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204 présumés bandits et proches de gangs ont été exécutés dans le cadre du mouvement « Bwa Kale » du 24 avril au 24 juin 2023, selon le CARDH

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Le mouvement baptisé « Bwa Kale » créant un binôme police-population semble être fructueux. Durant la période allant du 24 avril au 24 juin 2023, 204 présumés bandits et proches de gangs ont été tués dans le cadre de ce mouvement, selon le Centre d’Analyse et de Recherche en Droits de l’Homme (CARDH) qui souligne que le mouvement « Bwa Kale » a déjà atteint huit départements sur dix.

Quand l’État est incapable d’assurer la sécurité des citoyens au sein d’une société, il revient à la population de se protéger elle-même, estiment certains. Cette volonté de se protéger face à l’insécurité qui ne cesse d’augmenter depuis plus de quatre ans a poussé la population à recourir à l’auto-défense depuis le 24 avril 2023,  constituant ainsi de fait un binôme police-population. À en croire le CARDH dans son rapport intitulé « 2ème bilan et une urgence de protéger » rendu public le 24 juin 2023, deux-cent-quatre présumés membres et proches de gangs ont été  exécutés pour la période allant du 24 avril au 24 juin 2023 dans le cadre du mouvement dénommé « Bwa Kale ». Le CARDH indique par ailleurs que ce mouvement a déjà atteint huit départements sur dix.

Les présumés bandits tués dans les huit départements se répartissent ainsi selon le CARDH : « Ouest : 155, soit 77.45 % ; Artibonite : 24, soit 11. 76 % ; Grand’Anse : 12, soit 5. 88 % ; Centre : 5, soit 2.45 % ; Nord Est : 2, soit 0.98 % ; Nord : 1, soit 0.49 % ; Sud : 1, soit 0.49 % ; Sud Est : 1, soit 0.49 % ».

Le mouvement « bwa kale » est-il toujours utilisé  dans le but de faire face à l’offensive des bandes armées ?

À en croire le CARDH,  certains ont tendance à orienter le mouvement «Bwa Kale»  vers d’autres buts. L’organisation de défense des droits humains met l’emphase sur «   cinq observations » à travers lesquelles on a utilisé le mouvement « bwa kale» pour d’autres motifs. « Observation 1. Dans certains cas, le mouvement « Bwa Kale » aurait été utilisé à des fins revanchardes. S’alliant à des policiers et d’autres inconnus, des gens auraient utilisé ce mouvement pour régler des comptes avec des tiers par rapport à des conflits antérieurs de nature diverse. Observation 2. Exécutions et disparitions. Des personnes et familles auraient été exécutées ou portées disparues parce qu’elles avaient des liens parentaux avec des présumés membres de gangs ou parce ces derniers auraient utilisé leur espace (restaurant, club…). Dans certains cas, des policiers semblent être complices ou passifs. Cette observation est une conséquence directe de la première », explique le CARDH.

«  Observation 3. Familles vivant dans la clandestinité. Des familles ont dû fuir leurs maisons et vivent dans la clandestinité par peur d’être victimes, ce qui complique davantage leur situation. Observation 4. Violation du droit de propriété. Sous prétexte du « Bwa Kale », certains biens, particulièrement des maisons, ont été détruits. Fondamentalement, la raison serait des règlements de compte. Observation 5. Des familles réduites au silence. Des familles vivent la peur au ventre. En conséquence, leurs droits d’expression, de circuler et autres sont bannis », a ajouté le Centre d’Analyse et de Recherche en Droits de l’Homme.

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Par ailleurs, tout en alertant l’opinion publique sur cette réalité très inquiétante, le CARDH recommande à l’Inspection et à la Direction générale de la Police d’enquêter sur certains commissariats et sous-commissariats. De plus, le Centre d’Analyse et de Recherche en Droits de l’Homme encourage les parents des victimes à alerter l’opinion sur leur situation et à porter plainte.

Le CARDH réaffirme que les  autorités ont « l’obligation d’encadrer le mouvement « Bwa Kale » dans la perspective  d’une « sécurité durable», tout en respectant « les principes de l’État de droit, et d’éviter que la justice expéditive remplace la justice (la tendance observée est que la première tend à pallier les carences de la seconde) ».

Quel est le sens du mot « encadrement »?

À bien comprendre le CARDH, l’ « encadrement est utilisé dans le sens que le Gouvernement, agissant pour le compte de l’État (premier détenteur d’obligations en matière de droits humains), la police dont la mission est de « protéger et servir », les autorités locales, représentants de l’État dans leur commune et section communale respective et les notables, jouissant d’une autorité, doivent assumer leurs responsabilités pour structurer les quartiers dans le respect de la loi ». « La société civile et les leaders politiques ont aussi une responsabilité dans cette dynamique », a-t-il fait savoir.

L’effet du mouvement « Bwa Kale » sur les cas d’enlèvements

Aussi importe-t-il de rappeler, selon le CARDH, que les cas d’enlèvements diminuent considérablement à travers le pays grâce au mouvement  « Bwa Kale ».  Ce réveil citoyen a conduit à une réduction drastique des enlèvements du 24 avril au 24 mai 2023, avait précisé l’organisation lors de la publication de son rapport le 26 mai 2023. Dans ce rapport, le CARDH avait défini le mouvement « Bwa Kale » comme « une réaction populaire » (droit naturel et conventionnel à la légitime défense) face à la cruauté extrême des gangs, car les forces de l’ordre sont impuissantes, l’État est incapable d’user de son monopole de (la) violence légitime et la communauté nternationale « tourne en rond » et s’enlise dans « la rhétorique des promesses».

Jackson junior RINVIL

rjacksonjunior@yahoo.fr

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