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2021 : une année perdue politiquement

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L’année 2021 en cours d’achèvement a été une année chaotique à tous les points de vue. Politiquement, ça a été un cauchemar, une année perdue, marquée de violations systématiques des droits de l’Homme. La politicaillerie et la mesquinerie ont remporté la palme. Rien de positif à retenir.

Les années se succèdent, mais ne se ressemblent pas en Haïti. Cette année 2021 accueillie avec les souhaits de « Bon courage et bon combat » a tenu sa promesse. Ce furent trois cent soixante cinq (365) jours de dur labeur. Une année de combat sans merci, notamment sur le plan politique. Désordre, corde raide, bras de fer, amateurisme, les faits à énumérer sont légions.

Un évènement inattendu

L’évènement majeur de cette année, a été l’assassinat du Président , Jovenel Moïse, le 7 juillet dernier dans sa résidence  à Pelerin 5. Le premier citoyen de la nation, selon les premiers éléments de l’enquête, a été trahi, livré et massacré comme un vil personnage. Comme dans le cas du Bâtonnier Dorval et des autres victimes de son règne, l’exécutif actuel continue de cracher sur ses dépouilles. L’enquête piétine et, aucune volonté manifeste n’est constatée du coté du gouvernement pour envoyer le signe que le pays souhaite laver cet affront. Les causes soupçonnées (trafic illicite de stupéfiant, coup d’État) ne font pas l’honneur de cette vaillante nation qui a écrit l’histoire du monde à l’encre d’or.

Un coup d’État imaginaire et des personnalités placardées

Sévèrement critiqué par ses opposants, le Président en passe de devenir dictateur avait simulé un coup d’État pour consolider son pouvoir au Palais national. Le 7 février 2021, date à laquelle, selon l’article 134-2 de la Constitution, M. Moïse aurait dû quitter le pouvoir, le pays s’est réveillé avec l’information qu’un groupe d’une vingtaine de personnes dirigé par le juge du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ), Yvickel Dieujuste Dabrésil, avait tenté un coup d’État contre le sieur Jovenel Moïse. Mais, à bien étudier la scène, on ne voyait que des personnes arrêtées en plein sommeil par les agents de la PNH conduits par Dimitri Hérard.

Des juges poussés à la retraite

Jovenel voulait éclipser complètement ses adversaires politiques qui lui mettaient la pression. Quelques jours après ce coup de force présumé, le Président mis à la retraite le juge Dabrésil encore derrière les barreaux et deux autres de ses collègues, Mécènes Jean Louis et Windelle Coq Thelot. Une décision qui a  incité le système judiciaire à observer plus d’un mois de grève.

Mécènes Jean-Louis accepte un poste politique illusoire et se ridiculise

Nourri par l’ambition politique, le juge Mécènes s’est fait ridiculiser par le secteur démocratique et populaire (SDP) qui l’a proclamé Président de la transition, un jour après la date constitutionnelle. Une transition qui n’existe que dans la tête du SDP. Depuis, il s’est effacé des scènes politiques et juridiques,  tandis que ceux qui l’ont tué politiquement lui tournent le dos et supportent Ariel Henry.

Un début d’année sur fond de mobilisation

L’opposition plurielle, avide du pouvoir, a multiplié les manifestations de rue en vue de forcer le dauphin de Michel Joseph Martelly à quitter le pouvoir. De grandes mobilisations ont eu lieu en janvier et février. Certaines d’entre elles ont été brutalement  réprimées par les agents de la PNH. On a en compté plusieurs victimes  parmi les travailleurs de la presse. Au mois de mars, des marées humaines ont foulé le macadam à l’initiative de la société civile pour demander le respect de la Constitution,  dénoncer le kidnapping et l’ingérence de la communauté internationale dans les affaires haïtiennes. Indéboulonnable, Jovenel Moïse résistait

Jovenel Moïse, prêt à tout

M. Moïse ne se souciait guère de l’agitation de ses opposants. Il s’obstinait dans son fameux projet de référendum renvoyé à plusieurs reprises. Il a donné un cadre légal au CEP pour la tenue de cette joute. Il a prolongé à plusieurs reprises le mandat du comité travaillant sur le projet de Constitution, même quand il a été lâché par ses plus proches dans la démarche. M. Moïse n’en faisait qu’à sa tête alors que le kidnapping prenait son envol et que les gangs s’emparaient de plus en plus de pouvoirs et de territoires. Le Président multipliait les décrets et rassurait la communauté internationale en affirmant que la démocratie se portait bien en Haïti.

De Claude Joseph à Ariel Henry : une politique de revanchard

Chancelier haïtien d’alors, Claude Joseph, est nommé Premier Ministre ad intérim au même moment  où la lettre de démission de Joseph Jouthe est rendue publique. Il assure ce poste sans rien changer jusqu’à l’intronisation d’Ariel Henry le 20 juillet 2021 ; acceptant dans le nouveau gouvernement  le poste de ministre des affaires étrangères et des cultes. Son bilan est d’avoir réalisé un show médiatique dans les rues de la troisième circonscription de Port-au-Prince interdites depuis le premier juin à la circulation. Il porte aussi  à son actif une querelle avec M. Henry qui deviendra son nouveau chef. Il est également soupçonné de vouloir nuire au PM Henry en défendant la cause du Président défunt.

Ariel Henry, Premier Ministre malgré tout

Nommé 48 heures avant l’assassinat de Jovenel Moïse, Ariel Henry est  soupçonné d’être  un suspect important dans l’assassinat du Chef de l’État, selon un rapport du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH). Malgré cela, il s’est débarrassé des jovenelistes de son équipe et a consolidé son pouvoir en rédigeant son propre accord (l’accord du 11 septembre). Sous son règne, les activités des gangs ont pris leur vitesse de croisière. Les 400 Mawozo à l’est, les trois gangs de la troisième circonscription au sud, le G9 an fanmi et allié au Nord. Ainsi est arpentée la zone métropolitaine de Port-au-Prince.

Avec l’arrivée du docteur Henry à la tête de la nation,  on assiste à la concentration de tous les pouvoirs dans ses mains. Il investit les juges du CSPJ, remplace le Secrétaire général de la Présidence et prend d’assaut le Palais. Il promulgue des arrêtés tout en refusant d’entendre parler du bicéphalisme. Avec un pouvoir  à une seule tête, le pays va mieux, fait-t-il croire.

Tout part et pour les activistes

L’arrivée d’Ariel Henry à la tête de la nation n’a pas fait l’unanimité. Les jusqu’aux-boutistes exigent le partage du gâteau. Trois accords partisans furent créés. Le PEN qui défendait la cause de Lambert (qui, à plusieurs reprises, a manifesté son intention de s’investir Président de la transition) ;  celui d’Ariel qui ramène à sa cause les récalcitrants du SDP, et celui de Montana, qui progresse jusqu’ici dans sa démarche.

Dans cette optique, le SDP a trouvé le ciel assez clément qu’il cherchait depuis des lustres. Il laisse tomber beaucoup d’anciens combattants (Mécènes Jean-Louis en particulier). Il accepte d’être l’objet de toutes les critiques, dont certaines témoignent de  son implication dans la corruption pour faire équipe à la dernière volonté politique de Jovenel Moïse.

Il obtient un ministère, ordonne le changement du DG de la PNH, obtient le remplacement du ministre de la justice, Rockfeller Vincent, de celui du commissaire du gouvernement, Bedford Claude, recommande la révocation des membres du CEP et laisse patauger la population dans ses boues nauséabondes.

La crise du carburant

Pour des raisons non élucidées, le pays a vécu pas moins de deux mois sans la distribution de carburant. Des hôpitaux comme des entreprises commerciales ont fermé leurs portes. Ce, sous les yeux du gouvernement passif et des politiques qui cherchaient à tirer leur épingle du jeu. Après cette période difficile, laissant un souvenir amer, l’exécutif, comme mesure palliative, a décidé de  supprimer la subvention du pétrole doublant les prix du gallon du kérozène et du gasoil. Il ajoute aussi 49 gourdes sur le litre de gazoline. Qui pis est, les produits  viennent encore à manquer.

Du reste ! 

Un replâtrage ministériel a eu lieu en novembre pour satisfaire les revendications de certains activistes de l’opposition. Le SDP, le parti Fusion, ‘’pitit Desalin’’, entre autres ont eu leur portefeuille.  Dans la foulée, les quartiers de Bel’Air, de Martissant, de la cinquième avenue Bolosse, un peu moins à la Croix-des-Bouquets, se sont dépeuplés. Un sous commissariat est occupé par les bandits ; de malheureux sans-abris, chassés de leurs maisons, en sont réduits à dormir à même le sol au centre sportif de Carrefour depuis six mois, dans l’indifférence des autorités. L’État peine  toujours à venir adéquatement au chevet des sinistrés du Grand Sud. De surcroît, ces sinistrés sont isolés par les gangs de Martissant qui  contrôlent la circulation  comme bon leur semble et en toute impunité.

La rédaction

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