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Plume à la main

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Je suis  de la génération de ceux dont la lutte sense le vécu. Face à l’absurde on se complait dans la posture de résistant, pour penser, dire et faire autrement. C’est par l’action qu’on sort de l’anonymat et brise le silence. J’ai décidé de tâcher le blanc du décor de mon encre. Ma façon à moi  d’éffacer le pacte du sang et de  gager  l’amour inconditionnel  basique de toutes grandes relations humaines. 

Je vous écris de la main gauche et l’encre a la couleur de mon sang. Vibré par les séquences des jours, je me sens investi d’une grande mission : celle de porter l’humain à son expression  la plus élevée. Plume à la main  j’avance en chantant. Fort de mon encre marron, ma main gauche ne rature pas  les mots de liberté, d’humanité, de solidarité et de fraternité .D’une main tremblante j’écris liberté, démocratie, révolution en grande lettre sur tous les murs des boulevards de la république.

Je ne suis pas ambidextre. Je suis un gaucher né. D’une main franche j’écris ce qui fâche et ce qui relâche. Ecrire est ma façon la plus noble de m’alléger du poids du vécu. Chargé de ce qui fait peur, j’ai la feuille blanche comme recours pour déteindre et diluer mes émotions et sentiments. J’ai lavé et rincé le gris du noir et du blanc foncés par les jours. Je sens couler en moi une nouvelle encre. Les séquences négatives sur la fréquence ancrent et modulent mes émotions. Par le biais de l’encre j’établis l’équilibre entre le grave et l’aigu. Oui, quand  le ton monte c’est via l’encre  que je bémolise ce qu’on me chante.

Plume à la main je me tiens debout pour tâcher à l’encre forte mes émotions et sentiments noirs dans le blanc du cadran. Je regarde les yeux mi-clos l’aurore se sevrant du crépuscule de mes derniers jours sombres. Barré par cet horizon brumeux, je veux monter le drapeau de mon Île utopique au mât de tous les esprits scellés  par les génies du grand lakou. Plume à la main  j’avance jusqu’au dernier carrefour de ma ville pour dessiner aux couleurs vives et fortes le rêve d’un peuple divisé, muselé, piétiné par les médiocres, les nullards et les dégénérés, prenant d’assaut le pouvoir pour légitimer et officialiser leurs pratiques loufoques et frauduleuses.

Plume à la main j’arrive du souterrain et du dernier corridor du boulevard. Je viens blanchir l’écran pour le recadrer et le redessiner. De mes émotions grises-je recolore la ville. Mon encre est un cri de cœur, un coup de fouet dans le brouillard du midi. Vous savez pourquoi je sonne des notes aigues : il fait chaud sur mon Île. Il me prend  l’envie de me retremper dans l’encre pour caricaturer ma ville de rêve. Vous savez quoi : je suis gros d’un monde dont il faut m’aider à enfanter avant que le jour se lève. En boitant je dessine mes pas vers la porte de ma nouvelle maison. En catimini je trimballe les dernières notes de mes nuits grises pour embrasser l’aurore. Plume à la main gauche je me sauve avant que  la lumière du soleil chasse les ombres de mon panorama. Oui, pris de court par la lumière  du soleil il me faut verser dans le blanc du jour l’encre de mes émotions programmées par la mélodie de la nuit .Si le jour vient à chasser l’ombre de ma nuit, je ne bougerai pas de mon lit .Plume à la main je le prends allongé jusqu’à l’aurore .Oui, plume à la main le combat pour la clarté et l’état de droit continue.

                                                        Philosophe-écrivain, Rodrigue Adrien                                           

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