RSF et CPJ exigent la lumière autour des attaques contre la presse en Haïti
3 min readCe jeudi 14 novembre 2019, le Comité de Protection des Journalistes ainsi que Reporters Sans Frontières ont adressé une correspondance au Ministre de la Justice et de la Sécurité Publique, Jean Roudy Aly pour lui demander d’assumer ses responsabilité en faisant lumière sur les différents cas d’agression, d’assassinat des journalistes et travailleur de presse qui ne cessent de se répéter ces derniers temps en Haïti.
« Nous vous exhortons à exercer votre autorité de ministre de la Justice et de la Sécurité publique pour assurer que la police répondra de manière appropriée aux menaces rapportées contre la presse, pour entreprendre des enquêtes approfondies et indépendantes sur les cas de violences contre les journalistes et pour rendre public les résultats de ces enquêtes dans des délais convenables », encourage le Comité de Protection des Journalistes et Reporters Sans Frontières, à travers cette correspondance acheminée ce jeudi au Ministre de la Justice.
« Les quelques enquêtes qui ont été ouvertes, poursuivent ces organisations, ont toutes en commun de progresser très lentement et dans la plus grande opacité. Le public a généralement accès à peu d’informations, quand l’enquête ne s’achève pas tout simplement sans aucune conclusion officielle ou poursuite judiciaire », soutiennent-elles. «
La CPJ et RSF en veulent pour preuve la déclaration, une semaine après l’assassinat du journaliste Rospide Pétion, de l’ex-commissaire du gouvernement de Port-au-Prince Paul Eronce Villard selon laquelle l’enquête était « en bonne voie » sans qu’aucune avancée n’ait été faite, plus de quatre mois après. Elles soulignent aussi le silence autour des conclusions de l’expertise médico-légale effectuée sur des restes d’un corps présumé être celui du journaliste Vladjimir Legagneur, disparu en mars 2018. « Dans le cas du journaliste Néhémie Joseph, retrouvé mort dans sa voiture à Mirebalais le 10 octobre, des témoins désignent les forces de sécurité haïtiennes ou des officiels comme des complices, voire les commanditaires de l’attaque. Avant d’être assassiné, Néhémie Joseph avait déclaré sur les réseaux sociaux avoir reçu des menaces de la part de deux personnalités politiques, dont un sénateur actuellement en fonction », détaillent ces organisations de défense des droits des journalistes.
De plus, elles regrettent qu’aucune suite n’ait été donnée concernant des plaintes déposées pour les menaces proférées contres des journalistes. « Même lorsque les journalistes rapportent des menaces de mort crédibles aux autorités compétentes, ces affaires dépassent rarement le stade du dépôt de plainte et les journalistes ne bénéficient pas de mesure officielle assurant leur sécurité »
Par ailleurs, elles se disent inquiètes du fait qu »en pleine exercice de leur profession, des travailleurs de presse aient été malmenés par des agents de la Police Nationale d’Haïti (PNH)alors qu’ils sont supposés les protéger. » Il est préoccupant de constater que la police et les forces de sécurité censées assurer la protection des journalistes lors de l’exercice de leur métier peuvent en être eux-mêmes les agresseurs »
« Au début de ce mois, des membres de l’Unité de sécurité pour le Palais national (USGPN) a roué de coups le journaliste Raynald Petit-Frère alors qu’il tentait de couvrir un événement public et a menacé de le tuer s’il photographiait les plaques minéralogiques des véhicules de l’USGPN » rappellent ces organisations dans la lettre.
« Afin de soutenir la liberté de la presse et mettre un terme au cercle vicieux de la violence et de l’impunité, les autorités doivent envoyer un message clair et sans ambiguïté à la société en général, et aux personnes placées sous leur contrôle en particulier, et signifier que la violence contre les journalistes ne sera pas tolérée en Haïti et que ceux qui nuisent aux journalistes devront en répondre devant la justice » recommandent-elles aux autorités judiciaires et policières par le biais de cette correspondance qui porte la signature de Joël Simon du Comité pour la Protection des Journalistes (CPJ), de Christophe Deloire, et d’Emmanuel Colombié de Reporters Sans Frontières (RSF)
Marc Andris Saint-Louis
drissaintlouis78@gmail.com