Retour sur les violences sexuelles sur les femmes en nette augmentation et les services sanitaires qui sont au plus bas !
3 min readLes groupes armés continuent de faire pression sur la population haïtienne. Les cas de meurtre, dans les quartiers sous le contrôle des bandits, sont encore à l’ordre du jour. Alors que les services sanitaires dans les hôpitaux et centre de santé sont de plus en plus exposés à des difficultés, des femmes et des filles se font violer quotidiennement. Les chiffres de l’Organisation des Nations Unies (ONU) sont accablants.
Les crimes sexuels ont longtemps été un outil d’intimidation et d’exploitation utilisé contre les femmes. À Port-au-Prince, outre les armes à feu, les gangs se servent des violences sexuelles pour répandre la terreur et marquer leur territoire. Selon l’ONU, ces violences concernent près de la moitié de la population. En effet, les femmes en Haïti représentent 5,2 millions de la population totale. Lors d’une réunion du Conseil de l’ONU, le 26 avril dernier, la nouvelle émissaire de l’ONU en Haïti, Maria Isabel Salvador, a souligné que les violences à l’encontre des Haïtiennes augmentent, parallèlement aux besoins humanitaires de ces dernières.
Mme Salvador a affirmé que des entretiens du Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) ont confirmé que les gangs continuent d’utiliser les violences sexuelles, les viols collectifs pour terroriser la population. D’ailleurs, selon un rapport du BINUH et du Haut-Commissariat des Nations Unies des Droits de l’Homme (HCDH) publié le 9 mai dernier, environ 49 filles et femmes ont été victimes de viols individuels et collectifs par les gangs dans la commune de Cité-Soleil, au cours du mois d’avril.
Alors que les petites filles, les adolescentes, les adultes et les femmes âgées continuent d’être violées, les centres de santé et les hôpitaux sont en proie à des pénuries de produits de premiers soins. Dans le contexte actuel, les hôpitaux sont débordés. D’ailleurs, selon une Note mise à jour sur le site de Médecins Sans Frontières (MSF), le 3 mai dernier, l’instance hospitalière rapporte que le centre traumatologique de Tabarre a reçu plus de 600 blessés depuis le début de l’année. Depuis le mois d’avril, ils indiquent recevoir au moins 20 blessés par jour. Selon cette Note, plus de 60% de ces patients sont des victimes par balle ou arme blanche.
Par ailleurs, la MSF soutient continuer à recevoir des filles et des femmes victimes de violences sexuelles et sexospécifiques, notamment à Port-au-Prince et aux Gonaïves, malgré la pénurie considérable des produits essentiels et les nombreuses difficultés liées à l’insécurité meurtrière. MSF affirme que la situation des hôpitaux en Haïti s’est détériorée considérablement depuis 2021. Or, depuis 2021, les cas de violences se multiplient sur le territoire. Les femmes violées par les gangs, les cas de grossesses non-désirées et les pathologies sexuelles augmentent de manière considérable.
Les événements où des femmes sont violées et assassinées dans le pays sont multiples. Il faut rappeler qu’en mai 2022, le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) a rapporté les viols criminels et assassinats de 17 jeunes filles dans un Motel, à La Plaine du Cul-de-Sac par le gang 400 mawozo. Les corps sans vie des jeunes filles ont été jetés dans des latrines et dans des puits. Pour revenir au dernier rapport de l’ONU au sujet des violences sexuelles contre les filles et les femmes haïtiennes qui date du 14 octobre dernier, plus de 90 enfants, adolescentes et adultes, âgées de 10 ans et plus, ont témoigné avoir subi des intimidations et des violences sexuelles de la part des bandes armées au cours des mois de janvier à juillet 2022.
Même si ce rapport date de plus de six mois, il est important de souligner que ces faits continuent de se produire dans l’ombre. L’accès difficile aux soins de santé et la précarité entravent la vie des Haïtiennes. Les maladies génitales, les grossesses, les accouchements peuvent causer la mort des femmes, quand les conditions de vie sont faibles. Il faut prendre des mesures pour sauver la vie des femmes haïtiennes. Le temps presse, les droits humains ne peuvent plus attendre!
Leyla Bath-Schéba Pierre Louis