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Une démocratie de crise !

 Après le renversement du régime duvaliériste en 1986, les élites haïtiennes se sont acharnées sur un nouveau régime politique, pensent-elles, salvateur. Le peuple, révolté de la politique de bras de fer des Duvalier, avait opté pour un « tou nouvo tou dous », en l’occurrence : la démocratie.

« Baboukèt la tonbe » marque le début d’une nouvelle ère. L’ère de la liberté de la parole. L’ère des opportunistes. L’ère de tous les maux. Bref, un nouveau cycle ambivalent, à la fois porteur d’espoir et générateur de crise interminable.

On dirait qu’à tous les points le pays n’était pas prêt. Les basiques de la démocratie, 39 ans après, ne sont pas respectés. Presque toutes les élections organisées dans l’intervalle sont sources de conflits. Ce qui fait qu’on ne cesse de tourner en rond tout en fragilisant les institutions.

La démocratie arrive avec l’idée que n’importe qui peut aspirer au pouvoir. On a eu une avalanche de leaders et de partis politiques qui, au-delà de leur discours, agissent à contre-courant de ce régime qui préconise la tolérance et l’alternance politique. 

Trois décennies après, la situation se complique davantage. On dirait qu’on est encore à l’âge de la pierre. On s’entredéchire pour le plaisir de groupes rivaux. De querelles politiques moins importantes, on a abouti à une crise multidimensionnelle qui menace le fondement même de la nation. Le bilan de ce virement n’a rien de reluisant. Les périodes de stabilité connues dans l’intervalle sont tellement insignifiantes qu’on peine à les remonter avec aisance.

De toute évidence, il nous faut du courage pour redresser la barre. Notre modèle de démocratie qu’on a en tête doit être, lui aussi, revu et corrigé. Nos leaders doivent cesser de croire qu’il faut l’accord des États-Unis pour valider leur leadership et leurs autorités. On doit sortir de la botte américaine pour oser penser à pallier cette crise de leadership, de confiance.

Cette crise de trop. Trente-neuf (39) ans  de démocratie, trente-neuf (39) ans de crise qui perdure. Ce n’est pas le régime qui est désuet, mais plutôt notre conception de la démocratie. 

Daniel SÉVÈRE 

danielsevere1984@gmail.com

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