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Phannuella, la psycho-thérapeute fascinée par le théâtre !

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Médecin, psycho-thérapeute, comédienne, Phannuella Tommy Lincifort a l’encre qui coule dans ses veines tant elle est éprise de  littérature. À travers ses écrits, elle veut créer des mondes où elle peut exister à sa façon. Sans aucune contrainte, ni aucune forme d’oppression. Cela va de soi, car la jeune autrice a vécu une enfance marquée par l’intimidation violente de sa figure paternelle.

 « Je viens d’une atmosphère familiale incompatible avec toute forme de vie humaine, se rappelle tristement Phannuella. Une mère trop chrétienne pour s’élever contre les actes violents de mon père à mon égard. Un père qui me frappait presque chaque jour, même dans mon sommeil, et qui me racontait que je ne réussirai rien de bien ni de bon dans la vie, « «  Tu es bête, laide, que peux-tu réaliser, toi ? » disait –il. Il me nommait d’ailleurs ‘’ kole ak krache », poursuit-elle. Elle a donc grandi dans la peur, la violence, la colère et la rage. De ces traumatismes psychiques, physiques, émotionnels et spirituels, elle est sortie celle qu’elle est devenue aujourd’hui. En témoignent ses mots. « Un être que l’adversité n’a pas su briser », se targue-t-elle.

En plus de la médecine qu’elle a étudiée à l’Université Notre Dame, Phannuella a suivi la voie de sa passion en étudiant le théâtre à ACTE, puis la psychologie hollistique à l’ATMA. « Je suis fascinée par l’humain. J’aime le comprendre, expliquer, prévenir ses gestes et pensées, d’où la médecine et les courants psychologiques », détaille l’universitaire pleine d’enthousiasme. Qu’en est-il du théâtre ? « Il me permet d’aider à faire bouger les choses, à remettre la vie en question, la manière dont nous l’abordons tant individuellement qu’en collectivité », avance-t-elle.

En effet, elle est fascinée par le théâtre, car cet art  lui donne la possibilité de pouvoir participer au changement positif, à un renouveau heureux, lui permet de pointer du doigt les différentes voies pouvant amener à une certaine humanité  voire même une humanité certaine chez chacun. Grâce à la magie de son talent, elle a été parmi les lauréats du concours de textes en parole en 2022, avec son texte « Lit 5 » grâce auquel elle va participer à la résidence artistique au Centre national des écritures du spectacle en France. « Alors, Jean Fritz Junior a envoyé l’un de mes textes à Guy Régis qui lui, après lecture, m’a encouragé  à participer à ce concours, et voilà, le texte a fait son chemin tout seul », raconte la lauréate  du prix Imaginarium 312 multiples commun de « Pye Poudre ».

Comment elle se projette dans les cinq prochaines années ? Elle s’en remet aux surprises de la vie. « J’attends que Phannuella me surprenne. On verra bien ce qu’elle va nous dégoter cette petite! », répond-t-elle avec une pointe d’humour. Toutefois, on peut s’attendre à deux prochains textes en plus de celui qu’elle va écrire à la résidence. « Cette pièce sera une exposition de la situation de la femme dans le contexte sécuritaire actuel de ce pays. Elle parlera d’amour, de rédemption, d’avortement, de violence, de vengeance, de liberté. Une conversation remplie de brutalité et de tendresse entre une femme et l’esprit de son fils dont elle a avorté », explique-t-elle en prélude, nous donnant un bref aperçu de sa prochaine pièce.

Pour accoucher de ses chefs-d’œuvre, Phannuella Tommy-Lincifort s’inspire de tout ce qui se passe dans son pays. « Depuis notre façon de rire dans nos malheurs, en passant par notre habitude de jeuner 24/ 24 pour trouver du travail, pour arriver à ce mémorial qu’on a installé à Titanyen pour nos morts de 12 janvier qui aujourd’hui est sous le contrôle des gangs armés », explique la psychothérapeute. Pour elle, l’art, particulièrement la littérature, est une autre manière d’écrire l’histoire d’un peuple et souvent elle en dit plus long que l’histoire elle-même. « Car elle ne se contente pas de relayer des faits, mais elle véhicule aussi des émotions, des sentiments, des amours… », argumente Phannuella.

En plus de tous ces chapeaux qui rehaussent l’éclat de sa personnalité, Phannuella dirige également un atelier de confection d’accessoires en crochet et en résine appelé « File’m Création ». Parallèlement, elle anime des ateliers de psycho-théâtre gratuitement pour des jeunes. Mais comment parvient-elle à maintenir l’équilibre ? « Je suis guidée par mes envies et mes désirs et je fais tout pour les satisfaire quitte à me priver de certaines choses que je juge futiles et superficielles comme passer mes journées sur tic toc à m’occuper des affaires des autres alors que les miennes prennent la poussière », révèle Phanuella, affirmant vouloir s’épater elle-même avant tout autre personne. « Cela va sans dire qu’étant femme je dois aller contre certaines idées préconçues comme : une femme ne peut pas avoir plusieurs formations car elle délaissera sa famille, un médecin ne devrait pas avoir plusieurs professions car cela porte préjudice à ses compétences, etc. », avance l’écrivaine, prête à relever le défi.

Statler LUCZAMA

Luczstadler96@gmail.com

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