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Pierre qui roule n’amasse pas mousse!

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Le tissu social haïtien est en lambeaux. On dirait un immeuble en ruines. Chacun se préoccupe de gérer ses affaires sans penser au collectif. Même si son comportement cause du tort au groupe, pour lui, tout est bien moyennant que son ambition soit satisfaite.

Très difficile en l’état actuel des choses pour un citoyen haïtien d’accepter sa part de culpabilité dans cette descente aux enfers du pays. Pourtant, à un degré ou à un autre, nous avons tous porté notre coup de massue à cet édifice social maintenant délabré.

Certes, nous n’avons pas fait une coalition de manière consciente et délibérée pour anéantir le pays. Cependant, parce que nous avons été trop souvent tolérants et en position d’observateurs, nous avons cautionné par notre attitude cet assassinat commis sur la nation. Parce que nous avons été trop lâches, trop souvent égoïstes, nous avons mis à genoux toutes nos institutions et réduit à néant notre dignité, notre honneur, notre bien-être et notre souveraineté.

Le mal est certes déjà fait. Nous avons atteint l’abîme. Maintenant, il faut rebondir parce que nous ne pouvons pas rester les bras croisés et accepter notre disparition. Bien sûr, cela passera par une remise en question mais, à cette phase où nous nous trouvons, la logique du « sauve qui peut » est le pire poison que nous puissions nous administrer. Il ne faut pas exclure, ni discriminer ni stigmatiser.

La stratégie du « cavalier seul » ne peut plus tenir la route. Encore moins, les revendications sectaires. Le phénomène du kidnapping est devenu endémique. Il n’apporte que la peur et l’appauvrissement. Tous en ont marre. Sauf les autorités étatiques qui se font complices des kidnappeurs. La population est abandonnée à son sort. Elle a le choix seulement entre la mort et le renversement de la situation.

Contrairement à cette synergie populaire si nécessaire pour neutraliser ce phénomène, une tendance grandissante fait douter davantage. Il s’agit de la bataille sectorielle engagée dans le cadre de la recherche d’une solution durable à ce fléau. Des groupes sont en train de lancer des mouvements isolés. À chaque cas de kidnapping, le quartier de la victime bloque la rue, érige des barricades, exige la libération immédiate et sans conditions. Des syndicats lancent une grève, des associations médicales observent un arrêt de travail. Que du folklore.

Rien que pour la semaine écoulée, deux secteurs ont lancé des mots d’ordre de grève. L’un conteste l’enlèvement à récurrence du personnel médical, l’autre proteste contre le détournement de ses véhicules à Martissant. Pour un même problème, des mouvements séparés. Si les lignes sont ainsi dispersées, comment va-t-on créer la pression nécessaire ?

Nous sommes tous sur le même bateau. C’est suicidaire de ramer chacun dans sa propre direction. On ne peut pas rassembler et disperser en même temps. Cela est contreproductif. Le combat contre le phénomène du kidnapping est d’abord une lutte contre la division, l’exclusion et la mesquinerie. Si la population ne peut plus compter sur ses supposés dirigeants, elle doit se renforcer pour éviter à cette pratique (le kidnapping) d’étendre ses tentacules.

Il est impératif qu’il y ait un complot contre l’anarchisme. La solidarité est l’arme la plus puissante à utiliser dans ce cas précis. Il est inconcevable de voir en chaque Haïtien un informateur de gang ou un bandit tout court. Si nous continuons dans cette logique de qualifier les autres, de faire du simulacre après chaque enlèvement ou de penser que l’État haïtien viendra nous protéger, nous nous trompons. Il est temps pour chaque Haïtien décide de vivre, et non pas de survivre.

Daniel SÉVÈRE – danielsevere1984@gmail.com

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