Arrêté par l’ICE en date du 17 juillet 2025, l’homme d’affaires haïtien Pierre Réginald Boulos a comparu devant le tribunal de l’immigration ce 31 juillet. À la suite de son audience, le juge a décidé qu’il restera en détention dans un centre d’immigration américain en attendant sa prochaine audience prévue le 26 août 2025, rapporte le journal américain Miami Herald.
L’homme d’affaires haïtien Pierre Réginald Boulos est toujours dans la tourmente. Car à présent, il se trouve en détention dans un centre d’immigration américain. L’homme fort d’Haïti est accusé d’être de connivence avec les gangs armés en Haïti par les autorités américaines. Immigration and Customs Enforcement (ICE) accuse M. Boulos d’avoir violé la loi sur l’immigration et la nationalité après avoir omis de divulguer son implication dans la formation d’un parti politique en Haïti, le Mouvement pour la transformation et la valorisation d’Haïti, lorsqu’il a demandé la résidence permanente aux États-Unis. Dans des publications sur les réseaux sociaux et un communiqué publié après son arrestation, l’agence l’a également accusé de « contribuer à la déstabilisation d’Haïti » en se livrant à la violence et en collaborant avec des gangs armés.
Pierre Reginald Boulos, qui a comparu jeudi (31 juillet) devant le tribunal de l’immigration, devra revenir devant le tribunal le mois prochain après qu’un juge du centre de traitement des services de Krome North a décidé qu’il ne pouvait pas être libéré.
À en croire son avocate, Atara Eig, qui le représente aux côtés d’autres avocats du cabinet Candela, Eig & Jurgens, le juge de l’immigration a estimé que le Dr Boulos était soumis à une détention obligatoire à ce stade de la procédure, en vertu d’une réglementation rarement citée. « Nous avons réservé notre appel sur cette question et déposerons un avis d’appel dans les 30 prochains jours », a déclaré l’avocate de Pierre Réginald Boulos, Atara Eig, soulignant que la prochaine audience, prévue le 26 août, porterait sur des questions de procédure.
Les avocats ont déclaré que, bien qu’aucune question de fond n’ait été abordée jeudi, ils prévoient de faire appel d’une décision antérieure de lui refuser sa libération sous caution. Médecin de formation, M. Boulos a comparu devant le tribunal peu après huit heures du matin jeudi, vêtu d’orange.
Dès le début de son audience, il était accompagné de ses enfants et d’autres membres de sa famille, certains présents dans la salle d’audience, d’autres en ligne. Après qu’Eig eut soulevé des inquiétudes en matière de sécurité, le juge Jorge Pereira a interdit l’audience aux personnes qui la suivaient en ligne.
Dans une déclaration au Miami Herald, les membres de la famille ont déclaré qu’eux-mêmes et Boulos s’engageaient à traiter les allégations par les canaux appropriés et étaient impatients de présenter un compte rendu complet des faits.
« Notre père est un père et un grand-père dévoué, toujours présent pour ceux qu’il aime. Nous sommes à ses côtés et sommes convaincus que la vérité triomphera », a déclaré la famille. Boulos est retourné aux États-Unis en 2021, selon le communiqué, « après des décennies de service en Haïti en tant que médecin de santé publique, humanitaire et entrepreneur », supervisant les initiatives de vaccination et de soins maternels en partenariat avec des organisations internationales bien connues et a ensuite fondé diverses entreprises qui ont collectivement créé plus de 3 000 emplois.
Parmi ces commerces figure un concessionnaire automobile qui, selon la famille, a été incendié par la coalition Viv Ansanm, un gang armé avec lequel les autorités américaines accusent Boulos de collaborer. En mai, le secrétaire d’État Marco Rubio a désigné la coalition comme une organisation terroriste internationale. « Au-delà de l’impact personnel, cette affaire soulève des inquiétudes plus larges quant au risque humanitaire », a ajouté la famille dans son communiqué. « L’expulsion vers Haïti dans les conditions actuelles présente des menaces graves et bien documentées pour la sécurité personnelle ».
M. Boulos est l’Haïtien le plus influent à être détenu par l’administration Trump, qui a tenté ces derniers mois de réduire les protections contre l’expulsion et les permis de travail de plus d’un demi-million d’Haïtiens se trouvant temporairement aux États-Unis. Parallèlement, le Département d’État s’efforce de démontrer sa volonté de punir ceux qui financent les gangs haïtiens, qui ont chassé plus de 1,3 million d’Haïtiens de chez eux, tué des milliers d’entre eux et laissé près de 6 millions d’Haïtiens en difficulté alimentaire.
Alors que l’audience de M. Boulos se déroulait à Krome, une quinzaine de manifestants se sont rassemblés devant le palais de justice Wilkie D. Ferguson Jr., situé au 400 N. Miami Avenue, dans le centre-ville de Miami. Croyant que son audience se déroulait au tribunal fédéral, les manifestants espéraient apercevoir l’homme d’affaires. Ils brandissaient des pancartes exigeant que Boulos soit maintenu en prison et non expulsé vers Haïti, où, selon eux, il serait libéré.
Le cas de l’ancien sénateur Nenel Cassy
Il importe de rappeler par ailleurs que la Police Nationale d’Haïti a procédé à l’arrestation de l’ancien sénateur Nenel Cassy ce samedi 2 août 2025 à Petion-Ville. Selon les autorités policières, l’ancien parlementaire a été arrêté pour ses relations avec les gangs armés.
Aussi faut-il souligner, qu’au cours de la période 2016-2017, le patrimoine de l’ancien Sénateur Nenel Cassy a subi une variation à la hausse, soit une augmentation de 277%, alors que ce dernier n’a pas été capable de « raisonnablement justifier l’augmentation disproportionnée de son patrimoine par rapport à ses revenus légitimes », selon le rapport d’enquête de l’ULCC qui avait recommandé à cet effet la mise en mouvement de l’action publique contre M. Cassy.
Jackson Junior Rinvil