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16 femmes et une mineure ont été victimes de viols collectifs à la Prison Civile des Gonaïves, dénoncent plusieurs organismes

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At the Women's Prison in Petionville, 20-30 detainees cram into each prison cell where women and girls and young as 14 sleep on the floor, often in shifts, and the majority wait years to see a judge. More than 80% of all detainees in Haiti are being held in prolonged pretrial detention during which time inmates can wait between 4-6 years for their court case to be heard. Photo Victoria Hazou UN/MINUSTAH

Dans la Prison Civile des Gonaïves, un drame s’est produit le 26 janvier. 17 détenues, dont une mineure, ont été victimes de viol collectif suite à l’évasion des prisonniers.  Ce qu’ont dénoncé plusieurs organisations œuvrant dans le département. L’ouverture d’une enquête et la séparation des prisonniers en fonction de leur âge et leur sexe sont exigées.

Le 25 janvier dernier, la nation haïtienne était en émoi, suite à l’assassinat crapuleux de 6 policiers à Liancourt, une commune du département de l’Artibonite, par des bandits armés de la base Gran Grif. Il s’agit de Kether Louis, Mackès Badin, Donalson Innocent, Norabert Aurelus, James Junior Félix et Camille Pierre. La capitale, d’autres villes de province et le département de l’Artibonite en particulier, se sont tout de suite mobilisés pour dénoncer cet acte odieux.

La cité de l’indépendance, notamment, était sens dessus dessous lors du 26 janvier. Des policiers et des civils ont exprimé leur mécontentement face à l’indifférence de l’État, par rapport à la situation sécuritaire du pays et aux crimes perpétrés à l’encontre des policiers. Même la prison civile des Gonaïves s’est jointe aux mouvements de protestation, qui se sont vite transformés en désordres et en tentatives d’invasion. Par ailleurs, au milieu de ce tohu-bohu, 17 détenues affirment avoir subi des violences sexuelles à l’intérieur de la prison. C’est du moins ce qu’a rapporté Main Ensemble pour le Développement d’Haïti (MEDHA), un organisme de défense des droits humains aux Gonaïves, le 28 janvier.

C’est presque le même son de cloche au niveau de la  Plateforme des Femmes Organisées pour le Développement de l’Artibonite (PLAFODA). « Plus d’une quinzaine de femmes et filles ont été victimes de viols collectifs et d’autres abus perpétrés par des prisonniers lors de la tentative d’évasion, constate PLAFODA lors d’une visite réalisée ce samedi  28 janvier  2023 »,  a fait savoir l’organisation dans un communiqué du  28 janvier.

Ces derniers temps, alors que le pays est confronté à une situation de crise chronique,  les cas de violences physiques et sexuelles sur les femmes et les filles haïtiennes augmentent sérieusement. Dans les milieux d’incarcération, notamment ceux abritant hommes et femmes, indépendamment de leur âge, de leur sexe et des délits et crimes commis, les cas de violences sexuelles sur les femmes se répètent couramment. Comme c’est le cas pour la prison civile des Gonaïves. Pour l’instant, il est difficile pour les victimes et la justice de déterminer les véritables auteurs de ces actes. Toutefois, MEDHA souligne que ces viols auraient été commis par une cinquantaine de détenus.

Des associations de défense des droits humains pointent du doigt les autorités locales pour non-respect des principes conventionnels prévus par la Constitution haïtienne de 1987 amendée, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Convention américaine relative aux droits de l’Homme en matière de détention. Outre les conditions sanitaires précaires dans les milieux d’incarcération, les détenus doivent être en sécurité au sein de la prison. D’autant plus que ces derniers sont totalement sous la tutelle et le contrôle de l’État. Plusieurs plateformes exigent que lumière soit faite sur cette affaire et que des mesures strictes soient prises pour que cela ne se reproduise plus.

Selon la PLAFODA, par l’organe de leur coordinatrice Louisette Vertilus, outre la mineure de 17 ans, les 16 autres victimes sont âgées entre 19 et 60 ans. Mme Vertilus affirme que les victimes ont été déjà prises en charge par une équipe médicale de la direction départementale de l’Artibonite, du Ministère à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes (MCFDF) et de l’Organisation Médecins sans frontières (MSF). La PLAFODA dit condamner ouvertement cette action criminelle et demande à la justice de ne pas fermer les yeux sur ce crime.

À noter que ce jour-là, plusieurs détenus sont morts en s’évadant de la Prison Civile des Gonaïves. Selon le commissaire du Gouvernement, Me Sérard Gazius, le bilan fait état de 14 morts et 11 évadés. Par ailleurs, en ce qui concerne les violences sexuelles à l’encontre des femmes, ce n’est pas la première fois que cela se produit dans la Prison Civile des Gonaïves. D’ailleurs, le 7 novembre 2019, 12 femmes avaient été violées par des hommes au sein de ce même établissement, à l’intérieur de leur cellule, lors d’une tentative d’évasion des prisonniers. Les faits prouvent l’urgence de régulariser cet établissement pour encore éviter le pire.

Leyla Bath-Schéba Pierre Louis

pleyla78@gmail.com

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