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« Normalisation » des postes de péage à Martissant : Des citoyens sont remontés contre la passivité de l’État

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Entre les bandes armées, le mauvais état de l’axe routier allant de Portail Léogane jusqu’à Bizoton, non loin de la marine haïtienne, les riverains sont exposés à un risque permanent. Des citoyens ne cessent de pointer du doigt les autorités étatiques qui se comportent en spectatrices alors que la population est obligée de payer des individus armés, par le biais des chauffeurs de transports en commun, pour traverser ce tronçon reliant au moins 4 départements du pays.

La traversée de l’entrée sud de la capitale haïtienne en passant par Martissant et Fontamara  pour se rendre dans une partie du département de l’Ouest ainsi que dans les départements des Nippes, du Sud-est et de la Gand’Anse n’est en aucune manière une partie de plaisir. Et pour preuve, prenons les propos de ces passagers se trouvant à Portail Léogane à l’égard d’un chauffeur refusant de démarrer le bus dont la destination est Léogane. « An ale chofè, machin nan fin chaje. Ou gèlè bliye ki kote w pral pase la w ap kale kò w sou volan an », crie une commerçante originaire de Gréssier.

Le chauffeur démarre enfin après s’être assuré que son bus est rempli à craquer de passagers. Aucun souci pour les frais de transport, le chauffeur « a dwat » s’en est déjà chargé. Il est 14h. Le bus n’est plus à proximité du Stade Sylvio Cator où sur les recoins de la rue on installe des vêtements pour les vendre aux passants. Embouteillage. Le bus s’est arrêté. Entre-temps, un agent de « marketing » fait son apparition. C’est un passager du bus. Il s’installe dans un endroit stratégique pour pouvoir dominer des yeux les autres passagers. Et il présente ses produits.

Le bus redémarre. Il se trouve en face de l’ancien local du Ministère de l’Éducation Nationale à Portail Léogane. Il y va lentement. Il y a de l’eau partout à travers la route. Et c’est comme s’il s’agissait d’une rivière en crue. L’eau paraît profonde. Aux alentours et sur les trottoirs, il n’y a que des ordures. Et c’est également le même constat au niveau du Bicentenaire en particulier à proximité du Théâtre National pour  arriver à Martissant 4. La nécessité pour les instances concernées d’entreprendre des travaux de nettoyage et de curage en vue de faciliter une meilleure circulation des voitures dans cette voie paraît évidente.

Des individus armés installent des postes de péage à Martissant et à Fontamara 27

Le bus se retrouve en face du sous-commissariat de Martissant abandonné par la Police Nationale d’Haïti (PNH) sous la pression des gangs. Les murs sont troués par des impacts de projectiles. À quelques mètres du sous-commissariat, des hommes armés sont assis. Ils parlent entre eux pendant que le chauffeur arrête le bus, rien que pour donner quelque chose (de l’argent) à l’un d’entre eux. C’est le  fameux droit de passage, dit un passager à un autre à voix basse.

Les deux voies sont accessibles. Et le chauffeur avance plus rapidement à présent. À certains endroits de cet axe routier, on peut constater que les activités essayent de reprendre timidement suite à l’appel à la trêve observée par les individus armés qui imposent leur loi. À Martissant 25, on peut constater qu’il y a une station de motocyclettes.

Arrivant à Fontamara 27, le bus s’arrête à nouveau pour remettre un montant d’argent imposé à ceux qui font la pluie et le beau temps dans cette zone. Puis, le bus redémarre à nouveau. Presque tout le tronçon se trouve en mauvais état.

La question de poste de péage imposé à Martissant attriste certaines personnes. « Le prix du transport fixé par l’État est plus bas que celui que les chauffeurs nous imposent. Cependant, on les comprend aussi parce qu’ils vont payer les bandes armées pour pouvoir passer à Martissant », explique Maryane, étudiante dans une des facultés de l’Université d’État d’Haïti.  

Pour Maryane, c’est l’État haïtien qu’il faut pointer du doigt comme seul responsable de la réalité actuelle du pays. «   C’est l’État qui a le monopole de la violence légitime dans un pays », dit-elle en ajoutant qu’il est inadmissible de la part des autorités de livrer le pays aux bandes armées. « Aujourd’hui, la population paie les bandes armées qui, eux, vont acheter des munitions pour pouvoir enlever et tuer les membres de la population », déclare quant à lui Ricardo Jeune, un commerçant originaire de Petit-Gôave.

L’approche faisant croire que la PNH est impuissante face aux individus armés qui sèment la terreur dans le pays, est un simple discours, d’après M. Jeune. « La PNH peut résoudre avec facilité l’insécurité si l’État haïtien le souhaite », a-t-il ajouté en admettant par ailleurs que les policiers doivent être mieux équipés.

La Rédaction

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