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Port-Républicain, Port-aux-Crimes, Port-au-Prince : retour sur l’histoire de la capitale haïtienne

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Port-au-Prince, capitale qui a connu plusieurs  noms, a été fondée sur un site exceptionnel, entre mer et collines : la baie de la Gonâve et les contreforts de la chaîne de la Selle, entourée de deux plaines agricoles fertiles, celle du Cul-de-Sac et celle de Léogâne. Au cours des ans, cette ville s’est transformée, a été détruite et reconstruite. Avant d’être assiégée, elle a été une ville touristique qui a conquis  le monde au siècle dernier. À l’occasion de la cent-septième année de commémoration de l’occupation américaine d’Haïti, un rappel de la grandeur de la capitale paraît nécessaire.

Née d’une Ordonnance en date du 26 novembre 1749, la ville de Port-au-Prince, capitale de la République d’Haïti, est située dans la plaine du Cul-de-Sac sur à une altitude de 98 mètres, dans un site en amphithéâtre au pied de la montagne de la Selle. Protégée des vents du nord-est, au fond d’une baie du golfe de la Gonâve, la ville présente le double avantage d’être bien abritée et facile à défendre. Malgré ces conditions géographiques favorables, la ville souffre d’un environnement dégradé : peu d’espaces verts, urbanisation des flancs des mornes, littoral pollué et occupé par des quartiers insalubres, mauvaise qualité du bâti, généralisation de l’habitat précaire.

Fondée par des colons français et des marchands sucriers sur l’habitation Randot, au Bel-Air, Port-au-Prince s’étendit assez vite et sa population augmenta avec la venue de Messieurs Morel et Breton des Chapelles.Son nom provient de celui d’un bateau « Le Prince », commandé par Saint-André qui avait jeté l’ancre dans ce port communément appelé l’Hôpital, en raison des flibustiers qui y  trouvaient refuge à l’issue des attaques en mer.

En 1770, elle devint la capitale de Saint-Domingue en remplaçant le Cap-Français. Pendant la Révolution française, le commissaire colonial français Étienne Polverel la rebaptisa « Port-Républicain » le 22 septembre 1793, jour de la proclamation de la liberté générale sur la place d’armes de la ville par Sonthonax. Il La ville a ensuite été rebaptisée Port-au-Prince par Jacques Ier, le premier Empereur d’Haïti. Henri Christophe  donna à la ville le nom de Port-aux-Crimes après l’assassinat de Jacques Ier à Pont Larnage, actuellement nommé Pont-Rouge.

La deuxième ville francophone des Amériques après  Montréal a une superficie de 36,04 kilomètres carrés. Sa devise est : « Je luis pour tous ». Bâtie sur seize collines, elle est le centre patrimonial du pays parce qu’elle regroupe tout le système administratif de ce dernier.Depuis l’aéroport international Toussaint Louverture jusqu’aux bureaux des Archives Nationales, Port-au-Prince est une ville centralisée qui a subi les conséquences de l’exode rural. Elle est le centre de la vie politique et intellectuelle du pays et le siège de l’Université d’État d’Haïti créée en 1920.

Ville touristique ayant accueilli l’exposition du Bicentenaire en 1949, Port-au-Prince a été durant des années le centre d’attraction des investisseurs d’où le nombre élevé des hôtels de luxe. La place du Champ-de-Mars qui entoure le Palais National est bordée de nombreux édifices datant des années trente. On y trouve aussi le Musée d’Art, le Musée du Panthéon National, le Bureau National d’Ethnologie, la Tour 2004, l’hôpital de l’Université d’État d’Haïti. Suite aux tremblements de terre de 2010, il subsistent encore les vestiges du Palais National, de la cathédrale Notre-Dame de l’Assomption, des anciennes salles de cinéma, des traces de forts et de l’exposition du Bicentenaire. Port-au-Prince a deux avenues principales nommée en l’honneur des héros abolitionnistes américains John Brown et Charles Summer, Sénateur du Massachusetts.

Georges Corvington, écrivain haïtien, a relaté l’histoire de la ville de  Port-au-Prince dans les sept tomes de son  livre intitulé « Port-au-Prince au cours des ans ». Il a présenté la ville depuis sa fondation, en passant par l’occupation américaine  à partir du  28 juillet 1915 jusqu’au Bicentenaire de l’Indépendance. Cette occupation américaine a laissé cette séquelle qui a traversé le temps : la migration.

Avec l’expropriation des propriétés terriennes et les vagues de répressions contre la résistance armée, les paysans ont été obligés de céder sous l’ampleur de la crise et sont partis vers les plantations de sucre   cubaines et dominicaines pour le compte des investisseurs américains. Le texte intitulé « Trois études sur l’occupation américaine d’Haïti (1915- 1934) » de Max U. Duvivier, contribue à faciliter une culture de responsabilité face à ce tournant de l’histoire d’un pays indépendant.

Ensuite, ce phénomène de migration s’est poursuivi à l’intérieur du pays avec l’exode rural, ce qui a augmenté le nombre de personnes vivant dans la capitale, alors que d’autres s’enfuient, parfois de manière illégale, vers d’autres horizons, vu la vie dangereuse qui existe dans la première ville du pays.

En 2010, suite au  tremblement de terre, l’ISPAN avait lancé une opération d’identification des bâtiments historiques en vue de signaler les édifices détruits au cours de la catastrophe. Cette vaste opération a été  menée par des équipes d’architectes haïtiens spécialisés dans la conservation des biens culturels. Les fiches utilisées pour l’identification de ces bâtiments historiques  ont été numérisées et stockées dans une base de données et en lien avec une carte du centre historique. Cependant, jusqu’à présent, Port-au-Prince continue de garder les débris de ces édifices et aucun travail de reconstruction ou de restauration n’ait encore été  lancé. À  l’allure où évolue cette situation, la capitale haïtienne ne saurait espérer une quelconque renaissance à brève échéance.

Référence : Bulletin de l’Ispan, #40

Geneviève Fleury

genevievef359@gmail.com

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