Rachelle Exantus, pour l’épanouissement et le bien-être des femmes !
5 min readJournaliste et militante pour les droits des femmes, Rachelle Exantus est la fondatrice du « MOFAPWO » (Mouvman Fanm Sektè Pwogresis), une structure féministe qui œuvre dans l’avancement de la lutte pour les droits des femmes. Femme très engagée dans sa communauté, elle se bat pour l’épanouissement et le bien-être des femmes, dans toutes les structures de vie et clame que les droits des femmes sont des droits humains !
Dévoreuse de bons livres et mélomane sans égale, Rachelle Exantus a vu le jour un 9 avril, à Port-au-Prince. Benjamine d’une famille de trois enfants, elle a été élevée par Louna Valérus, sa mère, une femme courageuse et exceptionnelle. Quoique surchargée de travail à cause de ses activités de commerçante, sa mère trouvait toujours le temps de s’occuper de la famille et de les emmener dans des fêtes champêtres, des festivals, des danses vaudou et des kermesses. Surnommée « Madan Marcel », comme dans la chanson de Coupé Cloué, sa mère était autant vaudouisante que catholique et ne manquait pas d’utiliser son verbe et ses poings quand ses droits ou ceux des autres étaient menacés.
Tenant de sa mère son goût pour la défense des droits humains, Rachelle est une femme engagée dans sa communauté, dès l’aurore de sa vie. Dans son entourage, il était courant que des femmes se fassent violenter par leur conjoint. Le silence volontaire des uns, le choix délibéré des autres de fermer les yeux sur ce mal cancéreux, l’irritaient gravement. Mais un jour, sa mère lui a montré qu’il ne fallait pas fermer les yeux dans les situations de violences et d’injustices en défendant une femme qui se faisait frapper par son conjoint. Elle devait avoir 12 ou 13 ans et s’est également immiscée dans la bagarre pour défendre sa mère et sa voisine. À partir de ce jour, elle a pris conscience du danger que représentait la violence et a décidé qu’elle ne vivrait jamais pareille situation dans sa vie.
Croyant fortement en l’égalité des droits et en l’épanouissement de tous sans discrimination, la militante se plaisait à participer à des rencontres dans les salles paroissiales de Saint-Joseph, dans les années 1987 et 1988, où l’on abordait les questions d’égalité des droits humains et de bien-être généralisé. Amoureuse de la lecture, Rachelle arpentait les bibliothèques à la recherche d’ouvrages parlant de femmes fortes et révolutionnaires, elle se laissait emporter par ses lectures et s’inspirait de ces personnalités féminines qui ont semé les premières graines du féminisme dans sa tête. À cette époque, elle n’était pas encore consciente de ce que le mot « féminisme » impliquait, mais les premières graines de ce mouvement commençaient à germer dans sa tête et dans son cœur.
Ancienne du collège Colimon Boisson et du Nouveau Collège Bird, Rachelle a suivi une formation professionnelle à l’Institut de Communication et de Relations Publiques (ICORP) où elle étudia le journalisme, et à l’Institut Français d’Haïti où elle obtint un diplôme approfondi en langue française. En dehors de ces activités, la journaliste est également une mordue du tourisme local, héritage de son enfance. Féministe dans la chair et dans le sang, Rachelle a fondé en 2008 le « Mouvman Fanm Sektè Pwogresis » (MOFAPWO), une organisation qui se veut être un partenaire solide des femmes du secteur populaire haïtien.
MOFAPWO se donne la noble mission d’accompagner les femmes à tous les niveaux. L’organisation s’implique également dans la formation et la sensibilisation des jeunes sur le civisme et les droits humains, la sexualité et les risques liés à cette dernière. Association socio-politique, MOFAPWO accompagne les femmes, notamment en octroyant des prêts aux commerçantes et en aidant les jeunes filles à acquérir une formation professionnelle. Cette organisation s’investit sans relâche dans la lutte pour le respect des droits humains, pour un changement de vie et un développement durable en Haïti. Cependant, la militante souligne que les turbulences socio-politiques et sociales qui bouleversent le pays ont un impact négatif sur la réalisation de nombreux projets, contraints d’être mis en veilleuse.
Rachelle s’engage à défendre ses convictions partout, envers et contre tout. « Je suis féministe, c’est une idéologie, une conviction et c’est une évidence que les femmes ont le droit de s’épanouir, que ce soit sur le plan économique, politique, sociale et religieux », déclare la militante avant d’ajouter que le meilleur moyen de parvenir à une société égalitaire où il n’y aurait plus de barrières pour les femmes est de construire une société basée sur une éducation de qualité. Elle estime que l’on devrait mettre en place une structure éducative favorable aux garçons et aux filles en changeant les tendances machistes. Si l’on veut vraiment une société égalitaire, dit la fondatrice de « MOFAPWO », il serait important de revoir le curriculum de l’éducation que reçoivent nos enfants.
Aujourd’hui, dans un contexte particulièrement difficile, Rachelle conseille aux jeunes filles de profiter de l’héritage légué par le féminisme, de s’épanouir, de rester vigilantes, de continuer à faire passer le mot et de se battre pour que certaines pratiques disparaissent. À celles qui sont enfermées dans le mutisme, elle leur dit qu’elles ne sont pas seules et elle les invite à chercher de l’aide. Rachelle Exantus, cette femme qui s’est engagée sans retenue dans la lutte pour les droits des femmes s’adresse ainsi aux femmes martyrisées : « Vous n’êtes pas seules et sans défense, c’est peut-être compliqué, mais les structures féministes sont là pour vous aider ; le féminisme est là pour vous ! »
Leyla Bath-Schéba Pierre Louis
Pleyla78@gmail.com