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PNH : Un an après, le drame à Village de Dieu ne symbolise-t-il pas l’abdication criminelle de l’État haïtien ?

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Le samedi 12 mars 2021, cinq policiers ont trouvé la mort dans une embuscade à Village-de-Dieu, à quelques minutes du Palais National. Un an après, les corps de Georges Renois Vivender, Désilus Wislet, Eugène Stanley, Ariel Poulard et Lucdor Pierre n’ont jamais été retrouvés, et aucun responsable du drame n’a été inquiété vraiment.

Combien se rappellent de la voix de ces policiers qui criaient au secours en ce matin du 12 mars 2021. Beaucoup ne constituaient qu’un seul corps, policiers, militaires, civils, politiques peut-être, derrière un appareil de radio, ou sur les réseaux sociaux, espérant qu’arrive une aide à ces policiers, pris dans les filets des groupes armés qui imposent leur terreur à l’entrée sud de la capitale.

Apres des meurtres macabrement spectaculaires de citoyens comme l’ex-Bâtonnier de l’Ordre des avocats de Port-au-Prince, Me Monferrier Dorval, de l’étudiant Gregory Saint-Hilaire ou de la jeune Evelyne Sincère, ce vendredi matin allait être le théâtre de la disparition tragique de cinq jeunes hommes  qui avaient décidé de servir leur pays. Ils n’étaient très certainement pas les premiers policiers haïtiens à être les victimes  de cette prolifération des gangs armés à Port-au-Prince. Cependant, laissés pour compte par l’institution policière, jusqu’à aujourd’hui, même leurs dépouilles calcinées n’ont pas pu être récupérées par la Police Nationale d’Haïti qui a cependant réussi à reprendre ses véhicules blindés.

Victimes de la « twittocratie »

« C’est un vendredi noir pour tout le pays qui pleure ses fils policiers tombés en voulant libérer le Village Dieu des affres du banditisme. Les assassins se réjouissent mais leurs jours sont comptés car la société ne permettra pas que ces crimes restent impunis », écrivait dans un tweet le Président défunt Jovenel Moïse, victime iconique lui aussi de ce cycle d’insécurité. Ce tweet était l’un d’une grande série, constituant dans la plupart des drames que connaît le pays la seule réponse des responsables du pays.

« Assassiner des policiers constitue une déclaration de guerre contre la société. La réprobation par la population de ces actes ignobles exige une réponse des autorités de l’État qui doivent utiliser les moyens légaux pour libérer le Village. Faisons front commun contre le banditisme », écrivait-il encore dans un autre message sur le même réseau social. Plus tard, ce serait au tour de son secrétariat général de condamner « avec véhémence » ce qu’il qualifiait d’attentat terroriste.

Des discours sortaient de toutes les bouches des autorités qui condamnaient un acte aussi barbare et promettaient que justice serait rendue. Cependant, un an après, l’institution policière et la justice haïtienne fonctionnent comme si ce drame n’avait jamais eu lieu, et les familles des victimes sont toujours laissées pour compte. Elles pleurent encore la disparition des policiers.

Le SPNH s’en souvient

Le Syndicat de la Police Nationale d’Haïti (SPNH) a organisé ce samedi 12 mars une messe de requiem afin de saluer la mémoire de tous les policiers victimes tombés lors de l’accomplissement de leur devoir, en particulier les cinq victimes à Village de Dieu. L’organisation syndicale a déploré le fait qu’un an après, aucune action n’ait été intentée pour rendre justice aux policiers. « Pas de corps, pas de justice », regrette le SPNH-17 qui reproche à l’institution de n’avoir intenté aucune action, aussi symbolique soit-elle, afin de récupérer les dépouilles des policiers.

Au moment où ce drame est regretté par plus d’un, d’autres policiers continuent de faire face chaque jour au danger de l’insécurité. Dans un moment où nul n’est épargné, les policiers sont constamment victimes de la puissance des gangs armés. Pas plus tard que ce jeudi 10 mars 2022, le policier Henry Marc Milians, issu de la 28e promotion de la Police Nationale, a été exécuté par des bandits armés à Canaan 5, dans la région de la plaine du Cul-de-Sac, devenant ainsi le dernier en date d’une longue série.

Clovesky André-Gérald PIERRE

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