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Que peuvent attendre les ouvriers d’un éventuel ajustement du salaire minimum ?

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Le Gouvernement d’Ariel Henry a augmenté pour  la deuxième fois le prix des produits pétroliers à la pompe. Une décision approuvée par la Chambre de Commerce et d’Industrie de l’Ouest (CCIO) qui se dit favorable à une éventuelle augmentation du salaire minimum dans une note datée du 24 septembre 2022. Interviewé par le journal Le Quotidien News, l’économiste Guy Mary Hyppolite estime que l’ajustement du salaire minimum ne va pas résoudre le problème pour autant  parce que le pays est dans « une spirale inflationniste ».

La spirale inflationniste, selon l’économiste Guy Mary Hyppolite, est un phénomène économique qui provoque une série d’enchaînements de hausses des prix des facteurs de production affectant les indices de prix et les salaires. « Cela a une répercussion sur les prix de vente des biens qui continuent  d’augmenter. En ce sens, les salaires sont ajustés également car ils sont indexés sur les prix au moyen des indicateurs, à titre d’exemple l’indice des prix à la consommation (IPC). Ces augmentations de salaire entraînent des augmentations de coûts », explique-t-il. « Cette spirale a un problème supplémentaire : les décisions de politique économique finissent toujours par affecter un groupe. Si l’État intervient sur les salaires et ne permet pas leur indexation, le pouvoir d’achat du travailleur sera diminué considérablement. S’il intervient sur le marché, pour éviter les projections d’inflation des prix, c’est l’homme d’affaire qui va être touché par une telle mesure », a-t-il poursuivi.

Le climat politique actuel du pays est tendu depuis l’augmentation des prix des produits pétroliers. Des mouvements de protestation sont organisés. Des scènes de pillage sont enregistrées dans certaines villes du pays. Haïti est en plein chaos. Et cela risque de ne pas s’arrêter même si le gouvernement d’Ariel Henry décide d’ajuster le salaire minimum. « L’ajustement du salaire minimum ne sera pas suffisant pour faire revenir le calme dans le pays. Les dirigeants n’inspirent aucune confiance à nos concitoyens », pense M. Hyppolite.

La lecture de M. Hyppolite par rapport à la position de la CCIO en ce qui a trait à la levée de la subvention sur les  produits pétroliers

La CCIO dit comprendre la décision prise par le Gouvernement pour éliminer la subvention du carburant en vue d’assainir les finances publiques. « L’ajustement du prix du carburant n’est profitable qu’à ceux qui l’importent  ainsi qu’à l’État prédateur qui n’applique point ses tâches régaliennes », déclare l’économiste Guy Mary Hyppolite en soulignant que le Gouvernement refuse de revenir sur sa décision parce qu’il s’agit d’un secteur où les taxes  sont faciles à collecter.

La CCIO demande à la BRH, l’AGD, le MEF et le MCI de supporter les entreprises du secteur privé victimes de « cet énième peyilòk »

« Ces deux semaines de fermeture qui semblent vouloir s’étendre davantage ont d’énormes  conséquences économiques sur le secteur privé des affaires […]. Nous appelons donc les institutions publiques telles que la BRH, l’AGD, le MEF et le MCI à prendre leurs responsabilités afin de supporter les entreprises du secteur privé  pour leur éviter la faillite », peut-on lire dans  cette note. La CCIO précise qu’un État responsable devrait mettre en place immédiatement les ressources et les outils adéquats pour reprendre le contrôle de la situation et permettre aux activités de redémarrer.

La CCIO demande des sanctions contre certains acteurs économiques

« […]  Étant donné que le Premier Ministre ainsi que certains acteurs importants de la communauté internationale ont confirmé que cette crise était l’œuvre d’acteurs politiques et économiques identifiés comme auteurs de ce nouveau « peyi lòk », nous  exigeons  qu’ils prennent les dispositions qui s’imposent contre lesdits auteurs », lit-on. « Ces accusations sans sanction mettent en danger le secteur privé en entier »,  déclare la CCIO.

La réaction des Associations Patronales sur le discours du Ministre des Affaires Étrangères Jean Victor Généus par devant le Conseil de Sécurité des Nations Unies

Quelques jours après ( le 27 septembre)  l’approbation par la CCIO  de la levée de la subvention sur le carburant,  un ensemble d’associations patronales, la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Haïti (CCIH), l’Association Touristique d’Haïti (ATH), l’Association  des Industries d’Haïti (ADIH), la Chambre de Commerce et d’Industrie Canado-Haïtienne (CCICH) et la Chambre Américaine de Commerce en Haïti (AmChamHaiti) a écrit au Premier Ministre de fait Ariel Henry en vue de rétablir la vérité sur le discours du Ministre des Affaires Étrangères et des Cultes d’Haïti, Jean Victor  Généus, par devant le Conseil de Sécurité de l’ONU. Durant son discours, M. Généus a déclaré : « Je suis en mesure d’annoncer qu’à l’exception de quelques cas isolés, la situation est globalement sous contrôle ». C’est cette déclaration qui a provoqué la réaction des associations patronales.

Ces dernières ont fait savoir au Chef de la Primature qu’elles ont  été profondément surprises par les propos irresponsables tenus par le Ministre Généus devant le Conseil de Sécurité de l’ONU, car il ne reflète en aucun cas la réalité de la situation actuelle  du pays.« […] Nous ne pouvons qu’imaginer que le Ministre des Affaires Étrangères, étant peut-être étranger aux affaires locales, a dû être mal informé en affirmant au Conseil de Sécurité de l’ONU que la « situation est sous contrôle » , peut-on lire dans la lettre. « […] Vu les conséquences d’une telle déclaration, les associations patronales estiment qu’il est du devoir du Gouvernement de remédier rapidement à cet impair diplomatique en offrant un nouveau message officiel véridique au Conseil de Sécurité de l’ONU, pour l’informer de la réalité sur le territoire », recommandent les associations patronales qui ont fait deux sorties publiques en l’espace dequatre jours.

Jackson Junior RINVIL

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