Une bonne note!
3 min readLes gangs ne sont pas de tout repos, c’est le moins qu’on puisse dire. Ils sont pourchassés par la Police Nationale d’Haïti (PNH). Ces groupes qui montent en puissance dans le pays ont été, ne serait-ce que pour la semaine écoulée, freinés par les forces de l’ordre. Un bon début enfin!
Sur les réseaux sociaux, on fait l’éloge des policiers. Les opérations qu’ils ont menées dernièrement ont reçu un écho positif dans l’opinion publique. Au moins une bonne nouvelle au milieu de toutes les péripéties qui troublent le quotidien des Haïtiens.
Depuis l’accession d’Ariel Henry au pouvoir, l’influence des gangs ne cesse d’augmenter. Le kidnapping atteint son paroxysme. Les massacres civils sont devenus de plus en plus atroces. On compte des morts par centaines. Des citoyens sont jetés dans des puits. D’autres sont décapités et/ ou carbonisés. Des zones entières sont abandonnées à ces terroristes qui agissent en toute impunité. Ils s’attaquent à tous les symboles du pays. Le Premier Chef de la nation n’est pas épargné. On se rappelle du 17 octobre 2021. Du premier janvier 2022 aussi. Plus récemment, le gang « 400 mawozo » a humilié un inspecteur de police qu’il a enlevé en plein culte d’adoration un dimanche au niveau de la Croix-des-Bouquets.
Côté politique, les acteurs ne bronchent pas. Ils persistent dans leur indifférence. Ils discutent de questions de pouvoir et font ainsi passer le temps. Notre rapport à la violence a changé. La mort d’êtres humains ne nous dit plus rien. On pleure, puis on se calme. On attend la prochaine victime. Les rues haïtiennes se transforment en de véritables abattoirs. On assassine les gens sans être inquiété. Et c’est terrible.
Notre cynisme a dépassé les limites. Personne n’est à l’abri. Pas même les diplomates qui restent les bras croisés. Dans un pays où l’on assassine le premier des citoyens dans l’indifférence de tous. Dans un État où même le Gouvernement n’est pas intéressé à rendre justice au Président brutalisé et tué chez lui. Un ex-Sénateur vient d’en faire les frais. Le groupe armé opérant à Laboule 12 a assassiné et brûlé vif Yvon Buissereth. Qui peut prédire la suite ? Qui sait s’il vivra demain ? Qui parle pour nous ?
La justice haïtienne, ou le peu qu’il en reste, fonctionne comme une passoire. Notre frontière et nos ports également. En dépit de cela, la PNH essaie de faire de son mieux. Les offensives qu’elle a menées la semaine dernière sur le territoire du gang « 400 mawozo » ont permis de présenter un bilan assez satisfaisant. Plusieurs membres du gang ont été blessés mortellement, dont l’un des chefs de ce groupe, dénommé «Kòlèg ». La police informe avoir aussi libéré six otages, dont deux ressortissants étrangers. Au Sous-commissariat de Portail Léogâne, les policiers ont courageusement résisté à une attaque du gang de Grand-Ravine. Ils ont confisqué un véhicule appartenant à ce groupe, chargé de transporter les rançons des kidnappings. Ils sont sur tous les fronts. Ils interpellent, ils confisquent des objets, ils neutralisent des bandits…
Ce sont des efforts de titans pour une PNH qui n’a pas les équipements adaptés pour contrecarrer ces bandits qui pullulent dans la capitale. Une PNH qui se heurte à un manque de volonté politique pour combattre le phénomène de l’insécurité. Combien de temps encore cette dynamique va durer ? Est-ce que la PNH va recevoir l’ordre de faire machine arrière en vue de protéger les intérêts de certains groupes dissimulés ? Il n’est que d’attendre.
Daniel SÉVÈRE
danielsevere1984