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 Note de presse du 6 mars du MJSP rappelant les citoyens à se défendre choque plus d’un

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Alors que la population attend impatiemment que les autorités étatiques fassent preuve de responsabilité en garantissant la sécurité aux citoyens, le Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique (MJSP), entre autres, a rappelé que la loi permet aux citoyens de se défendre eux-mêmes au cas où des individus armés pénètrent dans leur maison avec violence. Cette déclaration, estime le coordonnateur  de l’organisation C. LUC 65, Stanley Jean Julien,  montre clairement que l’insécurité est cautionnée par les responsables de l’État.

Le sang ne cesse de couler à Port-au-Prince avec des morts par balles presque au quotidien. Les enlèvements, d’un autre côté, se font à répétition.  Différentes bandes armées continuent de s’entre-déchirer. Pour la plupart des citoyens, la violence dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince  a atteint un niveau insupportable. La capitale  est assiégée par les gangs armés et  la population est livrée à elle-même.

En dépit de ses nombreux efforts,  la Police Nationale d’Haïti (PNH) évoque souvent des problèmes en équipements, matériels adéquats ou en effectifs. Dans un contexte aussi difficile pour la population, qui est la grande victime,  le Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique (MJSP), dans une Note  du 6 mars qui a choqué plus d’un, a peut-être fait un aveu d’impuissance, en rappelant à la population que la loi permet aux citoyens de se défendre. « Le Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique rappelle à tous que dans le cas où des individus armés entrent chez eux avec violence, la loi leur permet de se défendre comme le précisent les articles 272 à 274 du Code pénal haïtien », peut-on lire dans cette Note.

Par ailleurs, le MJSP a rappelé également que chaque citoyen qui décide de collaborer avec des gangs, en les aidant par quelques moyens à commettre des crimes, sera puni selon l’article 45 du Code pénal haïtien.

Le coordonnateur du C. LUC 65 fait le point sur la Note

La situation qui se dessine en Haïti ces derniers temps laisse présager le pire à tous les niveaux. Cet avis est partagé par Stanley Jean Julien qui critique également la Note du MJSP. « […] Ce comportement nous montre clairement que la montée de l’insécurité est cautionnée par les responsables de l’État. La Note du MJSP rappelant aux citoyens que la loi leur permet de se défendre va rendre notre situation de vie encore pire et pourrait nous amener à une guerre civile », prévient le coordonnateur général de la structure politique Chemin Lumière, Unité et Changement sur 65 formes ( C. LUC 65). Selon lui, cette Note confirme l’incapacité et le manque de volonté de nos dirigeants pour sortir le pays de cette impasse difficile dans laquelle il se trouve. 

Les gangs armés s’affrontent au vu et au su des autorités obligeant les gens à prendre la fuite. Et cela ne se fait pas sans raison, selon Stanley Jean Julien. « Le pays est pris en otage par la communauté internationale, par les oligarques ainsi que par des dirigeants haïtiens qui n’ont aucune vision et qui n’ont jamais eu aucune intention non plus de travailler pour le bien-être des Haïtiens […] Ils sont eux-mêmes à la base de cette situation désastreuse qui existe en Haïti ces dernières années », a-t-il précisé.

Quelle stratégie utilisée pour faire face à la répétition des actes de violence ?

Stanley Jean Julien se montre réaliste. « Quelle que soit la stratégie qu’on va utiliser, on aura toujours besoin du support de l’aide internationale directement, à savoir le déploiement d’une force militaire spécialisée, ou indirectement par le biais de matériels appropriés », soutient-il. Cependant,  le coordonnateur pense qu’en se basant sur la force de frappe de la PNH, on peut résoudre  le problème de l’insécurité. « On peut résoudre ce problème sans l’intervention des forces militaires étrangères parce que nous avons beaucoup de corps spécialisés dans la PNH et ils sont plus nombreux que les gangs armés », précise-il d’un autre côté.

Toutefois un problème majeur demeure, à en croire M. Jean Julien. « Il nous manque de la volonté politique, des stratégies et des matériels nécessaires pour pouvoir affronter les gangs armés », affirme-t-il.

Il faut éviter un massacre à la rwandaise, alerte le Dr Jean William Pape, directeur et fondateur des centres GHESKIO en Haïti

Il y a une situation tout à fait désespérée en Haïti. On n’a plus de gouvernement, on n’a plus d’État, la situation d’insécurité s’aggrave tous les jours, martèle le membre du comité scientifique de l’OMS, Dr Jean William Pape sur RFI.

« On a beaucoup de caractéristiques en commun avec le Rwanda. On a à peu près le même nombre au point de vue population, on a un PIB plus ou moins comparable et un pays très montagneux de la même superficie environ qu’Haïti », explique le Dr. « Il y a énormément d’armes de gros calibre en circulation, entre les mains de civils et de groupes armés », a-t-il ajouté précisant que la PNH est impuissante et sous-équipée en effectifs et en armes.

D’après le Dr  Pape, on va vers une guerre civile qui va provoquer un massacre considérable, à cause justement des protagonistes qui sont sur le terrain, des divergences politiques, et également de la quantité d’armes qui se trouvent en Haïti. « Il y a un génocide qui se prépare ici et si on laisse la situation pourrir, tout le monde à ce moment-là sera à genoux, et je crois qu’il est préférable d’éviter justement ce massacre, un risque qui s’aggrave pratiquement tous les jours », alerte le scientifique.

Coup d’œil sur le génocide rwandais

Un évènement d’une grande envergure s’est produit au Rwanda du 7 avril au 7 juillet 1994. Celui-ci fut le génocide des Tutsis ayant causé la mort de 800 000 à 100 000 Rwandais, en majorité des Tutsis, selon la commission indépendante d’enquête sur les actions de l’organisation des Nations Unies lors du génocide de 1994. L’élément déclencheur de cette guerre civile fut l’assassinat du président rwandais Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994 par les extrémistes hutus, selon les informations du magazine Geo.

Le dit génocide visait la minorité tutsi. Mais des milliers de Hutus, opposants au régime en place, ont été tués durant ces trois mois de guerre civile. Selon la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide du 9 mars 1948 de l’ONU, un génocide « est commis dans l’intention de détruire, tout ou en partie, un groupe national, éthique, racial ou religieux…».

Jackson Junior RINVIL

rjacksonjunior@yahoo.fr

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