OCID : pas moins 62,2% de la population haïtienne identifient l’insécurité comme le plus grave problème du pays
4 min readDans un communiqué de presse publié le mercredi 2 mars 2022, l’Observatoire Citoyen pour l’institutionnalisation de la Démocratie (OCID) a annoncé la publication en ligne du « rapport global de son enquête nationale sur les préoccupations de la population haïtienne et ses opinions concernant la démocratie ». En effet, selon ce rapport, l’insécurité est en majeure partie la principale préoccupation de la population haïtienne.
C’est avec un sentiment d’impuissance et de solitude que la population haïtienne fait face au phénomène d’insécurité qui met le pays à genoux ces dernières années. Les administrations se succèdent, mais le résultat reste toujours le même, les gangs pullulent au jour le jour. La puissance publique est dépassée et la Police Nationale en manque de ressources se retrouve limitée dans ses efforts de contrecarrer les délinquants.
La perspective d’une remise sur les rails de l’expérience démocratique enclenchée depuis maintenant plus d’une décennie paraît aujourd’hui irréalisable dans ces conditions. Ainsi, depuis janvier 2020, la chambre des députés n’existe plus dans la vie politique haïtienne à cause de la non réalisation des élections par les Gouvernements sous la présidence de (feu) Jovenel Moïse, lui aussi une grande victime de l’insécurité.
Cette semaine, l’Observatoire Citoyen pour l’institutionnalisation de la Démocratie (OCID) a tenu, dans un communiqué de presse, à fustiger « l’insouciance des acteurs face à l’insécurité et à les exhorter à prévenir toute aventure susceptible d’engendrer une fausse couche électorale ».
Des réponses non-idoines au cancer de l’insécurité civile
Entre manque de volonté ou manque de moyens et de capacités, les hypothèses ne manquent pas quand il s’agit de constater l’absence cuisante de résultats de la part de la puissance publique (Police nationale d’Haïti) face à l’insécurité. « Pas moins de 62,2% de cette population identifient l’insécurité comme le plus grave problème du pays et, par conséquent, comme la première priorité pour les pouvoirs publics », lit-on dans ce communiqué qui porte la signature de plusieurs membres du comité de pilotage de l’OCID, parmi eux le Directeur Exécutif de l’Initiative de la Société Civile, Rosny Desroches.
L’Institution a profité de ce communiqué pour dénoncer le « manque de volonté politique manifeste des décideurs et acteurs politiques pour apporter des réponses idoines au cancer de l’insécurité civile qui enlève l’appétit et le sommeil à la population haïtienne depuis de longs mois ». Les interventions publiques par le moyen des forces de l’ordre sont loin d’être en mesure de combattre ce fléau qui a de graves conséquences à la fois sur la paix publique, mais aussi sur toute l’économie nationale selon l’OCID.
Selon cette dernière, les données issues de son « programme de suivi de l’environnement politique et sécuritaire » font état, pour la période allant du 15 septembre au 15 décembre 2021, « de l’absence de la Police Nationale d’Haïti (PNH) dans 62% des 357 incidents enregistrés dans les dix départements du pays ». De même, les cas où une intervention policière a été notée n’auraient pas dépassé la barre des 20%, toujours selon le communiqué de presse.
L’épineuse question électorale
« Libre, honnête et démocratique », telle est la formule qualificative qui revient à chaque fois que le mot « élection » est prononcé dans ce pays qui tente de se faire une place dans le concert démocratique. Cependant, il n’y a que deux seuls exemples depuis 1987 où une transition politique a eu lieu sans l’entremise d’un Gouvernement provisoire. Lors des deux passages au pouvoir de l’ex-président René Garcia Préval.
Aujourd’hui encore, deux des principaux objectifs du Gouvernement actuel reste l’organisation d’une consultation populaire en vue d’une nouvelle Constitution et des élections afin de reconstituer la représentation dans les institutions politiques du pays. Dans cette conjoncture, l’OCID croit que l’impasse politique actuelle et la « velléité du pouvoir en place et de certains acteurs d’engager le pays dans une aventure électorale sans le consensus nécessaire et sans un cadre acceptable constituent une vraie épée de Damoclès sur la tête du peuple haïtien ».
Il est vrai que, toujours selon le communiqué, des élections sont nécessaires en vue de renouveler le personnel politique du pays, mais 69,5 % des citoyennes et citoyens estimeraient que les conditions, surtout celles sécuritaires, ne sont pas encore réunies pour la tenue d’élections. « De plus, 76,6% d’entre eux affirment qu’ils sont peu satisfaits de la situation du droit de vote et 96% d’entre eux déclarent préférer qu’il n’y ait pas d’élections du tout au lieu d’en organiser qui ne soient pas crédibles », révèle l’OCID dans son communiqué.
Un large consensus, seule solution selon l’OCID, en vue de garantir un processus électoral inclusif. Selon l’Observatoire citoyen, « toute démarche qui ferait l’économie d’un tel consensus engagerait le pays, de manière inconsidérée, dans une aventure dont l’issue ne sera autre qu’une fausse couche électorale ou une nouvelle tragédie politique aux conséquences aussi funestes qu’imprévisibles ».
Clovesky André-Gerald PIERRE
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