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On empile les problèmes!

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Personne n’est plus à l’aise que les gangs armés qui opèrent en toute quiétude en Haïti. Progressivement, ils changent de mode opératoire et mettent au défi l’autorité de l’État. Une prérogative, semble-t-il, léguée délibérément à ces hors-la-loi qui continuent de se renforcer. On dirait qu’ils sont des fils légitimes de dirigeants ne ratant aucune occasion de réprimander la population civile si elle vient à réagir sous le coup de la colère.

Si quelqu’un avait le moindre doute sur les coudées franches accordées par les autorités haïtiennes à ces terroristes, le rapport du Centre d’analyse et de Recherche en Droits Humains (CARDH) publié cette semaine sur le phénomène du kidnapping pour le premier trimestre de 2022 a tout dit. Le plus actif des gangs dans cet exercice est celui de Grand-Ravine dans la troisième circonscription de Port-au-Prince. En dépit de ces informations pertinentes, le Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN) et le haut état-major de la Police Nationale d’Haïti (PNH) demeurent les bras croisés.

En outre, les témoignages de nombreuses victimes ont permis d’identifier avec précision la cachette de ces kidnappeurs. Ils ont également donné des indications relatives à la tranche d’âge des membres de ces gangs. La plupart d’entre eux n’ont pas encore dix-huit ans. En réaction, la Police a livré tout l’espace de la troisième circonscription de Port-au-Prince à ces psychopathes. Le sous-commissariat, à l’image de toute la zone, est dépeuplé et les rares blindés qui sillonnaient la zone ont été ramenés.

Il faut déplorer l’enrôlement des enfants des rues dans les gangs. Ces démunis sont enlevés de force pour grossir les rangs des groupes criminels. Des associations indiquent qu’ils sont utilisés comme soldats et informateurs. Une réalité qui ne semble pas toucher malheureusement pas la conscience populaire, encore moins celle de ceux qui sont payés pour administrer le pays. Ce sont des violations supplémentaires des droits de l’Homme et des conventions internationales ratifiées par Haïti.

Le processus de destruction d’Haïti évolue à un rythme accéléré. On s’acharne sur tout, sauf sur les gangs armés qui, vraisemblablement, s’organisent mieux que toutes les autres structures constituant le tissu social haïtien incluant l’État. On a rendu caduques toutes les institutions démocratiques. Personne pour dire « Halte-là ». Le Parlement, le système judiciaire, la Constitution, quasiment tout se retrouve en lambeaux. Le pays fait face à un criant déficit de leaders. Personne pour donner le ton, pas même les institutions dites morales. La société haïtienne perd son sens civique. Le quotidien de la nation est dorénavant un mélange de calamités.

Devant de pareilles évidences, il faut sans conteste conclure qu’on a carrément mis le feu dans un baril de poudre. Ces enfants qui ont grandi sans amour, sans abris, sans le moindre bien-être sont très manipulables. Plus besoin de les déconstruire, ils portent en eux toutes les frustrations de la société et constituent un terrain fertile pour propager le banditisme. Un danger qu’on aurait pu éviter si seulement la mesquinerie n’avait pas aveuglé les autorités.

Daniel SÉVÈRE

danielsevere1984@gmail.com

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