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Tohu-bohu !

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Haïti vit depuis un certain temps une situation inqualifiable. Une crise sociopolitique sans précédent. On se perd dans des considérations viciées à la base en raison du manque de sincérité et de la mesquinerie des acteurs. Chacun se croit plus intelligent que l’autre. Chacun pense qu’il va porter le coup fatal à son compagnon de lutte au moment opportun, quand ils seront assez proches du but.

Cette situation n’a pas profité à la collectivité. Au contraire, le pays s’est engouffré dans une impasse dont l’issue se referme progressivement. En effet, plusieurs secteurs de la vie nationale (en dehors de leur bonne ou de leur mauvaise foi) avaient tiré la sonnette d’alarme pour  prévenir cette catastrophe. Ils avaient identifié la plaie avant qu’elle ne soit devenue incurable. Jovenel Moïse avait été averti mais, obsédé du pouvoir, il a foncé la tête baissée dans le désordre au point de démanteler toutes les institutions du pays.

L’opposition non plus n’a pas fait mieux. Elle a refusé toute possibilité de compromis, tout comme elle s’est opposée à l’idée de participer aux élections avec feu Jovenel Moïse. Néanmoins, elle n’a jamais raté l’occasion de montrer qu’elle n’avait aucun plan pour prendre la relève. Environ quatre ans de mobilisations intenses pour arriver à cette incertitude et à cet amalgame politique.

Les agissements des hommes politiques ces dernières années leur donnent un profil de prédateurs de lois. Les actions posées par ceux qui sont au pouvoir, ainsi que par ceux qui aspirent à l’occuper, méprisent avec  aplomb le respect des normes. La conséquence est que nous approchons vers l’incertain sans savoir quoi faire. Nous vacillons entre le dialogue, les choix dictés par la communauté internationale et la Constitution en vue de calmer la situation et d’espérer un retour à l’ordre constitutionnel et institutionnel.

Si tout le monde regarde l’insécurité, la misère, à un degré moindre, le conflit politique, ils sont légions les observateurs qui ne se rendent pas totalement compte qu’on est dans une phase d’essai de gouvernement de transition. Pire, on expérimente une forme de gouvernance qui ne cadre pas avec notre tradition.

Dans l’intervalle de temps qui va des années 90 à nos jours, pas moins de quatre gouvernements provisoires ont dirigé le pays. Néanmoins, seul celui de 2021-2022 a fait abstraction d’un président. « Président », ce petit mot qui fait rougir le Premier Ministre sans mandat Constitutionnel ni institutionnel (article 149). Le flou nous envahit, alors que la communauté internationale ne cesse de prêcher un accord des accords. C’est peut-être cet accord unifié qui concrétisera la fin du mandat du Premier Ministre qui n’est pas lié à celui de Jovenel Moïse, d’après le Département d’État Américain. Six mois après, soit deux mois de plus depuis que la mission de Monsieur Henry a pris fin, on continue encore de spéculer. Tout ça en raison d’une mauvaise gestion des affaires de l’État en liaison avec un déficit de patriotisme et d’éthique des leaders politiques.

Le Premier Ministre veut rester en poste en dehors de la loi et de tout consensus. L’accord unitaire de Louisiane proclame son Chef de Gouvernement et son Président. Cependant où va-t-il l’installer, quand et comment ?  Le même problème est posé du côté des instigateurs de l’Accord du Montana qui progressent avec leur processus et qui s’apprêtent à proclamer cette semaine leur Président et leur Premier Ministre issus de leurs élections qui assureront, vraisemblablement, la deuxième transition.

Daniel SÉVÈRE

danielsevere1984@gmail.com

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