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Reprise des activités scolaires : La plaine du Cul-de-Sac reste aux aguets face à la menace des gangs

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Les activités scolaires dans le pays peinent à reprendre leur cours normal. Après une timide reprise le 7 novembre dernier, le fonctionnement progressif des écoles dans le pays a atteint la barre des 50% le 5 décembre 2022. Cependant, dans la sous-région de la plaine du Cul-de-Sac où la menace armée est présente en permanence, la situation est loin de retrouver sa normalité.

Selon les données du Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP), 53% des écoles ont repris leurs activités au  5 décembre 2022. Après avoir été retardée à deux reprises en raison des différentes crises que traverse le pays, l’ouverture des classes accuse aujourd’hui trois mois de retard sur un hypothétique calendrier scolaire normal. La moitié des écoles du pays prévoient de reprendre leur fonctionnement en janvier 2023. Avec 7% le 7 novembre 2022, 9% le 14 novembre, 17% le 21 novembre, 35% au 28 novembre, le nombre d’écoles ayant repris leur fonctionnement augmente de jour en jour selon le MENFP.

Cette reprise se fait à des échelles différentes dans les différents départements du pays. Ce lundi 5 décembre, le MENFP a indiqué que 770 institutions scolaires ont rouvert leurs portes dans le département du Nord-Ouest, ce qui représente 53% du nombre total, 115 écoles dans le Département du Nord, soit 12%, le plus bas taux jusqu’à présent. Suivent le Nord-Est avec 85 écoles (14%), l’Artibonite 954 écoles (36%), le Centre 1 179 écoles (85%), l’Ouest 3 531 écoles (56%), le Sud-Est 624 écoles (45%), les Nippes 597 écoles (84%), la Grand-Anse 554 écoles (76%), et le département du Sud avec 1 287 écoles, soit le plus haut taux jusqu’à présent, 90% du total de ses institutions scolaires. 

Une reprise sous haute vigilance en plaine du Cul-de-Sac

Les violences se poursuivent sans répit dans la sous-région de la plaine du Cul-de-Sac. Selon des professeurs de la plaine, s’étendant sur des kilomètres au nord et à l’est de Port-au-Prince, les écoles ont en grande majorité repris, mais elles reçoivent – presque toutes – les élèves en civil, sans leurs uniformes. « Dans toutes les zones de la sous-région l’école a repris du service, sauf dans le centre-ville de Croix-des-Bouquets et la zone de Canaan où la présence des gangs armés rend instable la reprise des cours », a affirmé Fedner Joseph Vixamar, directeur d’une école à la Croix-des-Bouquets lors d’une interview accordée au journal Le Quotidien News.

Selon lui, la peur explique ce retard de la rentrée scolaire, mais la situation tend à s’améliorer. « Les affrontements avaient cessé depuis belle lurette. C’est la peur des parents d’élèves et l’augmentation exagérée des frais de transport qui avaient bloqué la rentrée. Mais aujourd’hui, les enfants traversent à nouveau des communes pour se rendre à l’école, la situation s’améliore ». Pour le directeur Vixamar, malgré les conditions difficiles, la plupart des élèves font preuve d’enthousiasme. « Il est vrai que les conditions générales d’apprentissage ne sont pas acceptables, des parents disent garder leurs enfants pour le mois de janvier, mais chez ceux qui osent venir on peut constater qu’ils veulent apprendre », a-t-il indiqué.

Pour Hugues-Kapè Mondésir, professeur de philosophie en plaine du Cul-de-Sac, le constat est plus sombre. Selon lui, les trois mois de « peyi lòk » ont beaucoup affecté les écoles et ont impacté la rentrée au niveau logistique, matériel et économique. « La rentrée se fait donc peu à peu », rappelle-t-il. Selon lui, il s’agit d’une « année à sauver », et en aucun cas d’une situation normale. « Les écoles qui ont ouvert leurs portes dans la commune de Croix-des-Bouquets fonctionnent avec un effectif réduit, beaucoup d’enfants sont gardés chez eux », dit-il.

Pour le professeur, il est important de rappeler que les professeurs sont également impactés par la crise sécuritaire au niveau de la sous-région, et une forte tendance d’abandon est constatée. « C’est pareil pour les professeurs. Le coût du transport a beaucoup augmenté et l’insécurité met tout le monde à mal. La frustration est présente et beaucoup pensent à laisser tomber, sans même avoir d’autres activités pour subvenir à leurs besoins, ainsi qu’à ceux de leurs familles », affirme-t-il.

Une ville en mode survie

Les attaques armées n’ont pas cessé depuis plusieurs mois en plaine. Dans la commune de la Croix-des-Bouquets où passent plusieurs routes nationales reliant différents départements du pays, le transport est complètement paralysé. Que ce soit au niveau de la zone de Canaan avec les routes conduisant dans le grand Nord ou au niveau des zones de « La Trembley » ou de Ganthier conduisant au département du Sud-Est, le transport est à l’arrêt. Ces deux routes sont également internationales, menant à des points frontaliers avec le République Dominicaine, que ce soit à Belladère ou à Malpasse.

 « La violence des gangs n’a pas cessé à la Croix-des-Bouquets, la ville va vraiment mal. Il y a tellement de violences, d’actes de Kidnapping, d’assassinats et de viols », se plaint le professeur Hugues-Kapè Mondésir. Sur les quelques élèves qui osent s’aventurer vers les écoles, la menace armée est une réalité. « Ils survivent! Marchant côte-à-côte avec leurs cercueils. C’est dans cet état d’esprit que se fait la reprise des cours à la Croix-des-Bouquets », explique le professeur. Pour lui, la situation a atteint son paroxysme et il ne voit pas de possibilité de s’accommoder en cas d’aggravation. « Si la situation venait à empirer, nous n’aurions qu’un seul choix: l’abandon, le sauve-qui-peut ».

Clovesky André-Gérald Pierre

cloveskypierre1@gmail.com

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