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Port-au-Prince et ses environs croulent sous les détritus alors que le bilan du choléra ne cesse de s’alourdir!

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Alors que les cas de choléra se font de plus en plus nombreux, Port-au-Prince croule sous les immondices. Selon les récentes données communiquées par Médecins Sans Frontières le 20 octobre dernier, la situation risque fortement de virer en catastrophe sanitaire, si aucune action n’est posée.

Ce n’est pas la première fois que la population haïtienne fait face à une crise environnementale de cette envergure. Après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, la gestion des déchets avait déjà donné lieu à une situation similaire. Déjà avant l’apparition de la crise politique et économique du mois dernier, la gestion des déchets ménagers dans la capitale constituait l’une des difficultés environnementales majeures, auxquelles fait face la population. Ces derniers jours, beaucoup de communes dans la zone métropolitaine sont encerclées par les détritus, ce qui provoque de lourdes conséquences sur l’écosystème national et la santé publique.

Alors que l’insalubrité envahit la capitale, le choléra tue silencieusement des citoyens tous les jours. Selon Médecins Sans Frontières (MSF), la situation sanitaire et humanitaire à Port-au-Prince est dramatique. La réapparition du choléra officiellement le 2 octobre inquiète l’équipe médicale qui reçoit une centaine de patients suspects tous les jours dans les 4 centres installés à Turgeau, à Cité-Soleil, au Champs-de-Mars et à Carrefour. En outre, la pénurie de carburant, l’accès difficile à l’eau potable et aux soins de santé rendent encore plus vulnérable la population haïtienne.

« L’eau insalubre est l’un des principaux vecteurs de propagation du choléra, donc les conséquences d’un manque d’eau potable dans ce contexte de résurgence de la maladie sont désastreuses. Sans eau potable, traitement et une bonne gestion des déchets le risque d’une flambée de la maladie est très important et il faut y remédier de toute urgence », souligne Auguste Victor, coordinateur médical chez MSF en Haïti. Avec les problèmes liés à l’insécurité, à la pénurie de carburant, l’hôpital dépend des groupes électrogènes et  peine à prendre en charge même les cas les plus urgents. MSF alerte donc sur le risque d’une catastrophe sanitaire et humanitaire, principalement à Port-au-Prince.

L’urgence de remédier à l’insalubrité à Port-au-Prince

Selon un rapport du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), publié en décembre 2021, la production quotidienne des déchets ménagers en Haïti est estimée à environ 6600 tonnes.  Seulement à peine 12% de ces déchets sont collectés par les institutions publiques et privées. Entre les jeter dans les ravins, sur les trottoirs, dans les égouts ou tout simplement les brûler, les choix sont limités. D’autant plus que très peu de ménages bénéficient des services communaux de ramassage d’ordures et d’assainissement. Alors, pour se débarrasser des déchets produits quotidiennement, les ménages se trouvent souvent obligés de procéder par des moyens très dangereux pour l’environnement.

Sans compter que les marchés publics sont les principaux générateurs de déchets dans les rues. Alors, si aucun effort n’est fait du côté des autorités concernées pour contrôler la quantité de déchets quotidiens produits et pour mettre en place des dispositifs en vue de collecter et de recycler ces derniers, la situation risque de devenir irréversible. D’ailleurs, la mauvaise gestion des déchets est à la base de nombreuses catastrophes environnementales. D’un autre côté, depuis des années, aucune structure n’a réellement été mise en place pour recycler les déchets ménagers, plastiques ou potentiellement dangereux et tenter de rétablir l’équilibre écologique en Haïti.

Avec les problèmes survenus ces derniers mois, la situation n’a pas évolué positivement. Évidemment, la pénurie de carburant et les mouvements populaires lancés récemment ont rendu impossibles les déplacements des camions chargés de ramasser les ordures. Les services publics étant dysfonctionnels, la population est donc livrée à elle-même, avec des tonnes de déchets devant ses portes. Ce sont les trottoirs qui en payent les frais. Dans les communes de Pétion-Ville, Delmas et de Tabarre, entre autres, des piles d’ordures sont étalées à presque chaque coin de rue.

Eliana, une marchande de légumes ambulante et Carmène, une vendeuse au marché de Gérald Bataille en témoignent. « De mauvaises odeurs se dégagent dans les rues de Port-au-Prince. À presque chaque carrefour, les trottoirs sont envahis de déchets. De l’autoroute de Delmas à Nazon où j’habite, les rues sont remplies d’ordures. Même dans certains endroits qui étaient plus ou moins propres avant », raconte Eliana. « La mairie et les dirigeants nous ont abandonnés et nous laissent mourir sous les fatras. S’ils ne font rien, bientôt on ne pourra plus circuler dans les rues et les microbes vont nous tuer. Pour ma part, j’avoue que je jette mes déchets dans la rue, mais c’est parce que je n’ai pas d’autre choix », explique la jeune femme.

Carmène, quant à elle, se plaint de la situation insalubre du marché qui a empiré avec « le lock ». « Quand on ne brûlait pas les fatras, les camions de la mairie passaient au moins une à deux fois par semaine pour les ramasser. Mais depuis “le lock”, ce n’est plus le cas. Aujourd’hui, les déchets touchent presque le ciel. Certains marchands sont déjà malades à cause de ça, quant à moi, je supporte mal l’odeur et pas question de porter un masque », se plaint-elle. « Il faut que le Gouvernement et la Mairie tournent le regard vers le marché de Gérald Bataille, la porte d’entrée du marché est presque bloquée par les déchets », souligne-t-elle.

Entre-temps, la liste des problèmes de la nation haïtienne ne cesse de s’allonger. La situation est chaotique. De la capitale, il ne reste que le nom. La situation sanitaire et humanitaire est urgente. Il est urgent d’agir.

Signalons que le bilan du 1er au 25 octobre 2022 du  MSPP  sur le choléra fait état de 2 118 cas suspects, 220 cas confirmés, 1529 cas hospitalisés et 45 décès (30 institutionnels et 15 communautaires).

Leyla Bath-Schéba Pierre Louis

pleyla78@gmail.com

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