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1860 personnes ont été victimes d’actes de violence pour le deuxième trimestre de 2023, révèle le BINUH !

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Hausse du nombre des personnes victimes de l’insécurité en Haïti. 1860 personnes ont été victimes de meurtres, de blessures et d’enlèvements pour le deuxième trimestre de 2023,  ce qui représente une augmentation de 14 % par rapport au trimestre précédent, révèle le Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) lors de la publication d’un rapport le 30 août 2023. Il précise que les gangs continuent de recourir à la violence sexuelle.

Entre avril et juin 2023, le Service des Droits de l’Homme (SDH) du BINUH dit avoir recensé plus de 1860 personnes victimes d’actes d’enlèvement et de criminalité en Haïti. Les hommes représentaient 79% des victimes, les femmes 19% et les enfants 2%, indique le rapport soulignant que le nombre d’incidents signalés au cours du deuxième trimestre 2023 représente une augmentation de près 14% par rapport au trimestre précédent.

À en croire le BINUH, le département de l’Ouest continue d’enregistrer le plus grand nombre de personnes tuées, blessées et enlevées avec un total de 82% des cas. « Les communes de Cité Soleil, Croix-des-Bouquets, Pétion-Ville et Port-au-Prince ont été particulièrement touchées ».

Le cas de Cité Soleil

Les gangs s’en prennent à la population civile dans la région métropolitaine de Port-au-Prince. « À Cité Soleil, au moins 288 hommes, femmes et enfants ont été tuésou blessés par des tireurs isolés alors qu’ils tentaient d’accéder à leur quartier ou d’en sortir », révèle-t-on.

Par ailleurs, il y a eu une recrudescence des actes de violence également dans le département de l’Artibonite, soit avec un total de 13% des cas notamment dans les communes l’Estère, Liancourt et Petite-Rivière de l’Artibonite, souligne le BINUH.

Entre le 24 avril et le 30 juin 2023, le BINUH précise avoir enregistré au moins 238 membres présumés de gangs tués par la population et les groupes d’autodéfense participant au mouvement de « justice populaire » connu sous le nom de « Bwa kale ».

Pourquoi le mouvement « Bwa kale » ?

Frustrés par la faiblesse des institutions étatiques, les habitants armés de machettes, de pierres et de bidons d’essence empêchent les membres de gangs et toute personne considérée comme affilée à des gangs de pénétrer dans leurs quartiers, explique le BINUH précisant que certaines victimes ont été lapidées et mutilées, d’autres ont été brûlées vives dans les rues tandis que la police assistait passivement aux scènes. Selon le BINUH, le mouvement a pris de l’ampleur en raison des messages partagés via des programmes de radio et les réseaux sociaux par des personnalités publiques.

Le BINUH critique le mouvement « Bwa kale »

La « justice populaire » viole non seulement les droits de l’Homme, mais elle risque aussi de conduire à une fragmentation de la capitale en plusieurs petites zones hostiles les unes aux autres, avec des lignes de fracture entre les quartiers sous l’influence de différents « groupes d’autodéfense », explique le Bureau Intégré des Nations Unies soulignant par ailleurs que les «groupes d’autodéfense», compte tenu de la dynamique de ces structures risquent de devenir de nouveaux gangs.

Les cas d’enlèvement

Selon le BINUH, au moins 298 personnes ont été kidnappées dans tout le pays au cours du deuxième trimestre 2023, soit une diminution de 24% par rapport au trimestre précédent. « Si les zones touchées par le mouvement « Bwa kale », notamment Pétion Ville et Port-au-Prince, ont connu une baisse des cas d’enlèvements, d’autres quartiers ont continué d’être touchés par cette pratique criminelle comme par exemple, à Tabarre.

48% des enlèvements ont eu lieu dans le département de l’Artibonite, notamment le long des axes routiers de l’Estère, Liancourt et Petite-Rivière de l’Artibonite. « La plupart des personnes ont été enlevées alors qu’elles voyageaient dans des véhicules de transport en commun », a-t-on rappelé en précisant que certaines femmes ont été également violées pendant leur captivité.

Violence sexuelle        

Les gangs ont continué à recourir à la violence sexuelle, notamment aux viols collectifs et aux mutilations, pour semer la peur et punir les populations sous le contrôle de leurs rivaux, informe le BINUH. « Mi-avril, lors d’une attaque menée contre la population de Brooklyn (Cité Soleil), au moins 49 femmes ont été violées par le G-9 et des gangs alliés dans un quartier connu sous le nom de « Dèyè Mi» en tentant d’échapper à la violence armée », dit le BINUH en ajoutant qu’«après avoir été violées, sept des victimes ont été tuées et leurs corps jetés dans un site abandonné ».

Par ailleurs, le BINUH s’est dit préoccupé par le recrutement forcé d’enfants par des gangs et par les graves conséquences mentales et psychologiques que la violence impose à la population.

Le bureau a réitéré son appel à la communauté internationale pour qu’elle déploie une force internationale spécialisée pour faire face à la crise.

Nouvelle vague de violence à Port-au-Prince

Durant ces dernières semaines, 71 personnes ont été tuées et blessées à Port-au-Prince, selon le Bureau des Affaires humanitaires de l’ONU, OCHA soulignant que cette nouvelle vague de violence a également entraîné le déplacement forcé de plus de 10000 personnes qui ont cherché refuge dans des camps improvisés et des familles d’accueil.

Quelles sont les recommandations du BINUH ?

Pour pallier l’insécurité qui règne dans le pays, le BINUH réitère son appel à la communauté internationale pour qu’elle déploie une force internationale spécialisée dans le pays de toute urgence dans des conditions conformes aux normes et standards des droits de l’Homme. Par ailleurs, le BINUH demande au Gouvernement d’Haïti de solliciter le soutien des pays de la région afin de lutter contre la contrebande et le flux incontrôlé d’armes et de munitions illicites.

Jackson Junior RINVIL

rjacksonjunior@yahoo.fr

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