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Samir Handal et Mario Antonio Palacios Palacios pourront-ils être extradés vers Haïti?

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L’homme d’affaires haïtien Samir Handal, soupçonné de complicité dans l’assassinat du Président, Jovenel Moïse, a été appréhendé dans la nuit du 14 au 15 novembre 2021 à l’aéroport d’Istanbul en Turquie.

La chancellerie haïtienne via son titulaire a déjà entamé des démarches pour  l’extradition de l’homme d’affaires, de même qu’il l’a  fait pour un autre suspect dans ce dossier arrêté à Kingston en Jamaïque, en l’occurrence : Mario Antonio Palacios Palacios. Plus d’un se demande si l’extradition de ces suspects est possible en dehors d’un accord bilatéral entre les deux pays?

La nouvelle de l’arrestation de Samir Handal a été  confirmée par le Ministre haïtien des Affaires étrangères, Claude Joseph, sur son compte twitter. «  Samir Handal a été arrêté en Turquie le 14 novembre dans la soirée après son arrivée sur un vol de Turkish Airlines », a-t-il écrit. Handal était parti pour la Turquie depuis Miami, où il résidait depuis l’assassinat de Jovenel Moïse le 7 juillet.

Il est le deuxième suspect à être arrêté en terre étrangère. Mario Palacios Palacios, un ancien officier militaire colombien, a été lui aussi pris à Kingston, en Jamaïque, le mois dernier après s’être rendu. Palacios reste en détention en Jamaïque, malgré une demande de Joseph pour obtenir son extradition vers Haïti.

Samir Handal et son éventuel liaison avec Emmanuel Sanon

Handal, un constructeur et homme d’affaires en Haïti, a été lié à Christian Emmanuel Sanon, 62 ans, un médecin haïtien résidant dans le sud de la Floride, considéré par les autorités haïtiennes comme l’un des « auteurs intellectuels » de l’assassinat encore non élucidé.

Lors d’un premier interrogatoire par la police, Sanon a déclaré avoir entendu parler du meurtre du Président à la radio. Son arrestation est intervenue deux jours après le meurtre de Moïse et a eu lieu dans une maison qui appartenait à Handal. La maison de Delmas 60 est l’un des endroits où des réunions privées avaient lieu au cours des mois précédant la mort du Président, selon un rapport du National Human Rights Defense Network.

Une perquisition de la résidence par la police a révélé plusieurs objets personnels de Handal, dont trois passeports palestiniens portant son nom et un chéquier, a déclaré la Police Nationale d’Haïti.

Le chauffeur de Handal a déclaré plus tard à la police qu’il avait conduit son patron à l’aéroport le 9 juillet après avoir reçu un appel de sa part pour l’attendre près du Ministère du Plan à Port-au-Prince pour l’accompagner à l’aéroport international Toussaint Louverture. Dans son rapport, le Réseau National de Défense des Droits Humains a déclaré que Handal avait été escorté à l’aéroport par des agents de la PNH.

La chancellerie haïtienne met les bouchées doubles pour obtenir l’extradition de Samir Handal

La chancellerie haïtienne travaille pour obtenir l’extradition du présumé assassin vers Haïti, a informé le titulaire du Ministère des Affaires étrangères et des Cultes. Par ailleurs, il s’est entretenu avec son homologue turc Mevlüt Çavuşoğlu en le remerciant pour le support de son pays dans l’arrestation de Samir Handal. Le Ministre  a souligné l’importance de la diplomatie dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat du chef de l’État haïtien en juillet dernier.

L’extradition est légalement possible

L’extradition peut se faire même en dehors de l’existence d’un accord bilatéral entre les deux pays, estime le Professeur James Boyard. Le spécialiste en relations internationales a fait savoir que l’État haïtien peut obtenir l’extradition des présumés criminels vers Haïti. Ce, en référence à la Convention de 1973 des Nations Unies sur la prévention et la répression des infractions contre les personnes jouissant d’une protection internationale, y compris les agents diplomatiques.

« L’article 8.2 de la convention précitée fait obligation aux États signataires de coopérer en terme d’extradition. Ce, même quand il n’y a aucun traité bilatéral d’extradition entre les deux pays. Donc, il est légalement et juridiquement possible pour Haïti d’obtenir ces extraditions sollicitées car, les présidents, les chefs de gouvernement, les chanceliers et les ambassadeurs sont nommément cités comme des personnages qui jouissent de la protection internationale », a déclaré le professeur.

Par ailleurs, il évoque l’article 9 qui pourrait  constituer un frein à la démarche haïtienne. Selon lui, la Colombie pourrait l’utiliser pour résister. Cet article soutient que la personne extradée doit être traitée de façon équitable. Un doute justifié vu la manière dont les prisonniers sont incarcérés dans le pays. En attendant, la Colombie, loin de l’idée d’extrader M. Palacios, est sur le point de rapatrier le citoyen vers sa terre natale. Quant à Samir Handal, la position de la Turquie n’est pas encore connue.

Mario Sylvain

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