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2022 : Le système éducatif haïtien vacille entre irrégularité et incertitude!

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Le système éducatif a été directement impacté par les bouleversements politiques, sociaux, économiques et sécuritaires survenus au cours de l’année. Les activités scolaires ont été longtemps ajournées, alors que les semaines s’enchaînent.

Cette année, l’incertitude et la panique ont été au centre des débats concernant le système éducatif haïtien. D’ailleurs, beaucoup d’écoles ont eu du mal à fonctionner normalement à cause des crises politiques, sociales et économiques qui rongent le pays. L’un des faits les plus marquants pour le système scolaire cette année a été la transgression du calendrier scolaire 2022-2023 proposé par le Ministère de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) au début de chaque année académique.

L’année académique 2021-2022 achevée sans événement majeur

Une année scolaire s’achevant dans une certaine quiétude d’esprit en Haïti est un événement qui ne se produit pas souvent. Pourtant, l’année scolaire 2021-2022 s’est achevée de manière plus ou moins satisfaisante. Le calendrier scolaire a été plus ou moins respecté. Les dates maintenues au début de l’année scolaire pour la réalisation des examens de 9e année et de baccalauréat ont été respectées et ces derniers se sont déroulés à peu près sans surprise.

Toutefois, la situation sécuritaire n’a pas joué en faveur des participants. En effet, il est important de souligner que vers la fin de l’année scolaire, le phénomène du banditisme s’est notamment propagé à travers diverses communes et villes du pays. De plus en plus de zones ont été menacées par la présence des bandes armées. Par conséquent, la circulation a été fortement perturbée. Des écoles situées dans les zones ciblées comme à Cité-Soleil, à la Croix-des-Bouquets ou encore la Plaine ont dû fermer et certains bacheliers ont même raté les examens officiels à cause de l’insécurité.

Qu’en est-t-il des réformes annoncées par le MENFP au cours de l’année ?

Le MENFP avait prévu de changer beaucoup de choses surtout au niveau structurel et académique. Le titulaire du MENFP,  Nesmy Manigat,  a annoncé à diverses reprises les nouvelles mesures prises pour le bon fonctionnement des institutions scolaires. Sur le plan didactique, le MENFP a décidé de doter les deux premières classes du premier cycle, à savoir les première et deuxième années fondamentales d’un manuel unique rédigé en langue créole, contenant les matières clés. Cette mesure a été rendue publique le 5 juillet dernier et devait entrer en application dès la reprise des classes en octobre. Mais cela n’a pas été le cas.

Parmi les autres mesures prises sur le plan structurel, se trouvait celle de supprimer les classes de troisième cycle, c’est-à-dire les classes de 7e, 8e, et 9e année fondamentale au sein des lycées nationaux. Par ailleurs, le MENFP a clairement formulé son interdiction aux écoles publiques et privées d’entreprendre des activités commerciales sans autorisation formelle au sein des institutions scolaires. Ainsi, par l’intermédiaire de cette note publiée le 8 septembre dernier, le MENFP disait condamner toutes activités commerciales au sein des écoles.

M. Manigat souligne que ces mesures tendent à soulager économiquement les parents et à réduire considérablement les inégalités qui existent entre les différentes écoles, à travers le pays. Toutefois, malgré les efforts du MENFP pour mettre en application ces mesures, la situation socio-politique et économique critique que traverse la nation a contrarié tous les plans de ce dernier. D’ailleurs, les choses ont totalement glissé entre les doigts des autorités éducatives, au cours des jours précédant la réouverture des classes prévue pour le 3 octobre. Les crises politiques et économiques liées à la pénurie et à la hausse du carburant constituent entre autres les facteurs qui ont donné un coup d’arrêt à ces prétendues réformes éducatives.

Une rentrée des classes difficile pour l’année académique 2022-2023


Coutumièrement, l’année scolaire débute en septembre en Haïti. Cependant, en raison de la crise pétrolière persistante et hors de contrôle rencontrée au début du mois de septembre, les responsables  au niveau du MENFP ont été obligés de reculer la réouverture d’un mois et de procéder à la réouverture des classes le 3 octobre.  Par ailleurs, suite à la décision du Gouvernement d’augmenter les prix dans les stations-essence le 12 septembre dernier, la population mécontente a gagné les rues pour  exiger le retrait.

Les mouvements populaires ont duré plusieurs jours et les dégâts ont été assez importants pour bloquer la réouverture des classes. Les écoles étaient ciblées et ont été des victimes directes et indirectes de cette crise. De plus, durant les mouvements populaires, plusieurs institutions scolaires ont été attaquées et ont été victimes de vandalisme et de pillage. D’autre part, les prix des transports en commun ont découragé beaucoup de parents.

L’entame de l’année académique 2022-2023 a été l’une des plus incertaines pour le système éducatif local, depuis plusieurs années. Les mouvements de protestations populaires, l’inaccessibilité des produits pétroliers et la crise sécuritaire ont fortement impacté cette rentrée scolaire. L’incertitude planant au-dessus  des parents, des personnels éducatifs, des écoliers, des étudiants et même du Gouvernement qui s’est d’ailleurs très peu exprimé à ce sujet, était insoutenable.

Certaines écoles privées et publiques de la capitale et des villes de province ont dû attendre la fin du mois de novembre pour ouvrir leurs portes dans la plus grande discrétion. D’ailleurs, entre novembre et décembre, les écoles qui fonctionnaient le faisaient de manière irrégulière car les élèves ne portaient pas d’uniformes et les horaires étaient spéciaux en se conformant à la situation actuelle. D’autre part, quelques écoles ont préféré attendre le mois de janvier pour ouvrir.

L’année 2022 a été éprouvante. S’il y a une chose sur laquelle les Haïtiens devraient se mettre d’accord au moins une fois pour le nouvel an, c’est la préservation du droit à l’éducation. Il est essentiel, d’une part,  que le Gouvernement en place prenne ses responsabilités pour garantir la sécurité des vies et des biens, d’autre part, qu’il prenne conscience de l’importance de l’éducation pour l’avenir de la nation haïtienne en investissant davantage dans le capital humain.

Leyla Bath-Schéba Pierre Louis

pleyla78@gmail.com

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