mur pour rentrer dans l’enceinte de l’hôpital et après ces individus ont ensuite quitté les lieux ».
Le coordinateur de MSF demande à toutes les parties de respecter la mission médicale qui est la leur en soulignant que MSF est l’une des dernières organisations internationales à délivrer encore des soins dans la capitale d’Haïti, Port-au-Prince.
La PNH, pointée du doigt par MSF
Plus tôt, dans la journée du 22 février, explique MSF, les entrées et sorties du centre d’urgence MSF de Turgeau ont été bloquées et une ambulance fouillée. « Refusant de déposer les armes, la police est ensuite entrée dans la structure sanitaire pour vérifier l’identité de tous les patients enregistrés », a-t-on souligné.
Par ailleurs, un autre incident avait déjà eu lieu quelques semaines avant, soit le 7 février, selon MSF. « Une ambulance clairement identifiée MSF a été arrêtée puis fouillée. Des armes ont été pointées sur les passagers du véhicule pour contrôler leur identité, immobilisant l’ambulance plus de 45 minutes avant de l’autoriser à reprendre sa route ».
Mis à part l’« excessivité » de certains agents de la Police Nationale d’Haïti qui dérangent l’activité de MSF, la recrudescence de la violence des bandes armées à Cité Soleil impacte également le bon fonctionnement de l’Organisation à ladite cité. « Deux violents affrontements entre groupes armés se sont produits depuis le début de l’année à quelques mètres de l’hôpital MSF situé à Cité Soleil », relate MSF dans cet avis officiel en soulignant par ailleurs que ces affrontements entraînent l’arrêt temporaire des consultations ainsi que l’évacuation momentanée d’une partie du personnel.
L’inquiétude de MSF
Les affrontements à répétition entre gangs armés rivaux à Cité Soleil peuvent avoir des conséquences graves sur les activités de MSF. « Face à ces affrontements répétitifs et inquiétants, et le rapprochement de la ligne de front entre groupes armés de l’hôpital, MSF craint de ne plus pouvoir travailler en sécurité pour continuer d’apporter des soins médicaux à la population », alerte l’organisation.
Selon les explications de Mahaman Bachard Iro, il devient de plus en plus difficile de travailler dans ces conditions, la récurrence de ces incidents met en danger la sécurité des personnels soignants et des patients de MSF. « Ces obstacles répétés à l’encontre de nos équipes qui circulent à Port-au-Prince pour transférer les patients d’un hôpital à l’autre, ces intrusions violentes dans nos structures médicales et les tirs croisés que nous essuyons aux portes de nos lieux de soins menacent gravement la continuité de nos activités ».
Des centres de MSF qui ont déjà fermé leurs portes en raison de l’insécurité
L’organisation médicale rappelle que MSF a fermé temporairement l’hôpital de Drouillard en avril 2022, a définitivement clos les portes de son centre d’urgence à Martissant en juin 2021, et suspendu son soutien à l’hôpital Raoul Pierre Louis à Carrefour en janvier 2023 pour des raisons sécuritaires.
La demande de l’équipe médicale MSF
MSF qui indique que, depuis l’arrivée du premier cas de choléra fin septembre 2022, ses équipes ont soigné plus de 19 000 personnes, dit vouloir continuer à servir la population la plus démunie du pays. « Les équipes de Médecins Sans Frontières […] exhortent toutes les parties impliquées à respecter leur mission médicale, patients comme personnels soignants, centres hospitaliers et ambulances qui les transportent », exige MSF précisant que « dans ce contexte difficile, l’entièreté du système de santé haïtien est au bord de l’effondrement, car de nombreuses structures sanitaires ne peuvent plus aujourd’hui fonctionner correctement».
Jackson Junior RINVIL