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Rentrée des classes 2022-2023 : « J’ai déjà dépensé plus que je ne gagne », se plaint un parent

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La question des fournitures  scolaires représente un véritable casse-tête pour beaucoup de parents avec la rentrée des classes fixée pour ce 3 octobre 2022. Dans un contexte exceptionnel de pénurie de carburant et vu son prix exagéré, entre autres,  beaucoup de parents s’inquiètent. Si l’on s’en tient seulement aux fournitures classiques, un parent affirme à  la rédaction de Le Quotidien News qu’il a déjà effectué des dépenses au-dessus de ses moyens.

Le commerce au sein des établissements scolaires est une chose très courante en Haïti. Les institutions classiques ont la grande habitude de vendre toutes sortes de fournitures aux élèves. Des livres, des cahiers,  même des uniformes  et d’autres matériels didactiques sont disponibles à l’économat, à des prix qu’ils fixent eux-mêmes, sans aucun contrôle des autorités. Ainsi, le titulaire du Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP), Nesmy Manigat a-t-il  informé dans une circulaire publiée le 8 septembre, qu’à partir de l’année académique 2022-2023, les institutions scolaires de la République d’Haïti devront avoir l’autorisation des autorités concernées pour pratiquer le commerce de n’importe quelle fourniture.

À seulement quelques jours de la rentrée scolaire, les parents et les élèves s’inquiètent. D’un côté, il y a la situation politique, sociale et sécuritaire du pays qui n’est pas propice pour une rentrée des classes calme et sereine. D’un autre côté, ils s’inquiètent des nouvelles mesures prises par le MENFP ces derniers jours. Laura et Marthe, respectivement bachelière et mère d’une petite écolière de 6 ans, expriment leurs inquiétudes à ce sujet, dans les colonnes de Le Quotidien News.

« La rentrée des classes devait se faire la semaine prochaine, mais avec les manifestations à répétition et la hausse des prix des transports en commun, je doute fort que l’école puisse reprendre normalement la semaine prochaine », fait savoir la  bachelière. « Je m’inquiète un peu, car cette année, je vais subir les épreuves du baccalauréat. D’ailleurs, plus je perds des jours de classe, plus ce sera difficile de boucler l’année académique; et avec les prix des produits qui augmentent, ça l’est encore plus! », confie Laura qui s’abstient de mentionner l’établissement qu’elle fréquente.

Pour ce qui a trait à la décision du MENFP de régulariser le commerce dans les institutions scolaires, Laura confie que cette nouvelle l’a enchantée. « J’ai été heureuse d’apprendre cette nouvelle, car dans l’établissement où je suis depuis la première année fondamentale, chaque année mes parents achètent des fournitures à des prix exorbitants ». Toutefois, je n’ai pas l’impression que dans la pratique cette mesure soit appliquée. Je me suis rendue au Collège, le mois dernier et on m’a tendu une liste remplie de choses que je devrais acheter uniquement à l’école: une blouse blanche imprimée du logo de l’école qui se vend à 3000 gourdes, des chaussettes pour les élèves de primaire aussi, des tenues de sport, entre autres », a-t-elle confié.

Outre cette mesure, le MENFP a aussi mis sur le marché un manuel scolaire unique en langue créole à l’intention des deux premières classes du premier cycle. Ce nouveau manuel contenant les matières principales est à la disposition de toutes les écoles primaires, en vue de soulager économiquement les parents et de réduire les inégalités existant dans le milieu scolaire. Dans un communiqué publié le 5 juillet dernier, le MENFP avait annoncé ce changement  et avait exhorté les parents et la communauté éducative toute entière à mettre la main à la pâte pour faciliter la mise en œuvre de cette mesure.

Selon Marthe, cette mesure ne pourra pas être mise en œuvre cette année qui débute déjà dans un contexte particulier. La jeune mère souligne qu’il faut beaucoup plus de préparation pour que toutes les écoles puissent utiliser le même manuel. « D’ailleurs, ma fille entre en première année, la liste ne mentionne pas le livre du Ministère, mais les livres habituels. J’en ai déjà acheté quelques-uns à l’école et il m’en reste d’autres. Je pense que cette mesure est très récente, peut-être que l’année prochaine elle sera en vigueur. Je dis bien peut-être, car l’idée d’un manuel en créole, pour des enfants aussi jeunes qui apprennent à peine la langue française, ne fait pas l’unanimité! »,  a fait savoir la jeune femme.

« Cette année encore, les fournitures m’ont coûté une fortune. Entre les uniformes, les livres, les cahiers, pour ne citer que ceux-là. En plus, chaque  année, ces derniers augmentent. Pour ma petite de six ans qui entre en premier cycle, j’ai déjà dépensé plus que je ne gagne. Malgré la bonne volonté du Ministre pour soulager les parents, cela ne suffit pas. De toute façon, en Haïti, il faut plus que de la volonté pour accomplir quelque chose. Cependant, j’espère que l’année prochaine, tout va s’arranger! », conclut Marthe.

En effet, les fournitures classiques constituent, à chaque réouverture des classes, un problème pour les tuteurs et tutrices. Leurs prix augmentent chaque année. Beaucoup de parents se plaignent de ces dépenses incontournables et pensent que l’État a un rôle à jouer dans la régulation des prix des fournitures classiques. Malgré les efforts du Ministère pour régulariser la question, beaucoup estiment que dans la pratique ce n’est pas suffisant et espèrent bénéficier d’un réel soulagement!

Leyla Bath-Schéba Pierre Louis

Pleyla78@gmail.com

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