Pourquoi pas beaucoup plus d’investissement dans la filière avicole à la place de l’importation d’œufs en Haïti?
3 min readLa production intensive d’œufs à partir de pondeuses n’est pas encore développée à grande échelle dans le pays. Le nombre de pondeuses installées a toujours stagné autour de 80 000 à 100 000 têtes, alors que la demande pour les œufs de table n’a pas cessé de croître. L’on se demande pourquoi l’Etat et le secteur privé n’investissent pas dans la filière ‘’ Avicole ‘’ en Haïti ?
De 2010 à 2015, en Haïti la production d’œufs a quintuplé en passant d’un troupeau de 50,000 pondeuses à un troupeau de 250,000. La production haïtienne offre une qualité de produits très avantageuse. Cependant, les producteurs n’arrivent pas à compétitionner les œufs importés qui sont dans la majorité des cas résulte le manque des moyens nécessaires et de la contrebande qui fait rage sur nos frontières.
Selon les données disponibles, sur les 150 millions d’œufs produits mensuellement en République Dominicaine, 30 millions seraient destinés au marché haïtien. En clair, le débouché que constitue le territoire haïtien paraît juteux pour les producteurs voisins.
En effet, la déstructuration de la production d’œuf dans le pays au fil des années a été très favorable à l’occupation de notre espace par les dominicains. Ce qui fait que la production d’œufs haïtienne est extrêmement faible par rapport à celle des dominicains. « Alors que dans les années 80, environ 100 000 œufs étaient produits sur une base journalière en Haïti, la production actuelle de l’une des grandes fermes du pays oscille entre 30 000 œufs par mois, pour un ensemble de 20 à 40 000 poules », a déploré Michel Chancy, secrétaire du Conseil d’Administration de l’Association haïtienne pour la promotion de l’élevage (Ahpel) et également directeur de l’ONG Veterimed.
Les contraintes liées à l’investissement dans la filière ‘’Avicole’’
La première des contraintes est reliée au respect des normes commerciales établies au niveau de la frontière Haïti-Dominicaine. Tant que les œufs importés ne seront pas déclarés aux organismes de l’État haïtien, il y aura des problèmes pour réaliser des investissements en Haïti.
La seconde contrainte concerne les aspects économiques de certains maillons de la filière plus particulièrement aux produits utilisés pour nourrir les reproducteurs ont achetés à l’extérieur du pays.
La troisième contrainte se réfère aux besoins de crédit pour réaliser les investissements nécessaires dans les différents maillons de la chaîne. Un des éléments cruciaux qui concerne plus particulièrement les taux d’intérêts appliqués sur les prêts (ceux-ci peuvent varier de 10% à 48% selon le montant du prêt et le prêteur).
Comment peut-on combattre ces contraintes ?
Pour faire face aux différentes contraintes liées à l’investissement dans la filière ‘’avicole’’, il faut que les agro-entrepreneurs de cette filière bénéficient de conseils techniques et financiers qui proviendront, soit du secteur privé, du gouvernement et des consultants privés qui appuieront des groupes de producteurs et commerçants.
Le gouvernement d’Haïti doit mettre aussi en place un programme de subvention pour appuyer la filière œufs afin d’accélérer son développement, cette politique ne devrait pas être considérée comme un repli du pays sur lui-même mais plutôt un devoir face à sa population afin de bénéficier de toutes les possibilités offertes par la croissance d’une filière prioritaire pour le pays et sa sécurité alimentaire.
Il faut qu’on approvisionne le marché en œufs fertiles nécessaires dans la production des poussins. Pour maximiser les effets multiplicateurs d’une augmentation de la production des œufs en Haïti, il faut que la majorité des intrants soient produits en Haïti, cela est possible, sinon la majorité des bénéfices seront exportés à l’étranger.
Olry Dubois
Etudiant en Agro-économie à l’Université Quisqueya(UniQ)
Olrydubois@gmail.com