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Pensons-nous pouvoir arrêter le temps ?

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Ceux qui  sont des adeptes du mysticisme auraient dit que, depuis quelques temps, le pays est mis à l’épreuve des quatre éléments. C’est peut-être vrai, si on évalue le nombre de catastrophes naturelles qui nous ont touchés durant cette dernière décennie. En fait, à l’exception des vents ravageurs des cyclones qui nous accordent un certain répit depuis environ cinq ans, le feu, la terre et l’eau nous ont systématiquement assommés. Les bilans qui en résultent sont toujours  terribles.

Incapables de pouvoir définir nos priorités, nous vivons dans l’illusion de pouvoir arrêter  le temps, ignorant du coup cette affirmation ésotérique selon laquelle la nature a horreur du vide. À force de cultiver de l’animosité à l’égard de notre semblable, de nourrir de la haine pour l’autre ou de chercher à  faire chuter, nous ne nous sommes pas rendus compte qu’on vieillit sans progresser, en même temps que notre environnement se transforme en poison violent pour notre survie.

À cause de cette logique mesquine et, par rapport à cette tendance ambitieuse, le pays a connu pas mal de cas d’incendies durant le dernier trimestre de 2021. Nous avons compté des morts. Et du coté des politiques et des autorités : Il n’y a pas de quoi s’en faire, la vie continue ! C’est ce que laisse entendre l’attitude des protagonistes politiques. Au cours de cette nouvelle année, le pays, la région sud notamment, a connu pas moins de soixante-quinze répliques sismiques en vingt-quatre heures occasionnant la mort d’hommes et des dégâts matériels. D’autres secousses ont suivies au niveau du département de l’Ouest en particulier et ont encore effrayé la population. Personne ne s’en soucie. Au contraire,  tous sont concentrés sur leur projet de faire perdurer une crise politique qui, si les acteurs décidaient de placer le pays avant leurs ambitions, pourrait être résolue en moins  de huit jours.

Cette semaine encore, plusieurs de nos villes étaient sous les eaux alors que nous sommes en pleine saison hivernale. Des dégâts importants ont été enregistrés. Des morts également. Du côté de l’État et des autres acteurs qui alimentent cette crise, prévaut le message implicite qu’ils sont trop occupés pour penser que le pays est en proie à toutes sortes de calamités et que la nature, à la différence d’eux, ne stagne pas. Elle suit son cours sans commentaires ni jugements.

Depuis l’avènement de Jovenel Moïse comme Chef de l’État, nous nous perdons dans une sorte de polémique stérile. Les conséquences sont énormes. Les institutions sont démantelées, les lois sont galvaudées, le Chef de l’État assassiné, le pays gangstérisé. La jeunesse, asphyxiée par cette situation, essaient de fuir le territoire par n’importe quel moyen. Cinq ans déjà, ce n’est rien pour ceux qui sont payés pour amener à bon port la nation. Parallèlement, la jeunesse est en train de vieillir, de regarder partir en fumée ses projets et ses sacrifices. Les plus jeunes prennent de l’âge dans un pays où les risques sont partout. Dans une communauté sans directives, dans une société où l’éducation n’est plus une valeur partagée. Ils grandissent sans pouvoir rêver d’un lendemain meilleur.

Nos dirigeants et aspirants dirigeants n’ont aucun souci   à voir le pays aller à contre-sens du développement et de la modernisation. Ils n’ont aucune gêne  pour voler des décennies à la nation, froisser et jeter à la poubelle les efforts, la dignité et le rêve de citoyens conséquents.  Pour fouler aux pieds la souveraineté nationale. Ils bloquent le progrès de la nation et font croire à la jeunesse que le bourreau est la communauté internationale aux pieds  de laquelle ils rampent pour prendre le pouvoir. Ils nous bloquent dans un carrefour où les intempéries, les tremblements de terre , arrivent  chaque jour avec plus de fureur en même temps que notre capacité de résilience ne cesse de chuter. Ils empêchent Haïti d’avancer, mais pas les phénomènes naturels de nous assaillir.

Vous nous bloquez dans le temps, chers politiciens et consorts. Combien de temps vous faudra-t-il pour discuter du déblocage de la situation et revenir à la normalité ? Qu’est-ce qui justifie que vous passiez plus de la moitié d’un siècle à hanter la vie de votre peuple avec un seul discours : dialogue ? Qu’est-ce qui vous empêche de discuter ?

Daniel SÉVÈRE

danielsevere1984@gmail.com

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