mar. Avr 23rd, 2024

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Plus habile que la dame russe

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Haïti avec sa cohorte d’insécurités de toutes sortes fonctionne comme une table de jeu de dames. Tantôt un joueur tire sur la ficelle, tantôt il la relâche. Des deux côtés, les joueurs multiplient les manœuvres pour affaiblir la défense de l’autre. Dans ce jeu,  la victoire est la plus importante. Plus on a de dames à jouer, plus on a la chance de vaincre l’autre.

Parlant du jeu de dames, il y a deux aspects à considérer. Si l’on joue à la dame américaine, l’élément couronné appelé « dame » a moins de pouvoir que  le jeu dit russe. Dans  le premier cas, la dame a la même valeur que les autres pions, elle élimine son ennemi le plus proche suivant le sens du jeu. Dans le jeu russe au contraire, le pion dame est prédateur, il élimine les pions antagoniques, quelle que soit la distance et ce, dans les deux sens moyennant qu’ils se trouvent sur sa trajectoire.

De retour sur notre réalité politique l’on a  l’impression que le peuple tient lieu de pion de dame. Pour un rien, il se fait manger. Les gens tombent comme s’il y avait des amateurs (joueurs) du jeu qui, pour  gagner, les poussent vers le prédateur pour affaiblir la défense de l’autre et occuper de meilleures positions. Au regard du flux des victimes et vu la manière dont les meurtres sont commis la plupart du temps, le plus curieux a le pressentiment qu’il ne reste plus sur la table à jouer que des dames russes. Une fois sur la trajectoire de la dame, elle  peut éliminer la ou les cibles à n’importe quelle distance du jeu.

Si ce jeu est régulé par des principes, en l’occurrence, seuls les pions se trouvant sur la trajectoire de la dame sont mangeables ; sur le terrain national, c’est l’opposé qui se fait. Aucun pion n’est protégé  vu qu’il ne constitue aucun obstacle pour l’adversaire. C’est comme le football de quartier : si l’on remplace le propriétaire du ballon contre sa volonté, il prend son ballon et met fin au jeu. C’est pareil pour cette situation de jeu de dame. Un des adversaires paraît plus violent, il viole les principes et, l’autre, pauvre joueur, il se résigne voyant ses pions mangés par n’importe quel moyen, sans possibilité de protester.

À la différence du jeu de dames où les pions n’ont pas de conscience, dans ce scénario fictif,  les pions sociaux vivent, ils réfléchissent, ils questionnent, ils respirent, ils ont des besoins et peuvent  se trouver un jour ou l’autre à la place des joueurs. L’enjeu dans cette histoire, ce n’est pas le jeu de dames qui est problématique, ni les stratégies des joueurs, mais ce sont les éléments choisis  comme pions. En guise de stratégies et de programmes politiques, ils font choix du peuple qui meurt toujours de façon tragique et choquante sans possibilité de revenir à la vie, contrairement à un pion de dame qui, lui,  est renouvelé à chaque partie du jeu.

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