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Quand l’ignorance et l’avidité alimentent l’inconscience

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Par Max Dorismond

            À regarder le tableau de nos congénères en fuite, allongés sur le plancher des vaches à l’aéroport de Boston, ou sous des tentes en pleine rue de Mexico, dans le froid hivernal, on bouillonne de rage. On se voit déjà justiciers, secourant la veuve et l’orphelin, luttant à mains nues contre les cancrelats au timon des affaires, qui font trotter, pieds nus, leurs propres frères, sur les braises de l’enfer.

Comment en sommes-nous arrivés à cette insoutenable déchéance?

De nos jours, le pouvoir en Haïti n’établit aucune frontière entre l’idiot et le cancre. N’importe qui peut se métamorphoser président, premier ministre, ministre, directeur, député, sénateur, ambassadeur, amenez-en ! Pour y parvenir, un faux diplôme obtenu pour 200,00$ d’une université sans adresse : Maître Zabel1 est déjà au nirvana. Sans épaulettes, l’analphabète doit s’offrir du panache dans la distorsion du réel !

Le clan parvient au timon des affaires. Les Bêchons Joyeux ont la part belle de disposer de la manne à titre de propriété privée, avec le droit d’user et d’abuser. La nation sera dépecée en chantant : « Le temps béni est arrivé. C’est à notre tour de nous parler d’amour ». La jeunesse oisive et désœuvrée s’est laissée embobiner sans détour en créant des gangs. Elle a reçu en récompense des Kalachnikovs et d’autres armes létales, comme à l’époque de Papa Doc, pour perpétuer l’instabilité et garantir, dans la déchéance, la permanence de cette présidence accidentelle tombée du ciel.

Dans la réalité, ces gangs ont royalement manœuvré, en expert, selon la commande des bénéficiaires. La gêne, la disgrâce, la faim, le kidnapping et la mort… tout le vocabulaire de la déshumanisation habille le décor, et la fuite vers une autre terre d’accueil s’impose pour le peuple qui doit sauver sa peau et celle de ses proches.

L’International sourit en soupirant d’aise, car une main-d’œuvre, servile et corvéable à souhait, arrive tambour battant à sa frontière, pour s’occuper des tâches les plus ingrates que ses propres ressortissants ne daignent accepter.

Ces migrants malgré eux, sont désirés secrètement quoi qu’en disent les statistiques alarmantes ou les politicards hypocrites paniqués face à leur nombre. Pour que le pays d’accueil maintienne le niveau de vie de ses concitoyens, ils seront très utiles en suppléance dans la cueillette des fruits, la récolte de la salade, dans le nettoyage des chiottes, etc, pour un salaire de misère.

Les cancrelats au pouvoir se congratulent « d’avoir servi le blanc depuis plus de 25 ans » et la tradition continue. Un tweet viendra toujours désigner le suivant ! Toutefois, à voir la liste des sanctionnés, nous avons la preuve que le colon ne récompense presque plus l’obéissance et la servilité.

Cependant, quoiqu’il advienne, ces pauvres hères arrivent au pire moment, les mains nues et sans expérience transférable, au temps où l’Intelligence Artificielle (IA) frappe à nos portes avec insistance. Sur la liste, beaucoup de jobs valorisants sont déjà effectués ou accaparés par l’IA. Les vendeurs de chez Macdonald, par exemple, les caissières des grandes chaînes de magasins, n’existent plus ou sont sur leur dernier mille. Par ailleurs, la banque d’investissement Goldman Sach estime déjà à 300 millions le nombre d’emplois dans le monde que des systèmes d’Intelligence Artificielle seraient susceptibles de remplacer. Soit environ un quart de l’activité mondiale2. De quoi hériteront ces nouveaux venus, sinon les pires boulots ?

Forcés de s’expatrier, seront-ils les nouveaux juifs errants de la modernité ? Sans jugement, messieurs les gouvernants, vous êtes aveuglés par les flammes rougeâtres du pouvoir absolu et des pièces sonnantes et trébuchantes. Vous avez perdu toute notion de charité, tout sens de l’honneur en forçant vos semblables à l’exil.

Finalement, le pillage, sans sourciller, sans commune mesure, de votre propre pays, pour aller briser les plafonds de verre chez l’étranger, ne vous conférera aucune immunité. Selon un classement de Transparency International, de 2018, sur la perception de la corruption, « Haïti est imbattable3 ». Elle est la championne incontestée dans ce domaine.

Par conséquent, lorsque le pays hôte regarde, ébahi, l’étalage des déchets de votre race, traînant sa natte sur ses boulevards, dans ses aéroports, dans ses trous à rats, il ne sera nullement surpris de votre providentielle richesse. À l’instar des Péteurs de tête, continuez de vous bercer d’illusions !

L’hôte ne verra en vous, ni plus ni moins, que des macaques confus qui se sont trompés de la couleur de leur ombre ! On a tous le droit d’être cons, néanmoins, certains abusent sans vergogne de ce privilège.

Max Dorismond

-NOTE-

1 – Maître Zabel, alias Zabelbock, avocat débonnaire dans le théâtre de Maurice Sixto « Ti Saintanise »

2 – Src: BFMTech & Co.

3 – Journal La Presse de Montréal du 31 janvier 2024

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