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Plus de 4000 prisonniers éparpillés dans la nature, la PNH à l’épreuve plus que jamais!

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Selon les données disponibles, sur un total de 3798 prisonniers et détenus à la prison civile de Port-au-Prince, 3700 se sont évadés. À la Croix-des-Bouquets, 1033 se sont enfuis tandis que 20 personnes, dont 6 policiers en isolement au commissariat de Delmas 33, ont pris la fuite, a révélé l’Office de Protection du Citoyen le 4 mars 2024. Une situation qui a mis la Police Nationale d’Haïti et les autorités dans de beaux draps. Un État d’urgence d’un mois a été décrété sur le département de l’Ouest.

L’Office de Protection du Citoyen (OPC) exprime et ce, d’entrée de jeu, sa profonde indignation et ses plus vives  préoccupations suite à des cas d’évasion survenus les 2, 3, et 4 mars en cours, au pénitencier national ( Prison civile de Port-au-Prince), à la prison civile de la Croix-des-Bouquets et au commissariat de police de Delmas 33.

Selon l’OPC, sur un total de 3798 prisonniers et détenus à la prison civile de Port-au-Prince, 3700 se sont évadés. À la Croix-des-Bouquets, 1033 se sont enfuis, dont 298 condamnés, soit l’effectif total, tandis que 20 personnes, dont 6 policiers en isolement au commissariat de Delmas 33, ont pris la fuite. « L’OPC déplore et condamne la politique de nonchalance des autorités politiques et rappelle que, dans tout pays bien organisé, la gestion et la sécurité des prisons et centres carcéraux révèlent de la responsabilité directe de l’État », a rappelé l’OPC en soulignant par ailleurs qu’aujourd’hui, certains  prisonniers et détenus évadés constituent une sérieuse menace pour des juges, des membres du parquet (Ministère Public), des victimes, des avocats, des officiers de la police judiciaire qui ont travaillé à charge sur leurs dossiers.

Retour sur la genèse de ces invasions

Alors que plusieurs notes vocales entre les individus armés circulaient sur les réseaux sociaux annonçant leur objectif de prendre d’assaut le Pénitencier national le jour même de l’attaque, les autorités policières de leurs côtés, en dépit de cela n’ont pas pu empêcher l’offensive des bandes armées au Pénitencier national. « Au Pénitencier et à la Croix-des-Bouquets, les faits se sont produits suite aux attaques lancées par des individus armés contre les bâtiments de ces deux principaux centres carcéraux du pays dans l’indifférence totale des plus hautes autorités du pays », constate l’OPC.

Du côté de  l’Ordre des Défenseurs des Droits Humains (ORDEDH), c’est le même son de cloche. Selon Me Darbenzky Michaelange GILBERT, directeur exécutif de l’ORDEDH lors d’une interview accordée à Le Quotidien News, la principale responsable de ce qui s’est passé au Pénitencier national le 2 mars 2024 est la Police Nationale d’Haïti (PNH). « Suite aux événements qui se sont produits dans la région métropolitaine de Port-au-Prince du 29 février jusqu’au 3 mars 2024, le directeur de la PNH Frantz Elbé aurait déjà dû remettre sa démission à la tête de la PNH », déclare Me Darbenzky qui dénonce la passivité de la PNH face aux agissements des bandes armées.

À en croire l’Office de la Protection du Citoyen, en dépit des préoccupations exprimées au Premier Ministre Ariel Henry, à la Ministre de la Justice et de la Sécurité Publique, Emmelie Prophète Milcé, au Directeur Général de la Police Nationale d’Haïti, Frantz Elbé entre autres pour l’adoption de dispositions spéciales sur le plan sécuritaire pour les prisons dans un contexte d’insécurité généralisée, les autorités étatiques sont restées totalement indifférentes. « Une attitude dénoncée par des observateurs faisant croire que les dirigeants actuels alimentent l’insécurité dans le but de justifier une éventuelle intervention des troupes étrangères dans le pays », a soutenu l’OPC à travers cette Note de presse.

« Conformément à ses attributions de faire respecter les droits des individus en garde à vue dans les commissariats de police, ainsi que ceux des détenus dans les prisons, l’OPC exige une protection spéciale pour les prisonniers qui ont accepté volontairement de rester au Pénitencier au moment de l’évasion du 2 mars. Les autorités judiciaires concernées doivent statuer sur leur cas sans délai ou avec célérité », exige l’organisme de Défense en Droits Humains tout en évitant par ailleurs le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) à se positionner sur cette question brûlante d’actualité.

Deux prisons civiles ont été attaquées dans la soirée du 2 mars 2024 où plusieurs prisonniers se sont évadés alors qu’auprès des autorités de l’État, jusqu’à cette présente minute, c’est un silence de cimetière sur ce qui s’est passé. Le bilan  officiel des autorités tarde à venir. Et le pire, il n’y a pas encore eu aucun cas de démission non plus au sein du Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN) ou du Haut Commandement de la Police Nationale d’Haïti.

Les commissariats : L’autre cible des individus armés

La PNH est dépassée par l’événement face à l’offensive des bandits armés depuis plusieurs jours. Étant l’une des institutions républicaines du pays, la Police Nationale d’Haïti est réduite à sa plus simple expression. Et aujourd’hui, elle n’est plus capable de protéger ses espaces physiques. Les individus armés ont pillé et incendié plusieurs sous-commissariats dans la région métropolitaine de Port-au-Prince en très peu de temps.

Le dernier sous-commissariat en date est celui du Marché Salomon dans la soirée du mercredi 6 mars 2024. Aussi rappelle-t-on que le sous-commissariat de Portail Léogane a été attaqué et saccagé par des individus armés le 29 février 2024. Dans l’après-midi de la journée du 29 février 2024, le sous-commissariat de Bon repos a été saccagé par des hommes armés. Au cours de cette attaque, au moins 4 policiers ont été tués. De plus, il importe de préciser que le sous-commissariat de Delmas 3 a été incendié également dans la journée du 1er mars 2024.

Frantz Elbé : un discours peu convaincant

Alors que les civils armés poursuivent leurs exactions en toute tranquillité dans la région métropolitaine de Port-au-Prince, le directeur général de la PNH, Frantz Elbé de son côté semble incapable de reprendre le contrôle de l’aire métropolitaine de Port-au-Prince.

Dans un message préenregistré paru le 5 mars 2024,  le DG de la PNH appelle à l’unité au sein de l’institution policière tout en félicitant les policiers pour leur courage. Il a profité de cette occasion pour saluer par ailleurs la mémoire des policiers tués dans la lutte contre les gangs armés dans le pays.

Cependant, le DG de la PNH n’a pas annoncé de plan visant à reprendre le contrôle de la région métropolitaine de Port-au-Prince qui est sous l’emprise des bandes armées depuis plusieurs jours. Aussi faut-il souligner que Frantz Elbé n’a présenté non plus aucun bilan à la population sur les évasions dans les prisons civiles de Port-au-Prince et de Croix-des-Bouquets, ainsi que dans le commissariat de Delmas 33.

Selon un rapport présenté par le Réseau National de Défense de Droits Humains ( RNDDH) le 6 mars 2024, au moins 21 institutions, des entreprises commerciales, ainsi que des petites et moyennes entreprises ont été vandalisées et/ ou incendiées dans le pays depuis le 29 février 2024 par les gangs armés regroupés en fédération.

L’instauration de l’État d’urgence

Suite aux agissements des bandes armées, le Gouvernement en place, se référant à l’arrêté du 3 mars 2024,  a déclaré « l’Etat d’urgence sur toute l’étendue du département de l’Ouest pour une période de soixante-douze heures renouvelable  afin de rétablir l’ordre. Ce dernier se fait cruellement attendre car les bandits continuent encore dans leurs exactions en dépit du renouvellement pour un mois du couvre-feu « entre six heures du soir (6h PM) et cinq heures du matin (5h AM), du jeudi sept (7) mars au lundi onze (11) mars 2024 ».

Selon le Gouvernement, « toutes les manifestations sur la voie publique sont interdites, de jour comme de nuit, dans le département de l’Ouest ». Il a aussi laissé savoir que ce couvre-feu,  « ne s’applique pas aux agents de la force publique en service, aux pompiers, aux ambulanciers, aux personnels de santé et aux journalistes dûment identifiés ».

Jackson Junior RINVIL

rjacksonjunior@yahoo.fr

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