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Perspectives agricoles en Haïti : Entre défis et espoirs pour l’année 2024

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L’année 2024 s’ouvre sur des perspectives agricoles mitigées pour Haïti, selon la Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA), offrant un tableau complexe entre défis et espoirs. Les conditions climatiques, les dynamiques économiques et les perturbations sécuritaires dessinent un paysage où l’agriculture, pilier essentiel de la vie quotidienne, navigue entre incertitudes et opportunités.

La Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA) vient de sortir, le 26 janvier 2024, son tout dernier bulletin sur « le panier alimentaire et les conditions de sécurité alimentaire » pour le mois de janvier 2024. Dans ses analyses, la situation prévue pour la période de mars à juin 2024 s’annonce complexe, avec une prévalence attendue de l’insécurité alimentaire aiguë passant de 44% à 45%. Les conditions d’urgence (Phase 4 de l’IPC) touchent déjà 14% de la population, tandis que 31% se situent en phase de crise (Phase 3 de l’IPC). Les familles, particulièrement vulnérables, dépendent de stratégies d’adaptation face à la détérioration de leur consommation alimentaire. Des troubles socio-politiques pourraient accentuer cette fragilité, menaçant l’accès à l’alimentation.

L’insécurité, toujours un frein de premier plan

La relation entre les perspectives agricoles et l’insécurité est incontestable. Les troubles politiques, les fermetures de frontières, et l’expansion des groupes armés ont des répercussions directes sur les conditions de sécurité alimentaire. Les zones comme la Grand’Anse, les quartiers défavorisés de Port-au-Prince, et la région des Palmes sont en situation d’urgence. La reprise progressive des échanges entre Haïti et la République dominicaine offre un éclaircissement, mais la persistance des tensions à Mariani préfigure une augmentation des prix des biens et services essentiels dans les départements du Grand Sud.

« L’expansion de la violence des groupes armés notamment à Mariani (depuis le début du mois de novembre 2023) affecte sévèrement les chaines d’approvisionnement des denrées alimentaires avec pour répercussion d’une part la rareté des produits alimentaires et par ricochet, l’augmentation significative des prix des produits locaux dans l’aire métropolitaine et d’autre part la disponibilité ainsi que le coût de revient du carburant et certains autres produits importés dans la péninsule Sud. Par conséquent, on devrait s’attendre à une augmentation des prix des biens et des services essentiels dans les départements du Grand Sud au 1er trimestre de l’année 2024 », peut-on lire dans ce bulletin de la CNSA.

Le lien intrinsèque entre l’insécurité et la sécurité alimentaire apparaît de manière plus évidente lorsque l’on considère les principales zones touchées. La fermeture temporaire de la frontière haïtiano-dominicaine et l’expansion de la violence des groupes armés entravent non seulement la disponibilité des produits alimentaires, mais contribuent également à l’augmentation significative des prix locaux dans l’aire métropolitaine. Les familles haïtiennes se retrouvent ainsi confrontées à une pression double, combinant la rareté des denrées alimentaires avec des coûts croissants, exacerbant davantage les défis alimentaires.

Prix de marché et inflation

L’inflation, en particulier, demeure un défi majeur, avec des projections indiquant une hausse des prix des produits de base de consommation. Les familles haïtiennes, déjà confrontées à des conditions difficiles, pourraient être davantage impactées par cette augmentation des coûts, mettant en péril leur accès à une alimentation adéquate. La résolution des troubles socio-politiques et la mise en place de politiques visant à stabiliser les prix sont cruciales pour atténuer les effets négatifs sur la sécurité alimentaire.

L’inflation au niveau du prix du panier alimentaire a légèrement diminué pour le dernier mois de l’année 2023, cependant, cette baisse n’a pas suffi pour amoindrir de façon significative les difficultés auxquelles font face les ménages haïtiens. « Le coût nominal moyen du panier alimentaire en décembre 2023, se situe autour de 5 184 gourdes par individu par mois, soit 25 920 gourdes pour une famille composée de cinq personnes, contre 5 200 gourdes en novembre 2023 et 5 635 gourdes en décembre 2022. Ce qui représente une légère baisse de 0.31% en rythme mensuel et une baisse de 8% en rythme annuel. En ramenant le panier sur la base de 2100 kcal recommandée par la norme SPHERES, le coût nominal du panier en décembre 2023 correspond à 29 108 gourdes par mois pour une famille composée de cinq membres », a indiqué et expliqué la Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire.

Les marchés internationaux jouent également un rôle crucial dans cette dynamique, avec des fluctuations notables des prix des produits importés, notamment le riz américain, le blé, et le maïs. En décembre 2023, le riz américain affiche une augmentation annuelle de 3,6%, tandis que le maïs enregistre une baisse significative de 32,57% sur une base annuelle. Ces variations influencent directement les prix sur les marchés locaux, impactant la capacité des ménages haïtiens à accéder à une alimentation abordable. Un équilibre délicat entre l’offre et la demande, combiné à des facteurs économiques globaux, façonne ainsi la réalité du coût de la vie pour les citoyens haïtiens, ajoutant une couche supplémentaire de complexité à la situation déjà tendue.

Les perspectives agricoles pour Haïti en 2024 semblent donc être marquées par des contrastes frappants. Les défis liés à l’insécurité et aux troubles politiques ne peuvent être ignorés, mais des opportunités se dessinent également. La reprise des échanges avec la République dominicaine offre une bouffée d’air frais, bien que la situation à Mariani continue de peser sur la stabilité. La gestion prudente des ressources, le renforcement de la sécurité, et des politiques agricoles adaptées pourraient contribuer à améliorer la situation. Haïti reste à la croisée des chemins, cherchant à équilibrer les contraintes actuelles avec la vision d’un avenir plus sûr et plus prospère dans un temps où le droit à la vie est menacé à quasiment tous les points de vue.

Clovesky André-Gérald PIERRE

cloveskypierre1@gmail.com

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