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« Sur scène, je me déshabille », déclare la comédienne Jenny Cadet

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Dans l’univers du théâtre, Jenny Cadet se veut une star qui brille de mille  feux par son charisme et son charme sur scène. Elle se veut également cette comédienne féministe qui se libère des tabous sociétaux pour hausser le ton en attirant les projecteurs sur les réalités criantes de la société.

Jenny Cadet est une jeune comédienne haïtienne d’une trentaine d’années qui prend son pied sur scène en incarnant un personnage qu’elle rend fascinant. Si le personnage la possède dans son rôle, elle en profite par ailleurs pour goûter à une expérience incommensurable avec sa personne, car, dit-elle, elle se sent elle-même sur scène. « Il est vrai que je prête mon corps au personnage que j’interprète, mais au fond de moi je me sens moi-même sur scène », confie avec beaucoup d’enthousiasme la comédienne.

« En fait, je suis quelqu’un qui ne supporte pas trop les vêtements. Quand je rentre chez moi, me déshabiller est la première chose que je fais. En effet, je suis toujours quasiment nue chez moi. C’est ainsi que je me sens libre, légère. C’est justement la même sensation que je ressens sur scène. Car sur scène, je  me déshabille pour me sentir dans ma peau. Je me sens nue, débarrassée des vêtements cousus par la société. Il n’y a que cet espace qui m’offre cette liberté de pouvoir parler sans tenir compte des tabous », monologue l’actrice originaire de Port-au-Prince.

Jenny Cadet a en effet découvert le théâtre  au cours de son adolescence en 2006. Elle n’avait que quatorze ans quand elle a participé à sa première expérience sur scène, dans son quartier avec l’Association des gens du théâtre (AGTHÉ). « Asthmatique, je n’étais pas en mesure de pratiquer le sport comme les autres à l’école. Du coup, il y avait vraiment très peu d’activités qui me fascinaient sinon l’art scénique, se souvient Jenny Cadet, l’ancienne élève du Lycée Marie Jeanne. Quand j’ai  participé à cette activité de théâtre, je me suis dit qu’enfin j’avais trouvé un domaine artistique dans lequel je pouvais m’épanouir », raconte la comédienne qui, depuis, voit ses prestations grandir en nombre.

Trois ans plus tard, elle a rejoint le groupe Theâtron de Patrick Joseph avec qui elle a suivi des stages d’interprétation et sous la direction duquel elle a joué « La demande en mariage » d’Anton Tchekhov. Elle a également pris part avec cette structure et le collectif 15 au Théâtre Forum. En 2010, après le séisme elle a pris part au Festival Quatre chemins qui, à l’époque, était encore sous les commandes de la Fokal.

Convaincue de son talent dans l’art scénique, Jenny Cadet a en effet interprété plusieurs personnages et joué dans plusieurs pièces notamment, « Erzulie Freda, déesse de l’amour », « Dîner en blanc », « L’acte inconnu » écrit et mis en scène par Valère Novarina, elle a prêté sa voix à Melissa dans la première version du feuilleton radiophonique Zoukoutap. La comédienne féministe s’est vue performer sur plusieurs scènes dans de nombreux festivals en Haïti comme ailleurs en Amérique ou en Europe. « Je n’oublierai jamais cette fameuse expérience en France, où j’ai enregistré avec BIT-Haïti un record d’une centaine de représentations en seulement quarante jours », se rappelle la cofondatrice de la Brigade d’intervention théâtrale en Haïti.

Tout au long de son brillant parcours émaillés d’expériences enrichissantes, la jeune comédienne et linguiste, Jenny Cadet, a eu l’opportunité de travailler avec de fins connaisseurs de cet art scénique qu’est le théâtre. On pense notamment à la formation qu’elle a suivie sur le théâtre de rue avec deux personnages de ce mouvement dramatique en France ,Jacques Livchine et Hervé Lafond. Michèle Lemoine, Bertrand Lamarre, Mirlène Wagran, Valère Novarina, Kénol Léveillé, Christina Guérin, Patrick Joseph, sont, entre autres noms, les metteurs en scène avec lesquels elle a collaboré.

« Mis  à part les criailleries des metteurs en scène quand on prépare un spectacle, je n’ai connu que des bons moments au théâtre. Chaque expérience apporte son lot de bonheur et cela me fait du bien », confie la comédienne qui ne tarit pas d’éloges sur les metteurs en scène sous la direction desquels elle a travaillé. « Rien ne saurait exprimer cette étincelle de fierté que je vois dans les yeux de mon garçon ébahi devant moi quand je suis sur scène. C’est vraiment extraordinaire », enchérit la mère célibataire d’un garçon de sept ans, qui profite de son aura sur scène pour défendre la cause du féminisme en Haïti.

Jenny Cadet s’apprête à vivre un moment fort dans sa carrière. Elle fera sa grande première comme metteuse en scène au Festival international Kilti Kreyòl. « Je vais mettre en scène pour la première fois l’œuvre de Lyonel Trouillot, « Mère », au Festival international Kilti Kreyòl, sous les yeux de l’auteur qui est l’invité d’honneur de cette année », annonce Jenny Cadet, qui a eu droit en 2017 à un stage en régie, plateau son et lumière avec la Fokal. Pour cette fin d’année, les  adeptes du théâtre peuvent espérer la voir au Festival Quatre chemins et au Festival En lisant.

Statler LUCZAMA

luczstadler96@gmail.com

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