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Rien ne bouge en Haïti, les jeunes s’adonnent davantage aux jeux de hasard

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Tout est sombre dans la première République noire indépendante, aucun remède comme palliatif ne pouvant être déniché pour un prompt retour à la normalité des activités quotidiennes.

La situation est beaucoup plus complexe. L’incapacité des dirigeants à redresser la barre est dûment constatée, la sphère politique qui devrait être la conjugaison d’une multiplicité d’idéologies devient une jungle, l’économie est désastreuse. La population face au mur survit dans le cercle infernal de l’extrême pauvreté et d’une insécurité alarmante. Le pays s’enfonce profondément dans une crise multidimensionnelle.

Face à la multiplication des méfaits qui empêchent l’amélioration de la vie, les jeunes en quête de pain quotidien font feu de tout bois. Certains laissent le pays nonobstant l’humiliation et les difficultés, certains sont bardés de diplômes, qui croient dans un changement possible et qui restent en dépit de leur marginalisation sur le marché du travail, d’autres sont ceux qui passent leur temps à tabler sur un pari sportif.  

Aucun système efficace d’accompagnement et de promotion pour les progénitures du pays, les jeunes sont livrés à eux-mêmes et semblent ne pas pouvoir bénéficier de la moindre justice sociale.

Ainsi, d’après une enquête que j’ai menée, depuis un certain temps, le nombre des bureaux de jeux de hasard en Haïti ne cessent d’augmenter. Déjà, on en comptait une infinité dans la capitale. C’est maintenant dans les villes de province qu’ils se répandent. 

Divers noms apparaissent sur le marché, tels que : PARYAJ PAM, IZI PARYAJ, PLEZI PARYAJ, POZE PARYAJ, etc. Chaque bureau a sa singularité qui captive et attire une solide clientèle.  

Pour certains, l’augmentation du nombre de ces bureaux est bénéfique, notamment parce qu’elle amène la création d’emplois, pour d’autres, c’est un désastre parce que cela décapitalise promptement les gens.

Pour Kevin JEAN, technicien et footballeur,  « Les bureaux sont devenus des lieux de passe-temps. On y rencontre des amis, on parle de football, on regarde des matchs, on fête la victoire et on partage le peu qu’on gagne ». Pour lui, pas d’hypocrisie,  les bureaux de jeux de hasard, c’est la possibilité de pratiquer la fraternité et la pure générosité.

Quant aux jeunes qui n’ont pas encore atteint la majorité civile, ils sont interdits d’accès, mais cela ne les empêche pas de créer des comptes sur des sites pour parier sur leurs smartphones. Idem pour les fonctionnaires, les gens qui bougent et ceux qui ne veulent pas se faire remarquer.

Malgré les sites qui encouragent les paris, les bureaux sont toujours pleins à craquer. Ainsi, un étudiant de la FSJP à l’UNIQ gardant l’anonymat abonde dans le même sens que Kevin. Selon lui, «  Au moins, il existe un endroit où l’un souhaite la réussite de l’autre ». Ce jeune passionné est persuadé que sa présence dans l’enceinte même d’un bureau procure de l’espoir car si un ami gagne, c’est aussi lui qui gagne.

Ceux qui sont chanceux gagnent gros. Junande, caissière d’une succursale de PLEZI PARYAJ à Hinche,  nous raconte qu’il existe une multitude de jeux à côté des paris sportifs, les plus joués dans son bureau sont : La Roulette, Lucky six et Lucky dix. Elle témoigne aussi de la générosité des parieurs dans son bureau. Elle raconte qu’il y a des gens qui savent comment jouer pour gagner. Pour elle, c’est une question de savoir-faire car elle connaît des gens qui gagnent régulièrement de grosses sommes d’argent. Interrogée sur combien on peut gagner sur les paris non sportifs, elle avoue que, pour le Lucky-six, un pari de cinquante gourdes peut rapporter cinq cent mille gourdes.

Haïti va très mal. Dans un pays aussi immobile où l’on adopte des comportements empêchant tout développement durable, aucune action concrète permettant l’accompagnement des jeunes vers une autonomie n’est possible. Les débats éducatifs le cèdent aux débats sportifs stériles. Il est clair qu’on se prépare ainsi un avenir catastrophique, pour soi-même et pour le pays.

Des décisions urgentes doivent être prises pour sortir de ce marasme dans lequel nous pataugeons.

Baby Stanley PIERRE

babystanleypierre@gmail.com

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