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Witensky Lauvince : « L’écriture m’a évité de mourir asphyxié »

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A travers sa poésie, Witensky Lauvince tente de saisir l’inexprimable face à un monde mû par l’indifférence, en prônant un lyrisme profond et  le culte de l’humanité, tandis que dans ses romans il ajoute d’autres thèmes sociaux puisés dans les méandres de notre grisaille quotidienne, méprisée et souvent mal comprise. Ce protégé de l’écriture tend humblement la main pour  s’approprier tout un tas de mots, jetés sur la page blanche de son imaginaire prolifique.

Né à Léogâne, la cité d’Anacaona, Witensky Lauvince, fils de Mme Solaine Point-Du-Jour et de M. Wensky Lauvince, n’a cessé d’occuper un coin enviable dans notre miraculeux jardin littéraire. Poète, romancier, passionné de lecture, virtuose d’une plume qui ravit, il a vécu ses douze premières années dans le tendre univers de sa grand-mère paternelle, à Léogane où il a commencé sa scolarité à l’École des Frères Louis Borno. Puis, il a fait le grand saut fatal à Port-au-Prince pour poursuivre ses études à l’Institution Saint-Louis de Gonzague. Après avoir obtenu son diplôme, le jeune homme de Léogâne a opté pour une licence en droit à la Faculté de droit et des sciences économiques de Port-au-Prince/UEH tout en étant extrêmement intéressé  par la communication. Il a suivi un enseignement à distance en journalisme avec l’Université de Pennsylvanie  et il souhaite plus tard obtenir un diplôme en littérature. Il a commencé aussi des études de linguistique qu’il a abandonnées et a été rédacteur pour divers médias en ligne qui ont publié ses articles, tels que Balistrad, AyitiEvent, Yogann Magazine, où il a le plus souvent agi en tant que correcteur également.

Sa boulimie d’écriture s’est frayé un chemin à travers les aléas du génie implicite et romantique qui fait de la page blanche l’encre la plus somptueuse qui soit. « En effet, les livres ont été l’un des premiers éléments significatifs de mon environnement. » nous lâche-t-il dans un premier temps. « Étant petit, je vivais avec ma grand-mère – qui était un peu ma griotte – et elle me laissait rarement jouer avec les autres enfants du quartier. Alors je me suis plongé dans les livres et la lecture m’a donné une douce compagnie et l’opportunité de visiter d’autres mondes que le mien. » Il nous dit en effet que c’est ainsi que ses premiers vers ont jailli avec pudeur. A 17 ans, ce fameux mangeur de livres qui considérait la littérature ou plutôt l’écriture comme une « heureuse malédiction » dans sa vie – parce qu’il était obligé d’écrire pour se libérer, exorciser la douleur et le chaos qui étaient en lui, s’essaie fortuitement à la nouvelle, un genre littéraire où il devient demi-finaliste du concours « Fièvre Rouge » fondé par l’illustre écrivain Jessica Fièvre. « A Port-au-Prince, j’ai rencontré la nostalgie, le chagrin. Je suis venu à l’écriture dans ma quête d’horizon pour déployer ma parole, à une époque où j’étais habité par l’urgence de dire. J’ai dû faire face au silence dans ma gorge car je ne pouvais parler à personne des tempêtes qui m’agitaient. Je devais raconter ma nuit épaisse, loin de ma terre natale, loin de mes parents. Alors j’ai commencé à écrire. Pour reconstituer le chaos en moi, lui donner du sens et en vivre. Pour alléger le temps qui me pesait. Pour faire ressortir les cris d’une manière différente, nous a-t-ilexpliqué. L’écriture est aussi une manière douce de crier  sa douleur. L’écriture a été une bouffée d’oxygène pour moi, grâce à elle j’ai pu continuer à respirer, à exister. L’écriture m’a empêché de mourir étouffé. » confie Witensky qui a alors développé un penchant pour ce genre d’activité et qui continue de le pratiquer à côté des vers qu’il produit. Durant cette même période, il se donne le pseudonyme « Le Scribe » qui le fera connaître du public.

Malgré une belle moisson de poèmes et de  fragments de texte au début, il n’avait pas tout de suite pensé à autre chose qu’à écrire. Surtout, il voulait écrire pour se débarrasser du corps et dire ce qui se passait autour de lui. Ses textes ont  connu un certain succès auprès de ses camarades de classe et de son professeur de littérature, puis auprès des femmes  s’agissant des textes qui les concernaient, avant qu’il ne commence à déclamer dans des activités culturelles. Ce n’est qu’en 2016 qu’il publie son premier livre, puis en 2017 il contribue à un recueil de nouvelles.  Il  participe à des ateliers d’écriture, créé son blog et un espace de partage littéraire, rejoint d’autres projets tout aussi ambitieux comme PergolAyiti, et a également la chance de préfacer et postfacer des ouvrages d’ envergure comme « Mille éclats de mots et autres brillances », (Le Lys Bleu Editions, 2019), un recueil de poèmes de Nikovens Fransaint et Bertony Louis, « A la croisée d’un cœur en fuite », (Média-Texte, 2020), un roman de la talentueuse Raphaela Lemaine pour n’en citer que ces deux-là. L’année dernière, il a décidé de publier son deuxième livre, un roman intitulé « Un ciel sous nos pieds », qui est disponible sur Amazon.

De son espérance

Le natif de Léogane n’attend rien de l’écriture, sinon l’espoir d’aller à la rencontre de l’autre, de le questionner et de parler de lui quand, lui, ne dispose pas des matériaux nécessaires pour le faire ou ne peut pas tout simplement. Une fois l’écriture l’a tiré des profondeurs abyssales de la solitude. L’écriture lui permet de rester debout chaque jour, de se vider, de dénoncer et d’imaginer un monde meilleur. Voilà ! C’est pour lui l’essentiel. « Tout ce qui en découle ou en découlera après ne sera qu’un heureux accident. » nous dit-il.

Ses projets et ses réalisations

Witensky, dont la plus grande fierté est d’avoir pu rester humain jusque-là, d’avoir pu garder des bouts de soleil en lui, après la publication de ses deux ouvrages (Le secret des Laraque et Un ciel sous nos pieds) qui cheminent encore, qui a participé à un recueil de nouvelles (Deux folles histoires d’amour), et qui a publié régulièrement des textes sur quelques plateformes littéraires, rédigé des préfaces et postfaces pour certains auteurs, souhaite pratiquer sans répit le culte de l’humanité, transmettre son énergie à toute âme en manque qu’il rencontre sur son chemin, laisser sa part de lumière prendre toute sa place, continuer à porter haut le verbe. Le finaliste de la sixième édition du Prix International de Poésie « Sur les traces de Léopold Sedar Senghor » travaille actuellement sur un recueil de poèmes à la demande de certains.es lecteurs.trices et compte composer un recueil de nouvelles avec la complicité de quelques autres  talents.

Son quotidien

« Je lis. Je vis. J’aime. Je bois (rires). Je continue d’étudier. Je joue mon rôle de correcteur chez CorTex, une petite entreprise que j’ai créée, j’occupe un poste de rédacteur à la Centrale Rédaction… (Vous voyez ? Toute ma vie tourne autour de l’écriture. Je n’y peux rien.) », dit-il en faisant une petite blague. Et ce n’est pas tout, le jeune Witensky travaille aussi en freelance et collabore de temps en temps avec un média, un magazine, une newsletter… A part ça, le passeur d’énergie sème, espère et recommande aux jeunes qui veulent devenir écrivain le célèbre « Journal d’un écrivain pyjama » de Dany Laferrière. Ce dernier d’ailleurs estime que le livre a son destin et qu’il faut le laisser faire son chemin. « Sinon pour ceux qui veulent se lancer, je dis tout haut que le talent seul ne suffit pas. Alors construisez-vous, lisez surtout, et prenez tout un monde à l’intérieur de vous, une fois que vous le sentirez bouillir à l’intérieur, laissez-le éclater votre peau et sortir pour raconter votre histoire. Et puis « Écrire est un acte d’amour. S’il ne l’est pas, il n’est qu’écriture. Citation de Jean Cocteau », conclut le jeune auteur.

Ansky Hilaire

anskyhil22@gmail.com

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