Reconstruction de l’HUEH : un projet toujours inachevé après plus de 10 ans
3 min readL’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH) communément appelé l’Hôpital général, a été fortement endommagé par le séisme du 12 janvier 2010. En effet, depuis mai 2011, il a été question de débuter sa reconstruction selon la fiche technique disponible. Les travaux qui devraient achever en 2020 sont, au 9 juillet 2024, au point mort en raison des graves crises sociopolitiques et sécuritaires qui rongent le pays. Des officiels du gouvernement ont effectué une visite dans les locaux de cet hôpital vandalisé par les bandits armés.
Depuis fin février 2024, plusieurs institutions publiques ou privées situées dans les périmètres de l’Hôpital général sont non opérationnelles à cause de la montée en puissance des gangs armés qui occupent la majeure partie de ces zones. Les bandits ont percé les murs de plus d’une dizaine de pharmacies à la rue Monseigneur Guilloux afin de créer leurs zones stratégiques. En effet, l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH) a été l’une des principales cibles des bandits. Les médecins, les patients et les agents de sécurité ont été obligés de vider les lieux de peur d’être victimes de balles perdues. L’espace est abandonné depuis plusieurs mois et a servi comme cachette pour les hommes armés.
Suite à une opération menée le 7 juillet dernier par les forces de l’ordre en collaboration avec les officiers kenyans, le directeur général a.i de la Police Nationale d’Haïti (PNH), Rameau Normil a affirmé avoir repris le contrôle dudit hôpital. En ce sens, pour évaluer les dégâts causés par les affrontements des gangs, le Premier ministre Garry Conille et le conseiller-président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) Louis Gérald Gilles accompagnés du directeur général a.i de la PNH, ont effectué, le mardi 9 juillet, à Port-au-Prince, une visite à l’Hôpital général.
À travers une vidéo devenue virale sur la toile, on peut constater combien la coalition de gangs dénommée “Viv Ansanm” a ravagé les locaux de cet important hôpital public. Les murs du nouveau bâtiment en construction sont criblés de balles, les fenêtres et les portes ont été emportées ou brisées. Cet acte de barbarie est une perte énorme qui demanderait d’importants ré-investissements pour finaliser le projet de réhabilitation de l’HUEH.
À en croire l’Ambassadeur de France en Haïti, Fabrice Mauriès, les attaques perpétrées au sein de cet édifice sanitaire représentent non seulement un coup dur pour le secteur médical, mais ils suscitent également de l’indignation. « Mon cœur se serre à la vision de cette vidéo du site du chantier de l’hôpital général de Port-au-Prince financé notamment par @AFD_France. Des années de travail sans doute perdues et l’ouverture de l’hôpital encore repoussée au sortir de 4 mois d’anarchie. Honte et indignation », déplore-t-il sur son compte X.
Ce projet a été soutenu par l’Agence Française de développement (AFD) et la coopération américaine qui ont alloué chacun 25 millions de dollars américains pour construire un hôpital moderne de haut niveau dans le but d’améliorer les services médicaux. L’État haïtien a soutenu le projet à hauteur de 33 millions de dollars américains. En juin 2023, la firme chargée de la reconstruction avait décidé d’arrêter les travaux en raison du climat sécuritaire, jusqu’au moment de la rédaction de cet article, aucune date n’est fixée pour la reprise des travaux.
Toutefois, 24 heures après la visite du Premier ministre, les gangs armés ont attaqué de nouveau les locaux de l’HUEH, le 10 juillet. De plus, des informations on fait savoir qu’un building aux alentours dudit hôpital a été enflammé le 11 juillet, 3 jours après que les forces de l’ordre disent avoir pris le contrôle de la zone. Cette nouvelle attaque suscite des questions quant à l’autonomie de l’État haïtien pour garantir en toute quiétude la sécurité des citoyens.
Marie-Alla Clerville