Quand les membres du Conseil Présidentiel de Transition décident de ne pas respecter leur propre accord !
4 min readÀ travers une résolution adoptée le 7 mai 2024, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) a opté pour une présidence tournante qui sera coordonnée par quatre conseillers. De plus, il est mentionné que toutes les grandes décisions du Conseil et ce, à défaut d’un consensus, seront prises par une majorité qualifiée de 5 conseillers sur les 7 conseillers votants. Or le décret portant création du CPT paru au journal officiel Le Moniteur du 12 avril 2024 n’a fait mention, ni de présidence tournante ni d’une majorité de 5 sur 7 pour les grandes décisions.
Dans le document intitulé « Résolution relative à la prise des grandes décisions», le Conseil Présidentiel de Transition a fait savoir que la cohésion au sein du CPT est une impérieuse nécessité pour garantir la résolution de la crise multidimensionnelle à laquelle la nation haïtienne est confrontée. « À défaut de consensus, toutes les grandes décisions du Conseil seront prises par une majorité qualifiée de ses membres, soit cinq (5) Conseillers sur les sept (7) Conseillers votants », peut-on lire dans la résolution du CPT qui a été signée par tous les membres votants de cette nouvelle structure politique.
Aussi souligne-t-elle que ces grandes décisions en question concernent notamment les choix du Premier Ministre, des membres du gouvernement, des membres du CEP, des Directeurs généraux, des dirigeants des institutions indépendantes, des Ambassadeurs et des consuls généraux, des Conseils d’administration des organismes autonomes, des collectivités territoriales, des commandants des forces publiques.
La question de la présidence du CPT
À en croire la Résolution du 7 mai, il est mentionné ce qui suit: « Que l’on a procédé par consensus à une présidence tournante applicable aux candidats de l’élection présidentielle du 30 avril 2024, dont le premier sera Edgard Leblanc Fils (du 7 mai au 7 octobre 2024), le deuxième Smith Augustin ( du 7 octobre au 7 mars 2025), le troisième Leslie Voltaire (du 7 mars 2025 au 7 août 2025), le quatrième Louis Gérald Gilles (du 7 août 2025 au 7 février 2026).»
Selon les membres du CPT, cette décision est prise pour éviter tout dysfonctionnement du Conseil et ce, suite à la crise déclenchée au sein dudit conseil le 30 avril 2024. « L’esprit d’harmonie et de cohésion ainsi que la recherche de consensus sont maintenus de manière permanente dans tous les processus de prise de décision pendant la période intérimaire », peut-on lire dans l’article 5 de la Résolution.
Cependant, dans le document intitulé « Accord politique pour une transition pacifique et ordonnée », il est mentionné dans l’article 4.1 que « le Conseil Présidentiel est coordonné par un de ses membres faisant office de Président du Conseil et choisi/élu conformément au « Document portant organisation et fonctionnement du Conseil Présidentiel ».
Outre cela, selon l’article 3 du décret portant création du Conseil Présidentiel de Transition publié au journal officiel Le Moniteur, le Conseil Présidentiel de Transition est présidé par un de ses membres choisi par consensus ou à la majorité de ces derniers. Les deux derniers documents cités dans le texte ne font pas mention de la question de la présidence tournante à la tête du CPT.
Il importe de rappeler que l’ancien Sénateur Edgard Leblanc Fils a été désigné par une majorité composée de Smith Augustin, Louis Gérald Gilles, Emmanuel Vertilier et Edgard Leblanc Fils le 30 avril dernier pour prendre la tête du CPT. Ce groupe dénommé Bloc Majoritaire Indissoluble avait choisi par consensus Edgard Leblanc Fils comme coordonnateur du CPT. L’autre groupe était mécontent par rapport à la façon dont le processus de désignation d’Edgard Leblanc Fils comme coordonnateur du CPT s’est déroulé.
« La coalition de ces 4 secteurs s’inscrit dans la démarche de ceux qui font de la politique sans éthique. Il y a une force mafieuse tant sur le plan politique et économique qui veut à tout prix prendre le contrôle du CPT et du gouvernement pour pouvoir faire main basse sur les affaires de l’État. Cette force mafieuse veut accaparer la Transition pour pouvoir faire un partage du gâteau et des privilèges au profit d’un groupe politico-économique qui a traîné le pays dans le chaos dans lequel il se trouve aujourd’hui », dénonçait le Bureau de Suivi de l’accord de Montana (BSA) dans un communiqué rendu public le 30 avril dernier.
Jackson Junior RINVIL